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Critiques de Théo Ananissoh (25)
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Perdre le corps

Est-ce la vie de Maxwell, que raconte ce roman ?

Maxwell est un jeune de Lomé, plus ou moins agent immobilier, qui espère la réussite sociale, les signes extérieurs de richesse, mais vivote en baladant des touristes européens ou en gérant les maisons des riches Togolais émigrés ; jusqu’au jour où Jean lui propose une mission.

Est-ce la vie de Jean, que raconte ce roman ?

Lui a la cinquantaine et fait partie des riches Togolais émigrés, profitant de sa belle maison lorsqu’il est à Lomé, ou mieux, de sa petite villa en bord de mer ; le mode de vie dont rêve Maxwell. Jean a vécu presque toute sa vie en Suisse, mais ses racines sont là, dans le Nord du Togo, cette région de savane sèche et de paysages grandioses.

Est-ce la curieuse mission que Jean confie à Maxwell, que raconte ce roman ?

Alors là, finalement, elle est un peu en trop.

Parce que payer Maxwell pour draguer une jolie fille, c’est un épisode un peu trivial, comparé à la beauté de l’écriture lorsque l’auteur décrit la Nature, à la finesse des dialogues, à la réflexion sur ce qui fait l’âme d’un pays ou sur le sentiment d’appartenance.

Parce que c’est surtout ça, que raconte ce roman, et ça, c’est très beau.



Challenge Globe-trotter (Togo)

LC thématique novembre 2023 : "Videz vos PAL"
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Ténèbres à midi

Théo, le narrateur, suit les pas de Bamezon à travers la vielle, mais aussi à travers son spleen, son dégoût de ce que le pays a fait de lui. Le froid pessimiste ou plutôt l’amer pragmatisme du personnage de Bamezon me fait d’ailleurs, un peu, penser au pragmatisme, beaucoup plus pessimiste par ailleurs, de l’écrivain Sami Tchak de"La couleur de l’écrivain" (édition La Cheminante), par cette évocation sans concession, sans camouflage, des obstacles auxquels se heurtent les repats.



Ça doit être pour ça que j’ai été autant pris dans cette première partie du récit. Les impressions, les désillusions de celui qui revoit son pays avec les yeux devenus adultes ; tout ça me parle et m’attriste, à l’instar de Bamezon. Bamezon je le comprends car j’ai été, je suis, lui, à chaque fois que je retourne dans mes capitales. Kin, Brazza et Lomé, même combat.



La seconde partie du roman est un peu moins puissante, une vingtaine de pages - grand max - qui se trainent un peu, et une fin sous forme d’atterrissage que j’aurai voulu plus surprenante, mais rien qui ne vienne ternir l’impression que je viens de passer un super moment de lecture. Rien qui ne remette en cause le l’émotion que j’ai ressenti à lire cette narration qui m’a fait penser à une des nouvelles (« La carte du parti ») du tchadien Netonon Ndjékéry, dans « la minute mongole », mais aussi la nouvelle « Les malades précieux » du congolais Obambé Gakosso.Tous ces auteurs brossent, avec talents, des réalités de la désillusion, de ceux qui, de loin, rêvaient de changer un système que, au final, ils prennent dans la tronche. Chacun à sa manière.


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Vingt ans pour plus tard

J’ai un rapport difficile avec les nouvelles, quel que soit le recueil, l’auteur, le thème, il n’y a rien à faire, cela ne passe pas. Il me faut du continu, du suivi pour que la lecture ait un sens pour moi.

Je n’ai rien à reprocher à ce livre, si ce n’est que ce sont des nouvelles, et que l’ennui me gagne à partir de la seconde que je lis. J’ai beau n’en lire qu’une à la fois, quand je me remets à l’ouvrage, j’ai l’impression d’un livre nouveau avec tout le travail de réinstallation, de reprise de contact, de repositionnement que cela impose. Moralité, je n’ai jamais la tête à l’ouvrage, et je ne sais pas, et ne voit pas ce qui relie chaque texte à son voisin.

Je suis navrée, mais ce dernier livre Elyzad aura été pour moi le plus pénible, et le plus incompris.

Je remercie les éditions Elyzad, et libfly pour ce dernier envoi de l’opération " Deux éditeurs se livrent", grâce à laquelle j’ai lu 4 autres excellents ouvrages : L’envers des autres- Salam Gaza- Tunis, par hasard- Nos silences.




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Un reptile par habitant

Un roman court (voire même une nouvelle) qui se lit facilement. Dans un pays africain non nommé mais qui fut occupé par les Allemands et port à esclaves (le Togo pays d'origine de l'auteur correspond), Narcisse est un prof de lycée simplement préoccupé de sexe, qu'il pratique souvent, et à priori bien, avec des demoiselles open. Un crime va lui faire regarder un peu plus loin que le bout de son nez (à peine) et découvrir la politique de "l'info unique, de la manipulation et du coup d'état". Rien d'incroyablement puissant mais une lecture tranquille avec du suspense, autour du thème de la rumeur, de l'implication de chacun dans la société...
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L'invitation

Quatre mois à Moisant, petit village tourangeau, invité par la Maison des écritures de Moisant où tout commence par un pique-nique ; voilà l’invitation et la base de départ de ce livre-récit de Théo Ananissoh.



Pendant ces quelques mois, il habitera un presbytère un peu décrépi et prendra ses repas à l’auberge du village, le Bon Accueil - lieu hautement recommandé pour découvrir les us et habitudes des autochtones de quelque village français que ce soit- ou sera reçu par des personnes que je qualifierai, sans ironie aucune, d’intellos. « Et oui ! Bien que vivant dans ces lieux, on n’est pas tous des ruraux, cher ami » répond Yvonne a une question précise de l’auteur.



Par petites touches, Théo Ananissoh dessine le portrait des invités du pique-nique. Comme un photographe, nous passons du plan général au gros plan et même à la macro.



Le style narratif, tel un recueil de souvenirs, m’a un peu gêné au début, puis la musique s’est installée et j’ai pu imaginer les panoramas que Théo Ananissoh nous décrivait.



Il y a un fantôme dans ce livre : Louis Ribassin « Celui qui a vécu en Afrique ? Yvonne agite ses cheveux gris. Oui. L’homme qui a si longtemps et si bien conseillé des tyrans africains. »

C’est un des fils conducteurs de ce livre et je ne vous dévoilerai pas la teneur de leur rencontre, à vous de la découvrir.

Théo Ananissoh parle du handicap, de la maladie, de la mort et de sa gêne devant tous ces chiens et chats vivant dans les maisons. Pour en venir à quelque chose de beaucoup plus joyeux et rabelaisien (cela va si bien à cette Touraine qui l’a vu naître) on voit son attrait pour la gent féminine et Gérard, un des invitants, l’a très bien compris « Un homme qui aime les seins sait apprécier également le vin »



Je suis en même temps témoin de la création de ce livre et lectrice du même livre terminé « je me récite des phrases que j'ai écrites dans la journée; je me suis mis à table et j'ai écrit fiévreusement pendant des heures » « j'ai trouvé un point de départ ». La fin est un joli pied-de-nez à Ribassin. « Tu écris quoi ? » « Disons que j’essaye de rendre mon séjour au jour le jour »



Ce livre est d’une écriture simple, comme un carnet de voyage ou de peintre. Le carnet de voyage est celui d’un africain sur un village français, alors que nous avons été habitués à l’inverse. Sa galerie de portraits est intimiste et très humaine. Un livre qui ne se dévoile pas de suite comme le rideau d’un théâtre que l’on ouvre doucement pour découvrir le décor et les comédiens.

Ce bouquin me fait penser à un film de Claude Sautet, tout en simplicité apparente, mais…


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Delikatessen

3 jours au Togo dans la vie de Sonia, star de la télé divorcée, et Énéas, togolais expatrié revenu voir sa famille. Leur idylle amoureuse se complique quand Sonia déclenche l'intérêt d'un soupirant haut placé.

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L'auteur nous plonge directement dans l'action, dans les complications de la fraiche relation amoureuse entre Sonia et Énéas. Mais ce n'est qu'un prétexte pour aborder notamment la question de la militarisation de l'état et de la fuite de sa jeunesse, ainsi que la place des femmes. Le tout servi par une écriture claire et agréable. Une bonne surprise!
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Un reptile par habitant

Narcisse se retrouve mêlé bien malgré lui au meurtre d'un militaire très haut placé qui était l'amant d'une de ses propres conquêtes. Or, Narcisse n'est pas un héros. Bien nommé, il ne s'intéresse qu'à lui-même et surtout pas à la politique. C'est un personnage placide, un peu mou qui ne trouve de l'énergie que pour prendre du bon temps, passant des femmes de sa ville aux lycéennes de l'établissement où il enseigne. Il préférerait oublier cette histoire qui le dépasse et poursuivre avec ses petites habitudes.



Mais la situation politique du pays s'emballe. Ils sont nombreux à vouloir profiter de la « disparition » du colonel. C'est une occasion à ne pas manquer pour avancer ses pions et voilà l'heure des manipulations et des micmacs à tout va.



Ce petit roman n'est pas renversant mais il a un style original. Tout ça ne semble pas très sérieux, il y a un ton détaché et ironique pour parler de choses finalement graves. Les personnages sont tous amoraux à leur manière. Le collègue de Narcisse est son opposé. Il ne s'intéresse pas au sexe mais vit pour la politique. Il apporte une gravité au récit par ses réflexions parfois surprenantes sur l'histoire du pays. La narration est aussi étrange puisqu'elle est faite par un personnage qui semble être un étudiant de Narcisse mais qui n'agit pas dans le récit. Ses interventions très succinctes à la première personne apportent un éclairage particulier à la conclusion ouverte de cette intrigante fable politique.

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Un reptile par habitant

Un drôle de petit livre que Un reptile pour chaque habitant, plus fable morale et politique que roman policier. Ou comment un petit prof de lycée aussi naïf que coureur de jupons se retrouve impliqué indirectement dans le meurtre du chef-adjoint d’état-major d’un pays africain non précisé mais qui pourrait bien être le Togo si l’on en croit les références à une ancienne puissance coloniale allemande.



Narcisse, déjà très occupé par ses conquêtes (présentes et à venir) se serait bien dispensé d’avoir à prêter mains forte au sous-préfet pour enterrer nuitamment le corps du brillant officier sorti de Saint-Cyr, bras droit du Président (père de la nation et élu à vie, on peut le penser), assassiné chez sa maîtresse. Mais la disparition de Katouka va avoir des conséquences politiques que personne n’aurait pu imaginer : arrestations, manifestations de soutien au Président-fondateur et quelques cadavres. Mais n’est-il pas plus facile d’accuser un haut-gradé disparu de sédition et d’emprisonner ses soi-disant complices que de faire la lumière sur son absence soudaine ?



Ce court roman politico-policier de Théo Ananissoh (né en 1962), histoire d’un vrai-faux coup d’état, apporte une vision aussi absurde que désespérante sur la situation de pays africains et surtout sur les pratiques de ceux qui les gouvernent. Sans tenir vraiment en haleine, l’intrigue est solide, l’écriture est sobre mais efficace, l’humour toujours présent et certains personnages, dont un collègue de Narcisse, sorte de chevalier vengeur aux motivations mystérieuses et aux principes moraux étranges, sont assez savoureux.


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Delikatessen

J'ai beaucoup aimé la construction de ce roman. On a l'impression de lire un scénario de film tellement les images sont saisissantes, surtout quand l'auteur fait la description des paysages de Aného et Lomé.

Les personnages aussi sont très vite attachants même quand ils ne nous sont pas tous sympathiques. Mais on les aime quand même, parce qu'ils disent notre humanité avec ce qu'elle recèle comme ambitions, contradictions, déboires, domination.

Enéas, Apolline, Sonia, Victor, François, des voix, des 'présences' sous la plume de l'écrivain et dont on se souvient longtemps après avoir refermé la dernière page. Il faut dire que la fin du roman (la scène de Sonia) est forte par son côté transgressif mais aussi par le désespoir qu'elle souligne. Je vais lire tous les autres livres de cet auteur. Une belle plume. Simple, douce, épurée et oh combien agréable.

Merci à l'auteur pour ce roman.
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Ténèbres à midi

L’Afrique — qui fit — refit — et qui fera.

Michel Leiris



Sobrement, avec un style direct et sans concession, Théo Ananissoh, critique sans ambages le pouvoir africain et la civilisation africaine, dont il dresse un portrait avilissant . Le narrateur exprime une véritable aversion envers certaines pratiques de l'Afrique. Et c'est assez déroutant; les propos sont réalistes et si durs, cruels, envers l'Afrique.



"Un pays où l’on est né mais où l’on ne gagne pas sa vie est plus imaginaire que réel. Je rentre avec en tête les réalités d’autrefois. Tout ce que je découvre me désole au nom de ce que j’ai connu."



"Au retour [...] ce qui fait souffrir, c'est de constater que tu juges ce que ta mère te donne à manger. Pour des raisons d'hygiène élémentaire. L'eau utilisée, les assiettes, les aliments, tu vois très bien que ce n'est pas propre, que cela ne l'a jamais été. [...] tu vois que l'eau du puits est remplie de vers, que les petits poissons achetés au marché, poissons étalés à même le sol ou presque, sont conservés dans des conditions insalubres, que les souris, au fond des cases, s'y promènent et y pissent la nuit, que les mouches sont les mêmes qui se posent les morves et les diarrhées du bébé à côté. A ton retour d'Europe, tu vois désormais clairement tout ça dans ce que ta mère te donne à manger. Elle, elle n'a pas changé; mais toi, si. [...] Au fond de toi, tu découvres que ta mère a perdu son petit garçon. Elle ne dit rien, ta mère, Elle te regarde en silence. Peut-être qu'elle a compris elle aussi qu'elle a perdu son garçon, son petit garçon. Peut-être l'a-t-elle su avant de mourir ? Si elle l'a su et qu'elle n'a rien dit, qu'elle ne s'est pas révoltée contre cela, c'est en raison de ce sang d'esclave qui nous coule dans les veines depuis les époques précoloniales, quand des tyrans comme ceux de Dahomey razziaient, égorgeaient en sacrifices aux Dieux et vendaient le reste des Européens."



Le narrateur, est un écrivain togolais, qui vit en Allemagne, et qui souhaite renouer avec son pays, le redécouvrir après vingt ans. Il s'y rend pour quelques semaines. Il a besoin de voir de près quelqu'un comme Eric Bamezon, de m'entretenir avec un homme né après la colonisation comme moi, qui mène son existence d'adulte dans ce pays, qui y agit. Par l'intermédiaire, d'une amie, Nadine, il va faire la connaissance de Bamezon, un conseiller du président, qui comme le narrateur, avait quitté son pays, lui, pour rejoindre la France. Suivra alors un échange entre ces deux hommes sur les impressions de leur retour, sur leurs sentiments et le regard qu'ils portent tous les deux sur la politique de l'Afrique, sur la vie actuelle du peuple Africain.



"Tous deux ne peuvent donc plus s’empêcher de comparer, comme s’ils regardaient leur propre pays avec les yeux d’un allemand ou d’un français. Tout ce qui était naturel dans leur enfance, ils le redécouvrent. Et se mettent parfois à le juger. Le lecteur se trouve ainsi pris dans ce dialogue au cœur de la nuit. Or, ce qui frappe c’est le constat qui est fait, acerbe, dur, très critique. Bamezon n’est pas optimiste. Loin de là. Il a presque peur de son pays, de ses mentalités. Il condamne sans appel. Pris au piège de son carriérisme, il n’a plus d’autres choix que de rester mais ne s’y fait définitivement pas."



Ce récit est très intéressant, une belle découverte, en ce qui me concerne.

On n'en ressort aucunement indemne; il est bouleversant de vérités, d'horreurs et frustrations.



Je prévois donc une immersion dans l'univers littéraire de cet auteur togolais Théo Ananissoh (au secours, ma PAL explose ! ;-) ).
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Un reptile par habitant

Ce court roman (une centaine de pages) nous raconte l’histoire de Narcisse, un professeur, mais surtout, un impénitent coureur de jupons, qui appelle un chat un chat. Ce pourrait être un vaudeville, si ce n’est que le second amant de sa seconde maîtresse (respectons l’ordre chronologique) a la mauvaise idée d’être inopinément assassiné chez elle, alors qu’il est le vice-président, et le beau-frère du président en titre. Que faire, que faire ? Narcisse aurait aimé une solution simple : prévenir la police et surtout, ne pas avoir accouru chez Edith ! Edith, qui, devant le manque flagrant de bonne volonté de Narcisse, appelle son troisième amant, le sous-préfet, qui prend les choses en main.

Ce que nous raconte l’auteur n’est ni plus ni moins qu’un coup d’état dans un pays qui n’en demandait pas tant. Narcisse, le personnage principal, ne s’intéresse ni à la politique, ni à l’histoire qu’elle soit passée ou contemporaine, contrairement à son collège Zuptizer, le professeur…. d’histoire, qui apporte un éclairage tout personnel (ou pas ?) sur le rôle des tirailleurs sénégalais. Narcisse, lui, est plus préoccupé par ses conquêtes que par ce qui se passe autour de lui, sauf quand il craint de finir emprisonner pour l’aide qu’il a apporté presque malgré lui à Edith. Il s’inquiète, et ne se pose pas trop de questions – il craint cependant qu’Edith ne craque, après tout, elle est une femme qui bavarde facilement.

Un reptile par habitant est le conte d’un coup d’Etat presque ordinaire, presque prévisible, du moins, si l’on regarde un peu plus loin que son nombril, contrairement à ce que fait Narcisse le bien nommé. Professeur, il ne se pose finalement guère de question sur ce qui s’est réellement passé ce jour-là. Il en pose beaucoup après, dans un pays où les informations parviennent au compte-gouttes, quand elles ne sont tout simplement pas détournées, arrangées, faussées. Il en pose peut-être un peu trop. A voir. La fin est quasiment ouverte, tout en fermant, tout de même, des possibilités pour au moins un des personnages. Que fera Narcisse ? Il est à noter qu’un mystérieux narrateur à la première personne apparaît de temps en temps et semble être un élève de Narcisse. Peut-être est-ce une manière de nous montrer ce qui est advenu après le dernier chapitre du roman.
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Vingt ans pour plus tard



Ces écrivains d’origines diverses reçus en résidence d’écriture en 2007 par l’Institut Français de Coopération en Tunisie radiographient la jeunesse tunisienne de 2007 et nous offrent des nouvelles très différentes dans leurs écritures et dans l’intérêt que j’y ai trouvé.

Ils auront 20 ans… plus tard. Pour l’instant, ce sont des adolescents avec des problèmes d’adolescent tunisiens quelques peu différents des nôtres : la virginité des filles, une sexualité dont on ne parle pas. Arrive de plus en plus souvent la question du voile et de la montée en force de la religion dans un pays laïque. Le respect dû aux parents et les poids des traditions, les entravent dans le choix de leurs études et de leur vie future. Théo Ananissoh nous les raconte



La nouvelle d’Hélène Gaudy m’a mise mal à l’aise. J’avais l’impression que ces jeunes filles formaient un cercle de plus en plus étroit autour Zeïneb pour l’étouffer et la faire entrer dans le rang, car une des leurs a disparu et c’était devenue son amie. Heureusement, les courses à pied de Zeïneb et Nour sont une bouffée d’oxygène et une libération, même temporaire.



Claude Rizzo nous parle de Yassine, fils de bonne famille, oisif qui, comme un passage initiatique, va retrouver les valeurs de la famille et trouvera sa voie pendant un job d’été dans un hôtel à touristes à Djerba. Le monde des vacanciers et des serveurs y est très bien dépeint, ainsi que l’envers du décor qui n’est pas doux pour les travailleurs saisonniers.



Quant au conte d’Azza Filali : « vie de miettes », il m’a enchantée, ravie. Il y a du Kirikou dans cette enfant espiègle intelligente, vive, rebelle beaucoup plus mure que sa mère qui ne regarde que les feuilletons débiles à la télévision…. Son amitié avec « Monsieur Miettes » un vagabond poète va lui ouvrir la voie à la liberté. Beaucoup de poésie dans ce conte, beaucoup d’espoir pour une vie plus libre avec des livres. Car pour Azza Filali, la liberté vient du livre : « le livre inutile »

C’est un véritable plaidoyer pour une culture sans frontière et un très beau conte sur la liberté.



Nous découvrons que les adolescents, de quel pays qu’ils soient, connaissent tous cette période de mal-être, aggravée en Tunisie par le fait que les études n’ouvrent, le plus souvent, sur aucune perspective de travail.

En regard des évènements du « printemps tunisien », les adolescents réagiraient-ils de la même façon s’ils étaient interrogés maintenant ?



Un livre intéressant, mais inégal dans l’intérêt que j’y ai trouvé.



J’apprécie toujours autant la beauté et la qualité des ouvrages, papier, impression…. des Editions Elysad, chapeau !


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L'invitation

Un écrivain togolais est en résidence d'auteur dans un village de Touraine, Moisant. Il se consacre à l'écriture de son prochain roman, mais surtout à l'observation de la société provinciale qui l'entoure, conversant avec les membres de la Maison des écrivains, et les autres. Nombreux sont ceux qui lui demandent s'il accepte l'invitation de Ribassin, un homme détestable notamment par son passé douteux dans les mauvais coups de la Françafrique.



Le titre est au singulier, mais l'auteur sera destinataire de nombreuses invitations. On découvre dans ce village de la France profonde, reculé, calme, vieux, un accueil chaleureux, familier, interrogateur. Theo réagit avec un flegme constant, une attitude que l'on imagine très posée, mais au fil des invitations publiques ou privées, il raconte un village, il raconte une France qu'il découvre et qui le découvre.



(.................)
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Delikatessen

Lomé, Togo. Elle est belle Sonia. La go ne laisse aucun mâle indifférent. Chaque jour on la retrouve sur le petit écran, c'est une vedette de la télévision togolaise. Et à présent qu'elle est séparée de son mari pour cause de violences conjugales, ils accourent, tournent autour d'elle, ne lui laissent aucun répit. Elle doit naviguer, et sur 24 heures, satisfaire les envies des uns et des autres, notamment de ces hommes : son amant Victor, Enéas, un poète qui vit au Canada, alors en séjour au Togo, le gros riche François qui la convoite, et puis, plus récemment Jean Aka, le chef du service de sûreté togolais. Entre stratagème, surveillance, mensonges et guet apens…



Delikatessen est un roman malicieux, un roman autour d'un personnage féminin libre, trop libre peut-être pour les hommes corrompus puissants qui se doivent de se partager les richesses et les honneurs. Comme Sonia se prend au jeu de la séduction, et que la politique va s'en mêler, le pauvre Eneas risquera d'être une victime collatérale, cible des hommes de main, et se retrouvera perdu vers Aného, dans les bras d'une inconnue.



Et la chute du roman, inattendue, est assez réussie et jouissive. Comme un poing frappé sur la table pour qu'éclate la prédation des femmes par les hommes puissants.
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Perdre le corps

Jean Adodo, togolais de retour au pays, propose au jeune Maxwell de séduire Minna contre rémunération. Il lui demande de la rendre heureuse et de lui en faire un récit toutes les semaines. Maxwell craint le piège, mais quand il voit Minna, il tombe fou amoureux. Une amitié se lie entre les deux hommes qui flânent au bord de la plage, mangent du poisson frais et partent découvrir les racines perdues de M. Adodo dans cette Afrique sauvage et sèche. Finalement, l’histoire d’un homme dans la cinquantaine, qui porte ses blessures et la conscience de sa finitude et souhaite profiter de la beauté de la vie.
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Le soleil sans se brûler

Le nouveau roman de Théo Ananissoh consacré à Sony Labou Tansi s’inscrit réellement dans ce portrait engageant qui chaque jour est enrichi par tous ces témoignages de personnes l'ayant cotoyé. Ici, toutefois, les mots viennent du Togo. Celui qui témoigne est Charles Koffi Améla, un professeur de lettres classiques, latiniste impénitent, spécialiste de l’époque romaine. L’homme de lettres togolais a rencontré Sony Labou Tansi au cours d’un long voyage commun aux Etats Unis. Les deux hommes se sont pour l'occasion apprivoisés, se sont découverts et ils ont fini par sceller un pacte. Quel est-il ? Pour le savoir, il faut lire Le soleil sans se brûler de Théo Ananissoh.



Dans ses incessants retours au Togo, le personnage narrateur ici nommé Théo, ressemble beaucoup au profil du romancier. On est en 1995. Le narrateur vient de terminer une thèse de lettres sur Sony Labou Tansi et il profite de son séjour à Lomé pour rendre visite à son ancien professeur, Charles Koffi Améla qui vient de sortir de prison.



Autofiction, dire le faux pour exprimer le vrai ?

La première phase du roman oscille à la fois entre les échanges strictement littéraires entre l’élève et son ancien mentor. Sony Labou Tansi vs Ahmadou Kourouma. Le propos libre d’Améla, dans une discussion de salon, lui permet de présenter sous un jour surprenant et critique son ami Sony. Il peut parler vrai. Enfin, vrai si cela est possible puisque techniquement Charles Koffi Amela n’existe pas (j’ai fouillé sur Google). Amela Edoh Yao lui, est bien réel. Cette petite recherche sur Google a remis en cause les certitudes dans lesquelles le très beau récit d’Ananissoh me conduisait. Mais ce n’est pas un récit. C’est un roman. Une autofiction. Comment démêler le vrai, de l’envisagé, du supposé. Théo Ananissoh a-t-il discuté de Sony Labou Tansi un jour avec Amela ?


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L'invitation

ce petit roman est écrit par un auteur togolais venu en résidence en France, à Brive, avec le soutien du Centre national du livre.



Ce séjour de quelques mois est ici transposé en Touraine, dans le petit village de Moisant peuplé de mille habitants. Et on assiste à l'installation de l'écrivain dans un presbytère vieillot, quasi monacal qui le fait d'abord réagir par un sentiment bref de vexation. Impression vite dissipée lors de l'accueil officiel du village, au cours d'un pique-nique réunissant des personnages engagés dans le projet, vision d'abord globale de ces Français intéressés par l'acte d'écrire, par l'Afrique aussi (même si on s'aperçoit vite de leur ignorance sur le sujet : une participante interroge sur « les fruits qu'on mange » là-bas!).

Vision panoramique donc qui se resserre au fil des pages, Théo se mettant à raconter au jour le jour les invitations des membres de l'association qui l'a fait venir. Alors se précisent des figures très humaines, avec leurs fêlures et leur charme : Yvonne, présidente de la Maison des écritures, souffrant d'une sclérose en plaques mais qui affirme hautement que « dans la vie rien ne vaut le cul et la bouffe. » ;

Michèle, toujours un crayon à la main et qui dessine comme elle parle, entraîne Thé chez les uns et les autres et lui fait découvrir ses richesses d'objets récupérés et transformés en œuvres d'art. Elle l'emmène un jour visiter une habitation troglodyte et lui raconte la « trahison » dont elle a fait l'objet de la part de son amant. Théo découvre, ahuri, ce mode de vie improbable sous la terre.

Et ainsi de suite.

Chacun se livre à Théo, expose ses blessures et ses idées. L'oralité, si vivante en Afrique, s'exprime ici pleinement. Lui, l'Africain que tout le monde tutoie au premier abord (ce qui le gêne un peu et on le comprend), devient une sorte d'oreille vivante. Curieusement, il entend, il écoute, mais il ne commente pas, ne console pas, n'interroge pas. Il laisse simplement venir les mots. On ne l'entend pas trop prendre la parole non plus. L'écriture est descriptive, soignée, mais un peu vide de sentiments et d'émotions, un peu sèche comme le carnet de notes d'un anthropologue ou d'un ethnologue qui rassemble la matière à étudier plus tard.

Sauf quand son regard se pose sur un décolleté bien fourni...Ou quand il s'agace de l'intérêt (excessif!) porté par les Français aux chiens et aux chats, si peu chouchoutés en Afrique où il y a d'autres urgences.

Il y a quelque chose de savoureux dans l'ironie de ce comportement d'observateur d'une tribu tourangelle par un Togolais attentif...



L'intérêt du roman est réactivé régulièrement par les allusions à ce Louis Ribassin qui propose, non, qui ordonne, que Théo l'Africain vienne déjeuner chez lui en fin de séjour. Comment dire non à cet important personnage qui finance l'opération ? Théo est en quelque sorte son « locataire » puisqu'il loge dans un bâtiment entretenu et chauffé par ce Ribassin. On parle de lui avec mépris mais aussi avec appréhension. Il a été très puissant, conseiller de tyrans africains, acteur ripoux de la Françafrique et encore pénétré de sa supériorité pourtant obsolète. Si le roman est « à clefs », il faut chercher qui se cache derrière ce nom de Ribassin. Ils sont connus ceux qui, au prix de l'indignité, ont aidé à la corruption et au pillage du continent africain. Il suffit de voir ce que sont devenues certaines richesses artistiques, aujourd'hui bien loin de leurs pays d'origine...



Et finalement, bien sûr, l'entrevue aura bien lieu.



Pour conclure, ce roman, qui n'en est pas un tout – à - fait, est plein de charme et les observations de Théo Ananissoh ne manquent pas de saveur mais il me semble qu'il ne nous dit pas tout. Pour avoir fréquenté pas mal d'Africains et avoir entendu leurs commentaires sur les Blancs, il me semble que Théo Ananissoh a plutôt édulcoré son ressenti face à nos habitudes de vie. Trop bien élevé, sans doute !



Mais décidément, les éditions Elysad me plaisent beaucoup !
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Ténèbres à midi

Ténèbres du midi nous offre une vision directe du pays, avec une lucidité rare. Le narrateur n’épargne à aucun moment sa nation, pointant ses aberrations au travers le portrait émouvant d’Eric, conseiller à la présidence errant dans sa ville comme dans sa vie, condamné malgré lui.



« Il n'y a pas de politique, encore moins de pouvoir politique dans le lieu dont il est question dans Ténèbres à Midi. Pour qu'il y ait politique, il faut qu'il y ait des lois entre les hommes. Les gens, là, ne se sont pas encore hissés à un tel niveau éthique et esthétique. Le propos du roman est donc l'état d'avilissement, de sordidité, induits par une telle situation. Ne nous fâchons pas ; je parle de moi et des miens. Que ceux qui sont heureux d'avoir le pays qu'ils ont, passent leur chemin. » (Africultures, entretien de Boniface Mongo-Mboussa avec Théo Ananissoh)



- L’écriture est juste et plante page après page un décor mouvant, une atmosphère particulière de celle que l’on ressent lors de voyages éclairs qui permettent une acuité d’observation que ne permettent pas de plus longs séjours, happés rapidement par le pays.



- Ténèbres à midi cherche à tirer un signal d'alarme :



"Mon pays, depuis une bonne quarantaine d’années, est un lieu sans intelligence et sans aucune vertu. Je voudrais en faire le portrait pour ceux qui viendront après nous. En ce sens, oui, c’est un hommage à ce qu’il deviendra un jour quand l’esprit y prévaudra."



"La dignité ne réside pas dans l’aveuglement sur son propre état, mais dans la conscience qu’on a de soi." (Afrik.com, interview par Birgit Pape-Thoma)


Lien : http://www.lecturissime.com/..
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Ténèbres à midi

Je poursuis l’exploration du travail de l’homme de lettres togolais, Théo Ananissoh. Il est vrai que j’ai deux bonnes raisons de le faire : primo, son roman L’invitation récemment publié chez Elyzad m’avait fait forte impression. Secundo, dans le cadre de la préparation de nouvelles Lettres africaines à Dijon, il est important que j’aie une vision la plus large de son œuvre littéraire. Ténèbres à midi est donc le deuxième roman que j’aborde de cet auteur. Comme dans L’invitation, le narrateur est un romancier venant comme Théo Ananissoh de Dussëldorf. Après vingt années d’absence loin de son pays d’origine, si on peut encore me permettre cette expression, il revient en terre togolaise. Il y a quelques années, une amie libraire l’a mis au défi d’écrire une fiction sur son pays, à défaut d’y retourner et de s’y fixer. Il lui demande de le mettre en contact avec un immigrant ayant réussi son retour au bled. Elle lui propose Eric Bamezon.



[...]



Le romancier togolais ne laisse absolument rien au hasard. Bâtit-il de toute pièce ce personnage de Bamezon ou est-ce une connaissance réelle qui est passée à confession ? Il est très difficile de le dire et très honnêtement, cela finit par être secondaire dans ce projet, tellement l’auteur prend le soin de ne rien laisser au hasard. Il a un regard sombre et sans concession sur les marges de manœuvre de celles et ceux qui souhaitent repartir sur le continent chargés d’idées brillantes qui peuvent changer le quotidien de beaucoup. L’impuissance de Bamezon semble être une insulte au lecteur tant elle a quelque chose de grotesque.



[...]


Lien : http://gangoueus.blogspot.fr..
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Un reptile par habitant

Une robuste "mise en comique" des coups d'état militaires, au ton rabelaisien moderne.



Le second roman de Théo Ananissoh, paru en 2007, explore avec succès la veine du burlesque et du bon sens de la rue, appliqués à des sujets au fond sérieux, comme toute une jeune génération d'auteurs d'Afrique de l'Ouest aime à le pratiquer.



Un professeur de lycée togolais, intense Don Juan à ses heures, se retrouve dans une situation embarrassante lorsque l'une de ses conquêtes l'appelle en pleine nuit (ainsi qu'un autre de ses amants, par ailleurs sous-préfet) pour l'aider à faire face à une situation... compliquée : le chef d'état-major de l'armée vient d'être assassiné chez elle.

Quotidien qui bascule dans l'épique, tout en restant très terre-à-terre, humour des situations, des discussions entre professeurs, du cynisme gentil mais total du héros, de la crudité rabelaisienne du sexe qui irrigue tous les rapports sociaux, et enfin de la mise en comique des coups d'état militaires,...

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