Citations de Theodore Roszak (23)
Vieillir est du autant à la négligence de l'esprit qu'au déclin du corps
Le vent ferraillait contre l'étoffe mince de ses vêtements comme une rapière, le laissant transi jusqu'aux orteils.
C'était son amour de l'écriture qui le rendait aussi désespérément vulnérable. Parcequ'il savait au tréfonds de lui qu'il ne pourrait jamais renoncer à ce plaisir dont il était devenu dépendant
.
La vidéo-nirvana était un truc qu'il utilisait quand il était en proie à l'angoisse de la page blanche. Chez Silverman , l'angoisse de la page blanche prenait la forme de neurones hyperactifs , un bouillonnant sur l'écran scintillant y parvenaient toujours.
La conviction qu'il y a une vérité seule et unique et qu'on la détient me paraît être la racine la plus profonde de tout le mal qui existe dans le monde .
La communication est une science difficile. Ce n'est pas une science exacte. Ca s'apprend et ça se cultive.
Que veut dire le fait qu’il existe l’homme et la femme ? Que veut dire le fait que l’homme pénètre la femme ? Qu’il pénètre en elle ? Pourquoi sommes nous créés deux pour ensuite brûler du désir de devenir un ? C’est le Un qui compte. Et cela vaut la peine de brûler toute une vie.
Les femmes sont souvent flattées sur leur apparence, comme si c'était un exploit. Le but de cela est, comme j'espère que tu l'apprendras, de nous rendre vaniteuses et de nous dresser les unes contre les autres, en séparant les belles des ordinaires.
Si on pouvait acheter un prince parmi eux pour sa valeur véritable et le revendre pour ce qu’il croit valoir, on pourrait devenir plus riche que Crésus par ce seul commerce.
... Je le récompensai d'un baiser copain-copain. Il est devenu pourpre tant il était gêné.
- Je ne suis pas gay, s'est-il empressé de me dire.
- Moi non plus.
Il voulait sans doute que je lui explique mon geste, mais je ne l'ai pas fait. Peut-être parce que j'en étais incapable. Je connais les règles, mais les règles sont absurdes. Si vous fermez les yeux, comment pouvez-vous dire qui vous embrassez ? Et quelle différence ça fait ?
Parce que, insistait Clare, le divertissement domine plus de vies que l'art, et les domine de façon despotique. Les gens ne sont pas sur leurs gardes quand on les divertit. Les images et les messages s'insinuent et ont une emprise plus profonde sur leur esprit.
L’Homoncule, ou « petit homme », était un être vivant, simulacre de notre propre corps humain, capable de parler, de lire et d’apprendre, mais pas plus grand que la hauteur d’une main. Il était toujours représenté à l’intérieur du bocal scellé qui constituait tout son univers. Les livres disaient que cette petite créature avait été créée par des adeptes dans les temps passés. Paracelse, le génie incomparable de la chimie médicinale, affirmait l’avoir fait naître de fumier fermenté et d’esprit de mercure composé sous l’effet des étoiles favorables.
De nos jours, lorsque j'entends des personnes intelligentes s'extasier devant "l'accès à l'information", qui se résume à une autre manière de commander une pizza, de consulter les scores des matchs de football, ou d'enchérir sur des objets de collection, comme si la vie ne valait pas la peine d'être vécue avant l'arrivée des ".com", j'ai du mal à les prendre au sérieux. Ils savent sûrement que 99,9% de la culture humaine a été créé sans l'aide d'une souris (informatique).
Toute discussion sur la pauvreté dans le monde qui n'aboutit pas à une demande de changement radical dans nos habitudes de consommation et de gaspillage, dans nos goûts, dans nos standards de vie, dans nos valeurs en général, n'est qu'hypocrisie. Il n'y a aucune réponse technique à des questions éthiques.
(Où finit le désert : politique et transcendance dans la société post-industrielle ; 1973)
Quelle joie ce fut d'explorer cette fantasmagorie de l'esprit qu'on appelle le cinéma ! Et quel privilège ce fut de le faire avec Clarissa Swann pour guide. En fin de compte, il y en eut qui virent en elle une critique terriblement conservatrice, un reliquat de la vieille école dépassé par les idées dans le coup. Mais quand j'étais son poulain, elle était l'une des rares en Amérique à être parfaitement au fait des dernières théories européennes. Au cours des quelques années suivantes, elle allait surfer sur l'enthousiasme de la Nouvelle Vague et se laisser porter par elle jusqu'au succès auquel elle avait presque cessé de croire. Car quoi que Clare ait fait pour former mon esprit à l'image du sien au cours de cet intervalle enchanteur de ma vie, je ne puis que lui en être reconnaissant. Parce que, en dépit de ses côtés excentriques et de ses rancoeurs, c'était un esprit résolument humaniste. Bien qu'elle pût discuter technique avec les meilleurs, elle n'autorisait jamais la forme à prendre le pas sur le fond. Elle soutenait que les films étaient quelque chose de plus qu'une poche d'illusions d'optique, ils étaient de la littérature pour l'oeil, une littérature aussi merveilleuse que celle qu'on avait couchée sur le papier. J'appris d'elle à toujours guetter la formulation, à surveiller la vision. Ou du moins était-ce ainsi que je regardais les films avant que Max Castle m'initie à une science plus obscure du cinéma. Je découvris alors que, aussi vaste et riche que fût l'univers intellectuel de Clare, il y avait dedans une trappe qui s'ouvrait sur des profondeurs inexplorées.
Un écrivain doit être capable de voir les choses sous différentes facettes.
En potassant en vue de cette rencontre, j'avais appris que Saint-Cyr [pseudo-critique cinématographique parisien qui vient de pondre une monographie dans laquelle, au premier abord, Gates croit trouver les limites de la thèse que lui-même prépare sur Max Castle et son oeuvre] était le centre d'une clique intellectuelle révolutionnaire du milieu du cinéma français et la coqueluche du jour. De tels courants d'opinion vont et viennent en France à un rythme régulier, chacun plus audacieux et souvent plus abscons que le précédent. Malgré toutes les lectures que j'avais réussi à faire en ce peu de temps, je n'avais qu'une notion ridiculement minimale de ce qu'était la neurosémiologie [théorie inventée par Saint-Cyr] : un jargon entouré de chiffres fut tout ce que je parvins à saisir. Saint-Cyr avait abordé ses études cinématographiques après un parcours inhabituel. Il avait fait médecine, plus spécifiquement neurologie. La tournure scientifique de son langage témoignait de son influence ainsi que sa fascination pour les calculs sur ordinateur. Trois paragraphes quelconques de littérature neurosémiologique et vous étiez à des kilomètres de tout ce qui ressemblait, même de loin, à une discussion sur le cinéma. Envolées les stars, envolées les histoires. Mais il pouvait y avoir un tas de choses sur les grenouilles. Ou sur les pigeons. Ou sur les singes. Et comment ceux voyaient les choses. Parfois, les êtres humains étaient évoqués ...
Il aurait suffi de dire que, selon n'importe quels critères, ces films étaient bien ficelés, très au-delà des exigences ordinaires des studios, que seul leur budget limité les plaçait dans la catégorie des films B. Mais il n'y avait pas que cela, quelque chose qui allait au-delà du savoir-faire. Il y avait dans les films de Castle une horreur réelle, une horreur qui vous glaçait jusqu'à l'os. A aucun moment je n'aurais pu dire où se plaçait précisément le pouvoir du film - sauf que j'étais sûr que rien de ce que j'avais vu consciemment n'avait produit cet effet. C'était plutôt comme si, derrière mes yeux, une autre partie de moi observait un monde différent, monde dans lequel le vampire et sa victime étaient réels, les événements surnaturels étaient réels, le blasphème était réel. De nouveau, le mot "impur" s'insinua dans mon esprit. Impur, comme seule une chose sortie du tombeau pour se repaître du sang innocent pouvait être impure. La monstruosité de la goule s'étalait là, sous mes yeux. Elle m'avait effleuré. Pas seulement moi. Clare aussi. Je pus l'affirmer quand les lumières s'allumèrent. Elle avait le même regard figé que je lui avais vu après la projection du "Judas", le visage de quelqu'un qui refuse d'admettre l'expérience qu'il vient de vivre.
Un bouquin totalement et injustement méconnu sur les débuts du cinéma avec une intrigue incroyable digne des plus grands thrillers. Dommage qu'il n'y ait jamais eu d'adaptation cinématographique.
" Si le seigneur tout- puissant existe et s'il veut promette à son peuple un morceau de terrain à bâtir , pourquoi pas la côte d'Azur ? Pourquoi un bout de désert aride qui ne vaut pas un clou ," Ce genre d'opinion avait fait de son père un paria aux yeux de ses oncles et tantes , frères et sœurs de tous bords.