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Citation de Woland


Quelle joie ce fut d'explorer cette fantasmagorie de l'esprit qu'on appelle le cinéma ! Et quel privilège ce fut de le faire avec Clarissa Swann pour guide. En fin de compte, il y en eut qui virent en elle une critique terriblement conservatrice, un reliquat de la vieille école dépassé par les idées dans le coup. Mais quand j'étais son poulain, elle était l'une des rares en Amérique à être parfaitement au fait des dernières théories européennes. Au cours des quelques années suivantes, elle allait surfer sur l'enthousiasme de la Nouvelle Vague et se laisser porter par elle jusqu'au succès auquel elle avait presque cessé de croire. Car quoi que Clare ait fait pour former mon esprit à l'image du sien au cours de cet intervalle enchanteur de ma vie, je ne puis que lui en être reconnaissant. Parce que, en dépit de ses côtés excentriques et de ses rancoeurs, c'était un esprit résolument humaniste. Bien qu'elle pût discuter technique avec les meilleurs, elle n'autorisait jamais la forme à prendre le pas sur le fond. Elle soutenait que les films étaient quelque chose de plus qu'une poche d'illusions d'optique, ils étaient de la littérature pour l'oeil, une littérature aussi merveilleuse que celle qu'on avait couchée sur le papier. J'appris d'elle à toujours guetter la formulation, à surveiller la vision. Ou du moins était-ce ainsi que je regardais les films avant que Max Castle m'initie à une science plus obscure du cinéma. Je découvris alors que, aussi vaste et riche que fût l'univers intellectuel de Clare, il y avait dedans une trappe qui s'ouvrait sur des profondeurs inexplorées.
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