Oraison
Une pluie d’or lave mon visage
Des serpents noirs ondulent sur l’eau
Fiancé de la lune, j’ouvre son corsage
Et bois le sel blanc de sa peau
Le sceau rouge du soleil sèche ma bouche
Déjà la nuit va monter du canal
Comme une grande femme se couche –
Robe verte et lèvres pâles
J’entends rugir les lions
Sous le châle d’absinthe
Le frottement des vieux galions
Dans la lumière éteinte
L’encens des algues flotte dans l’air
Au balancement de l’horizon
L’or va s’enfouir dedans la mer
Et la myrrhe apaisera la plaie
De mon oraison.
© Thibault Marconnet
Écrit à Venise, face à la lagune, le long de la Riva degli Schiavoni, le 12 mars 2014.