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Citation de MegGomar


Depuis quelque temps, Pecola se disait que si ses yeux –ses yeux qui retenaient les images, et savaient ce qu’on peut voir-, si ses yeux avaient été différents, c’est-à-dire beaux, elle-même aurait été différente. Elle avait de belles dents, et un nez moins gros et moins épaté que celui de certaines filles qu’on disait mignonnes. Si elle avait été différente, belle peut-être, Cholly aurait peut-être été différent aussi, et Mrs Breedlove. On aurait peut-être dit : « Regarde, cette Pecola aux beaux yeux. Nous ne devons pas faire de vilaines choses devant ces jolis yeux. »

De jolis yeux. De jolis yeux bleus. De jolis yeux bleus et grands. Cours, Jip, cours. Jip court, Alice court. Alice a des yeux bleus. Jerry a deux yeux bleus. Jerry court. Alice court. Ils courent avec leurs yeux bleus. Deux paires d’yeux bleus. De paires de jolis yeux bleus. Des yeux bleu ciel. Des yeux du même bleu que le corsage de Mrs Forrest. Des yeux bleus comme les volubilis. Des yeux bleus comme Alice et Jerry dans le livre de contes.

Chaque soir, sans faute, elle priait pour avoir des yeux bleus. Elle avait prié avec ferveur pendant un an. Si elle était un peu découragée, elle gardait encore de l’espoir. Pour qu’une chose aussi merveilleuse se produise, cela prendrait beaucoup de temps.
Enfermée ainsi dans cette conviction étroite que seul un miracle pourrait soulager ses souffrances, elle ne connaîtrait jamais sa beauté. Elle ne pourrait voir que ce qu’il y avait à voir : les yeux des autres.
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