Tessa Hale

— Si j’avais su qu’il fallait me prendre une balle pour t’avoir enfin dans mon lit, ça fait longtemps que je me serais fait tirer dessus, dit-il en riant.
Son rire mourut quand Riven versa du liquide transparent sur sa plaie. Tout son corps se raidit.
— Putain, Riv ! Tu pouvais pas prévenir ?!
Riven posa une compresse propre sans s’émouvoir.
— Je croyais que t’étais heureux de te faire tirer dessus
pour avoir Aura dans ton lit.
Kai écarta sa main d’une tape.
— Dégage.
— Arrêtez ! Vous avez vraiment besoin de grandir tous
les deux ! lâchai-je en prenant la compresse pour exercer une pression et arrêter le saignement.
Kai eut une grimace de douleur.
— Désolée, murmurai-je. Il faut vraiment que le sang arrête de couler.
Je ne parvenais pas à détourner le regard du carré de coton qui continuait de rougir. Kai se pencha pour poser les lèvres sur mon front.
— Tout va bien, Aura.
Ce n’était pas vrai. Il aurait pu être tué. À cause de moi.
— Tu t’es mis devant moi, soufflai-je d’une voix brisée. Le silence tomba dans la pièce.
— Aura...
— Tu as volontairement pris une balle pour me protéger.
— Et je le referai encore, répondit-il d’une voix rauque.
— Non ! Je te l’interdis. Promets-moi que tu ne referas plus jamais ça, Kai !
— Je ne peux pas faire cette promesse, chaton.
Mes doigts se crispèrent sur la compresse.
— Pourquoi ?
De sa main valide, il écarta les cheveux de mon visage. — Parce que je t’aime.


(p59)

— Tu as visiblement besoin d’un peu d’aide pour
comprendre les signaux. Je pense qu’on est tous tombés à moitié amoureux de toi à la seconde où on t’a rencontrée.
— Kai...
— Tu me vois, Aura. Au-delà de ce que je montre au reste du monde. C’est comme si tu avais lu dans mon âme, dès le premier instant, dans ce couloir.

(p60)

Je le sentais faiblir malgré mes efforts désespérés.
— Je t’aime, murmura-t-il. Je t’ai toujours aimée. Et je donnerais un million de fois ma vie pour sauver la tienne.


(p273)

— Tu l’as su et tu as quand même décidé de l’éloigner de nous ? lança Phoenix. Tu as bridé sa magie en espérant la garder loin de notre monde !
Riven le toisa en répliquant :
— Oui. Et je le referais. Parce que je savais que, une fois
son existence découverte, mon père l’aurait pourchassée jusqu’à la tuer. Parce que notre monde aurait voulu la contrôler ou la détruire. Alors, oui ! Je choisirais Aura plutôt que notre bonheur, à chaque fois.


(p141)

— Qui t’a larguée ?
— Quelqu’un qui ne me méritait pas, répondis-je avec un petit sourire vers Riven.
— C’est clair, conforma Phoenix derrière le volant.
Atlas rit.
— Ils sont prêts à étriper un type qu’ils n’ont jamais vu.
J’adore.
Phoenix leva un sourcil dans le rétroviseur.
— Comme si tu étais mieux que nous. Qu’est-ce que tu
ferais, toi, si tu te retrouvais en face de ce salopard qui a fait pleurer Aura ?
Toute trace d’humour quitta son visage comme il m’imaginait en pleurs.
— Je l’écraserai, lâcha-t-il sans une seconde d’hésitation.
Ce fut au tour de Riven de rire et ce son courut sur ma peau en une caresse délicieuse.
— OK, on est tous prêts à brûler l’univers tout entier pour elle.

(p182)

Qu’est-ce que tu regardes ? aboya Riven.
Pour ne pas rester muette d’embarras, je le rembarrai : — Jaloux, Riv ?
Il agrippa le volant si fort que je crus entendre le cuir
craquer.
— Tu n’as pas la permission de m’appeler comme ça.
— Ni toi celle de m’aboyer dessus comme un chien
enragé. Non, je retire ça, ce serait une insulte pour le chien. Kai gloussa.
— Est-ce que j’ai dit récemment combien elle me plaît ?
Il tourna la tête pour me lancer un clin d’œil.
— Tu peux me regarder tant que tu veux.
J’étais prodigieusement agacée qu’il ait surpris mon
examen.
— J’essaie de comprendre pourquoi tu persistes à afficher
constamment cet air joyeux, alors qu’il y a derrière cette surface une rage violente.


(p38)

— Elle est à nous quoi qu’elle soit.
Malgré la peur glaçante qui avait envahi mes os, une
douce chaleur se répandit dans mes veines aux mots tendres d’Atlas. Je cachai mon visage dans son cou pour murmurer :
— Merci.
— C’est ton âme qui compte, Aura. Pas la magie qui l’entoure. Je me fiche de savoir si tu as quatre affinités ou aucune. Grâce à qui tu es, je me suis senti mieux compris et accepté ces deux dernières semaines que tout le reste de mon existence.

(p289)

— Tu te rappelles ce que tu m’as dit, Phoenix ? balbutiai- je, terrorisée. Laisse le feu t’avaler tout entier.
— Je... je ne sais pas si c’est une bonne idée avec celui- là, haleta-t-il.
— Tu es ce feu.
— Pas seulement, répondit-il en croisant mon regard. C’est toi et moi, cette fois.
— À cause du baiser..., souffla Atlas.
— Nos magies s’apprécient vraiment beaucoup, chaton, lâcha Phoenix.


(p199)

— Aura, tu devrais garder tes distances. Je n’apporte rien de bon aux gens qui m’entourent.
Sa voix était rauque, comme s’il peinait à faire sortir les mots. Alors je m’accrochai plus fort à lui.
— Je me sens en sécurité quand je suis avec toi. Je ne me sens jamais en sécurité le reste du temps.
Ce n’était rien d’autre que la vérité. Je ne ressentais plus du tout l’inquiétude de ce premier soir où je l’avais rencontré sur ce même toit. Sa présence m’apaisait. Être simplement assise avec lui éloignait les dernières ombres de la terreur.
Je n’avais jamais ressenti un tel calme. Jamais.
Ses lèvres effleurèrent mon cou.
— Je ferais n’importe quoi pour te garder en sécurité.


(p146)

— Comment tu as su ? demandai-je à voix basse.
Phoenix tourna la tête vers moi.
— Su quoi ?
— Qu’on m’avait tiré dessus.
Mes souvenirs de ces derniers jours étaient flous, mais je
n’avais pas entendu un seul cri d’alarme de la part des gardes avant qu’ils ne s’effondrent comme des pantins.
Riven se raidit sur le siège conducteur, et personne ne dit rien pendant un moment.
— On l’a tous senti.
La voix d’Atlas, basse et lente, me fit comprendre que l’expérience les avait profondément marqués. Les doigts de Phoenix se crispèrent sur ma cuisse.
— C’était comme un feu dans nos poitrines.


(p45)