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Citations de Théodore Duret (66)


Claude Monet, parmi nos paysagistes, a eu le le premier la hardiesse d'aller aussi loin qu'eux dans ses colorations. Et c'est par là qu'il a le plus excité les railleries, car l'œil paresseux de l'Européen en est encore à prendre pour le bariolage la gamme de tons pourtant si vraie et si délicate des artistes du Japon.
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Étant entré dans l'exercice de l'art, alors qu'il est sous la domination de sentiments religieux et d'amertume sur le sort des misérables, et s'étant longtemps plus ou moins maintenu dans le même état d'esprit, toute son oeuvre produite en Hollande en garde l'indice. L'expression s'en trouve intense dans le tableau le plus important qu'il ait peint à cette époque: les Mangeurs de pommes de terre, des travailleurs attablés à un pauvre repas. Il a montré là, toute sa sympathie pour les humbles.
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Manet n’avait à ce moment où il était encore inconnu, que le poète Baudelaire pour le fréquenter dans son atelier, le comprendre et l’approuver. Baudelaire qui se piquait de ne reculer devant aucune audace, pour qui personne n’était assez osé, qui faisait depuis longtemps de la critique d’art, qu’il voulait tenir en dehors des voies battues, avait découvert en Manet l’homme hardi, capable d’innover. Il l’encourageait donc, il défendait ses œuvres les plus attaquées.
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Whister a très bien dit, dans son Ten o’clock, que tous ceux-là avaient su reconnaître la beauté, dans les conditions de vie les plus diverses :
« Comme Rembrandt quand il découvrait une grandeur pittoresque et une noble dignité au quartier juif d’Amsterdam, sans regretter que ses habitants ne fussent pas des Grecs.
Comme Tintoret et Paul Véronèse parmi les Vénitiens, ne s’arrêtant pas à changer leurs brocarts de soie pour les draperies classiques d’Athènes.
Comme Vélasquez à la cour de Philippe, dont les Infantes, habillées de jupons inesthétiques, sont artistiquement de la même valeur que les marbres d’Elgin ».

Ainsi cette accusation élevée contre Manet, de violer toutes les règles jusqu’à ce jour admises, ne venait que de la médiocrité de vision du public, que de son étroitesse de jugement, que de son ignorance du passé, que de son amour de la routine et de sa complaisance pour la banalité.
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Quand on écrit sur un peintre, on met généralement au titre : Sa vie et son oeuvre. Cela implique qu'il a pu se livrer à une certaine activité, exercer des fonctions, s'assurer des récompenses ou des honneurs, en dehors de ses poursuites strictes d'artiste, que la vie qu'il a menée et l'art qu'il a cultivé ont pu aller parallèlement et se développer côte à côte, mais en offrant cependant des parties distinctes et séparables, dans une certaine mesure. Tel n'a pas été le cas de Lautrec. Ce n'est pas sous l'influence d'une esthétique inculquée et de préceptes élaborés qu'il s'est porté vers Tart. Sa vocation a été spontanée.
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Et le mouton, comme il nous est présenté par Millet ! Non plus un être de convention peint pour l’effet pittoresque, mais la bête réelle admirablement observée et rendue avec tout son caractère intime et ses instincts, c’est-à-dire un animal lourd et stupide qui marche machinalement serré en troupeau pour n’avoir point à trouver son chemin, prêt à aller n’importe où, même à se jeter à la mer comme ceux de Dindenaud, par pure imbécillité et impuissance à se conduire.
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Alfred Sisley, qui jusque-là avait vécu comme le fils d'une famille riche, se trouva tout à coup sans autres ressources que celles qu'il pourra tirer de son talent de peintre. Après 1870. il se donne donc tout entier à la peinture, à laquelle il lui faut désormais demander ses moyens d'existence pour lui et sa famille, car il est marié et a des enfants. A ce moment son ami Claude Monet avait, sous l'influence de Manet, adopté et développé le système des tons clairs et l'appliquait, à la peinture du paysage, directement devant la nature. Sisley s'approprie lui-même cette technique ; il peint en plein air, dans la gamme claire, On voit ainsi l'influence qu'exercent les uns sur les autres, au point de départ, des artistes en éveil, Manet sur Monet et Monet sur Sisley. D'ailleurs il faut répéter qu'il ne s'agit point ici de pastiche et d'imitation servile, mais d'une formule initiale que se communiquent, à la recherche de leur voie, des hommes foncièrement originaux, qui ne perdent jamais leur caractère propre. En effet, si dans le groupe impressionniste. Claude Monet et Sisley ne peuvent être, en quelque sorte, séparés, s'ils forment un couple, où les deux se ressemblent plus entre eux qu'à aucun des autres, ils conservent cependant, vis-à-vis l'un de l'autre, leur personnalité et ont chacun leur manière de voir et de sentir.
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Toyokouni de même que Shounshô, s'est surtout adonné à la reproduction des figures d'acteurs et des scènes de théâtre, sur les estampes en couleur et clans les livres. Il est cependant sorti de la spécialité des choses de théâtre, en illustrant des romans de Kyoden, de Bakin, les grands romanciers du temps, et dans les Mœurs du jour, il a donné, en couleur, un ouvrage analogue au livre d'Outamaro, Y Annuaire des Maisons vertes.

Le style de Toyokouni est libre d'allures et plein de mouvement. Le pinceau a été manié avec facilité, aussi la production de l'artiste a-t-elle été abondante. Il est mort en 1828. Il avait alors 56 ans et par conséquent, il serait né en 1772.
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Evidemment l’Etat commande de la peinture au même titre que ses autres fournitures, et les peintres ne sont pour lui que des producteurs, comme ceux qui lui fournissent ses équipements militaires ou le mobilier de la couronne.

Quand l’Etat s’est adressé à Horace Vernet pour avoir des tableaux de bataille, il s’est trouvé posséder des œuvres de mérite, pourquoi ? parce qu’Horace Vernet, sur le terrain où on l’avait placé, était resté sur celui où son instinct l’avait déjà tout naturellement conduit, et où il s’était établi de lui-même. …. Aussi, … a-t-il produit de véritables œuvres d’art.
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M. Jalabert peint de son côté une toile qu'il appelle une Veuve, où se trouve représentée la tristesse d'une veuve en même temps que la consolation qu'elle peut trouver dans ses enfants. Dans cette œuvre, voilà enfin le malheur rendu absolument agréable et joli, la tristesse et l'amour maternels tout ensemble exprimés d'une façon mièvre et affaiblie pour devenir un sujet d'agréable sensibilité et d'attendrissement mitigé, pour les femmes et les hommes élégants qui demandent que tout soit arrangé de manière à répondre à l'exacte nature' de leurs sensations en fait d'art, aussi une pareille toile me paraît-elle être un des triomphes de l'art bourgeois.
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Whistler, à Paris, possédait le grand avantage de parler et d'écrire
couramment le français, comme une seconde langue naturelle. Il l'avait appris jeune à Saint-Pétersbourg et s'en était servi tout le temps de son séjour en Russie. Il avait contracté l’habitude, qu'il n’a jamais perdue, de semer sa conversation et ses écrits anglais de mots français. Il put donc, grâce à sa connaissance de la langue, se trouver dans le milieu artistique parisien comme chez lui.
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« Montrer est la question vitale, le sine qua non pour l’artiste, car il arrive, après quelques contemplations, qu’on se familiarise avec ce qui surprenait, et, si l’on veut, choquait. Peu à peu on le comprend et on l’admet.
Le temps lui-même agit sur les tableaux avec un insensible polissoir et en fond les rudesses primitives. »
(Extrait catalogue exposition particulière au Pont de l’Alma mai 1867)
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Courbet a été considéré de son vivant comme un rustre, l'oeil fermé aux délicatesses de la nature. Et quand est venue son exposition posthume à l'École des beaux-Arts, c'est avec surprise que le public a reconnu qu'à la force se joignaient, dans son oeuvre, une finesse de tons que l'oeil le plus subtil et le plus velouté avait seul pu saisir.
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C'est un solitaire, dont le cerveau est en activité constante et qu'une surexcitation interne mène à prendre des résolutions imprévues. On ne peut donc que constater à quel moment il se tourne vers l'art, sans chercher à découvrir les raisons immédiates de sa décision. Ce qui est certain, c'est qu'il y a dans son cas l'appel, qui finit par devenir tout puissant, d'une vocation bien caractérisée.
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(Berthe Morisot) C’était une femme distinguée, d’un grand charme et d’une exquise sensibilité. Ses qualités féminines se retrouvent dans sa peinture, qui est raffinée et cependant sans ce maniérisme et cette sécheresse qu’on peut reprocher généralement aux artistes de son sexe.
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On peut apprendre le métier de la peinture et parvenir à peindre, on peut apprendre la versification et réussir à faire des vers, mais cela ne permettra à personne, qui n’a été spécialement doué, de se dire peinte ou poète, au sens élevé du mot.
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Les Impressionnistes qui étaient surtout des paysagistes, se distinguaient par deux particularités, lis peignaient en tons clairs et systématiquement, en plein air, devant la nature. Ils avaient reçu de Manet l'exemple de la peinture en tons clairs et ils s'étaient mis a travailler en plein air, comme entrant clans une pratique déjà connue, au moment où ils survenaient. On ne saurait dire en effet, que l'idée dépeindre devant la nature puisse être spécialement revendiquée par quelqu'un, li est des procédés, qui ont surgi dune façon en quelque sorte spontanée et que l'on voit ensuite s'être généralisés, sans que l'on puisse trop savoir comment la chose s'est faite. Mais enfin, s'il fallait absolument citer des noms, on pourrait faire honneur à Constable en Angleterre, à Corot et à Courbet en France, de la coutume de peindre directement en plein air. Je me rappelle personnellement avoir vu ces derniers, assis l'un près de l'autre dans un champ et peignant chacun une vue de la ville de Saintes, ma ville natale.
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Dans l'été de 1882, le dernier qu'il eût à vivre, il occupe à Rueil, la maison de campagne du dramaturge Labiche, qui la lui loue. Là, il peint tout simplement la façade de la maison. Elle est banale, moderne, carrée, avec des contrevents gris. Il tire de ce pauvre motif des toiles lumineuses et séduisantes.

L'ataxie qui était venue le frapper se produisait comme la fin naturelle que comportait son organisme. C'était un homme d'une sensibilité excessive, d'une nervosité extrême. C'est à cela qu'il devait son acuité de vision. Les images transmises par l'œil, passant à travers le cerveau, y prenaient cet éclat qui, fixé par le pinceau, heurtait la vision banale des autres hommes. Mais cette faculté hors ligne, qui lui conférait sa supériorité d'artiste, entraînait en même temps la fragilité physique et sous le poids du travail et de la terrible lutte qu'il avait toute sa vie soutenue, contre sa famille et contre son maître Couture d'abord, puis contre les jurys, contre la presse, contre le public, il succombait.
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La peinture de Sisley communique une impression de la nature gaie et souriante. Nous n'avons point affaire en Sisley à un mélancolique, mais à un homme d'heureuse humeur, content de vivre, qui se promène dans la campagne pour s'y dilater et jouir agréablement de la vie au grand air.
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La façade de la cathédrale de Rouen avec ses tours a fourni à Monet sa seconde série. Installé à une fenêtre d'une maison devant la cathédrale, il est resté longtemps à la peindre. Comme les meules, elle lui a offert un thème, qui lui a permis de reproduire les aspects multiples que peut prendre un même motif, vu dans des conditions différentes. Elle lui est apparue enveloppée de reflets, allant des gris assoupis au soleil ardent, au il a su rendre dans toute leur variété. Pour peindre dans ces conditions, Monet doit travailler simultanément à plusieurs toiles, passer de l'une à l'autre, les quitter et les reprendre, selon que les effets particuliers à saisir s'évanouissent ou réapparaissent, avec les variations de l'atmosphère.
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