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Critiques de Thierry Lodé (7)
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La Biodiversité amoureuse. Sexe et évolution

En voilà un vrai plaisir de lecture scientifique ! Toute la première partie de l'ouvrage de Thierry Lodé est une superbe association de rigueur scientifique et d'un beau travail d'écriture. Ce n'est pas si fréquent ! Les beaux dessins de Dominique Le Jacques illustre avec vivacité cet essai par un esprit plus libre et naturaliste que didactique. Seule une impression de meilleure qualité aurait encore amélioré ce plaisir de lecture.

La thèse avancée dans cet essai consiste en la nécessité de la séduction, de l'érotisme et de la sexualité dans la nature dans un objectif soit reproducteur, soit social, soit de plaisir. L'auteur part du constat troublant que les thèses de la théorie synthétique de l'évolution, notamment, forcent à comprendre l'évolution uniquement du point de vue d'une reproduction qui favoriserait les plus aptes (ceux qui auraient les « bons gènes »). Or comme il le souligne si bien, cette manière de comprendre l'évolution n'est soutenable ni philosophiquement (les populations finiraient toutes par partager les mêmes « bons gènes » ce qui ne permettrait plus de tri) ni biologiquement, ni éthologiquement. Il montre en effet au travers de nombreux exemples que les femelles des populations animales ont une tendance claire à choisir non pas des mâles de la même population mais les mâles qui, tout en étant de la même espèce ou d'une espèce apparentée, sont étrangers à la population étudiée. Au cours de l'essai, le lecteur se confronte de plus à un étiolement de la définition classique de l' « espèce » puisque des animaux réputés comme appartenant à des espèces distinctes peuvent non seulement se reproduire entre eux mais donner des descendants interféconds. Cela brise, accessoirement, la définition classique selon laquelle une espèce se définirait par le fait qu'elle ne saurait donner que des descendants interféconds entre eux.
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Pourquoi les animaux trichent et se trompent

La quatrième de couverture me laissait présager un inventaire exhaustif des méthodes de séduction chez les animaux, les critères évolutionnistes qui les soutiennent, et la manière dont d’éhontés menteurs trichent pour s’attribuer des qualités qu’ils n’ont pas. Ça n’a pas été exactement le cas.



Dès les premières pages, l’auteur manifeste son opposition au néodarwinisme. À l’en croire, les scientifiques qui la soutiennent actuellement n’ont rien à envier aux créationnistes du siècle dernier : arc-boutés sur leur théorie, incapables de se remettre en question, refus de considérer les contre-exemples. Je suis déjà un peu surpris par ce départ en croisade, d’une part parce que les créationnistes de l’époque avaient soulevé des objections intéressantes et n’étaient pas tous, loin s’en faut, des obscurantistes têtus, d’autre part en voyant Stephen Jay Gould présenté en grand pourfendeur du néodarwinisme. Or si je ne dis pas trop de bêtises, il me semble qu’il a passé une bonne partie de son temps à vulgariser la théorie de l’évolution auprès du grand public, dont la sélection naturelle qui semble tant énerver Thierry Lodé.



Chaque début de chapitre commence par quelques cas de comportements d’animaux que le néodarwinisme ne peut pas expliquer. Ce qui me pose de nouveaux problèmes, car j’y retrouve des points de vue que je n’ai jamais associé au darwinisme. Par exemple, l’auteur parle de la reproduction entre deux lynx d’espèce différente pour montrer que le concept d’espèce n’est pas aussi rigide qu’il n’y paraît. Mais il me semble que le concept est mis à mal depuis bien longtemps déjà, et qu’une théorie qui défend des multiples changements graduels a peu de chances de parler de frontières bien définies de toute façon. Après, il n’est pas impossible que je sois tout à fait à côté de la plaque en biologie, mais rien ne colle avec mes lectures précédentes sur le sujet.



Quoi qu’il en soit, si l’auteur réfute la sélection naturelle, on a bien de la peine à comprendre ce qu’il veut mettre à la place. La sexualité, l’altruisme (mais pas l’ « altruisme égoïste » de Dawkins&Cie) sont de temps en temps évoqués, mais de manière trop floue. À mon sens, Lodé passe trop de temps à démolir les théories des autres et pas assez à développer la sienne, et il est vraiment compliqué de se faire une vision d’ensemble de son système à partir de quelques exemples épars.



Un essai assez décevant, qui m’a apporté plus de confusions que d’explications.
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Pourquoi les animaux trichent et se trompent

En prenant de l'âge, je ressens de plus en plus d'aversion pour la polémique. Or ce livre, hélas, est composé en très grande partie de polémiques contre Darwin et surtout les « neodarwinistes » dont je suis en train de m'abreuver depuis quelques mois. Sans doute parce que, pour étaler les spécificités de ses théories, l'auteur préfère caricaturer la vision adverse, (encore) paradigmatique ou en tout cas majoritairement acceptée en biologie évolutionniste, dénigrer ses opposants – et omettre de les citer, comme pour Matt Ridley, même lorsqu'il parle de la théorie de la Reine rouge (The Red Queen – qui précède de vingt ans cet essai), ou grossir jusqu'au gigantisme des différences modestes, réductibles, des nuances compatibles qui gagneraient à être prises pour des complémentarités, des difficultés théoriques déjà affrontées et résolues...

Non que les incompatibilités avec l'orthodoxie n'existent pas. Et j'ai apprécié de pouvoir les jauger avec mes précédentes et sans doute futures lectures neodarwinistes orthodoxes. Mais d'une part il m'a fallu arriver à l'excipit de l'ouvrage (que je reproduis presque intégralement en cit.) pour lire une formulation précise et concise des théories énoncées faute d'être démontrées par le livre ; d'autre part, la posture polémique de l'auteur m'a poussé à l'attitude défiante du lecteur qui cherche à démolir ce qu'il comprend, à l'aune de ce qu'il a déjà lu. C'est dommage lorsque l'on cherche respectivement à convaincre et à apprendre.

Par ailleurs, bien que le verbe soit très séduisant, surtout au début, dans la tradition de la prose philosophique française, alors que « mes » Dawkins, Ridley et confrères ont la plume plus empirique, plus mathématique, un brin ironique mais souvent plus indigeste des scientifiques britanniques, je reproche à cet essai une structuration des chapitres obscure, très peu soucieuse de toute progression démonstrative, et une surabondance d'anecdotes sur la reproduction voire sur toutes sortes de mœurs de telle ou telle autre espèce animale, souvent presque sans rapport – ou ô combien ténu – avec le quod erat demonstrandum. Encore une sorte d'arrogance envers le lecteur, trop ignare sans doute pour qu'on se donne le mal de le persuader, qui n'a donc qu'à se contenter d'être amusé d'histoires animalières bien contées.

Il serait tentant de rédiger cette note sur le même ton railleur, et particulièrement de rétorquer contre l'auteur les mêmes reproches qu'il adresse à ses opposants : après tout, même un écolier sait faire la différence entre Darwin et le darwinisme social (et l'eugénisme) – ils n'ont pas plus à voir l'un vis-à-vis de l'autre que la méiose avec Kropotkine (et le terrorisme anarchiste) ; il n'y a pas davantage de téléologie dans la propagation maximale des gènes que dans la « sensibilité primordiale » et dans l'omniprésence de la « relation » dans la biosphère ; le soi-disant « égoïsme des gènes », expliqué dans un essai entier très touffu de Dawkins, est exactement, ni plus ni moins que la cause de la « reproduction différentielle » ; de même, je trouve beaucoup d'analogies, même dans les exemples, entre « phénotype étendu » et « interactions » ; la « compétition » - expression moderne de la « sélection naturelle » - n'est pas éloignée, si j'ai bien compris, du « conflit génomique que la réduction méiotique gouverne » ; à ceci près que Lodé ne dit rien, mais alors rien du tout, du conflit entre les genres, ni de la manière dont celui-ci se transforme en réconciliation amoureuse, ni en somme il ne répond à la question posée par le titre du volume ; enfin, après mes lectures sur la dialectique très complexe entre gènes et comportement, la vision de Lodé sur ce sujet me paraît extrêmement fruste.

Au contraire, une question m'a effectivement convaincu : l'impossibilité de placer sur le même plan la « sélection naturelle » alias « reproduction différentielle », que je considère, avec Dawkins et n'en déplaise à Lodé, comme l'affaire des gènes, et la « sélection sexuelle », ou « choix des partenaires », qui ne peut que concerner l'individu – sur un plan que j'estime subsidiaire du précédent. Et en particulier, quant au choix, pour moi, suivant Leibniz : croit choisir celui qui ignore les raisons de ses choix...

A part cela, j'ai bien aimé la genèse des eucaryotes, et la prégnance incomparable de la sexualité.
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Amours animales

Cet ouvrage fait partie d’une collection passionnante sur les caractéristiques animales : des animaux énormes, bizarres ou comme ici, aux amours insolites.

Un ouvrage bien construit, facile à lire, accessible à tous (même si celui-ci joue un tout petit peu moins la carte jeunesse) et qui nous fait découvrir des mœurs sexuels étonnants des animaux.

La plus connue est bien sûr celle de la mante religieuse qui mange le mâle après l’accouplement ou encore les escargots qui repartent chacun aces des œufs fécondés car ils sont hermaphrodites mais il y a des mœurs encore plus particulières et méconnues.

J’ai été surpris de découvrir que les oies des neiges pouvaient formé des couples à trois avec deux femelles, que les dauphins souffleurs peuvent se conduire tels des violeurs face à des femelles qui échappent à la surveillance du mâle dominant, que le rhinocéros beugle, lance des jets d’urine et excréments pour séduire la femelle ou encore que les castors élèvent les jeunes en famille et même les jeunes nés les années précédentes participent à l’éducation des petits.

Un petit ouvrage mais riche en infos, très intéressant à lire et passionnant surtout.
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Manifeste pour une écologie évolutive : Darwin ..

Un livre très intéressant et qui permet de reposer beaucoup de chose à plat. En effet, dans ce livre Thierry Lodé remet beaucoup d’apriori sur la biologie dans leurs contextes pour permettre de mieux comprendre pourquoi ils sont faux et pourquoi il faut les dépasser. J’ai beaucoup apprécié l’apport d’un point de vu un peu « discordant » par rapport aux grandes doctrines, biaisé par une volonté simplificatrice, et aussi parce que Thierry Lodé n’est pas de ceux qui sont neutre politiquement en science. D’ailleurs, il se fait un grand plaisir de démonter cette science marchande et soumise au seul profit.

Quoi qu’il en soit, la théorie de l’évolution porte bien son nom : elle évolue. Et ça, beaucoup de personnes (extrémiste antiévolutionniste ou simple badaud) ne semblent pas toujours le comprendre. Et tout ça grâce aux interactions a différente échelles : génétique, protéique, cellulaire, individuel, espèce etc …

C’est un livre très intéressant et qui permet de répondre a des questions mais aussi à s’en poser.

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La Biodiversité amoureuse. Sexe et évolution

Avec Thierry Lodé, l’écologie évolutive est formidable. Tandis que l’objet des sciences reste de nous rendre « maîtres et possesseurs de la nature », l’écologie propose une réconciliation de l’humain avec la nature. Une nouvelle logique est possible. Et il faut désormais faire de la place à toutes les découvertes originales, même celles qui n’entrent pas dans le cadre. Ainsi, l’homosexualité animale, longtemps déniée et encore souvent rejetée, doit maintenant s’imposer parmi les questions incontournables de l’évolution. Suivant le principe de détournement, les exaptations révèlent que l’évolution se construit d’abord de fantaisies, de fanfreluches. A lire absolument
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La guerre des sexes chez les animaux : Une ..

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