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Citations de Toni Morrison (1100)


"Tu vois ce que je veux dire? Ne compte que sur toi-même. Tu es libre. Rien ni personne n'est obligé de te secourir à part toi. Sème dans ton propre jardin. Tu es jeune, tu es une femme, ce qui implique de sérieuses restrictions dans les deux cas, mais tu es aussi une personne. Ne laisse pas Lenore ni un petit ami insignifiant, et sûrement pas un médecin démoniaque, décider qui tu es. C'est ça, l'esclavage. Quelque part au fond de toi, il y a cette personne libre dont je te parle. Trouve-la et laisse-la faire du bien dans le monde."
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Tout ce qui est mort et qui revient à la vie fait mal.
Ca, c'est une vérité de tous les temps, se dit Denver.

p55
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"Dépose-les, Sethe. Epée et bouclier. Pose-les. Pose. A terre, l'un et l'autre. A terre au bord de la rivière. Epée et bouclier. Ne cherche plus la guerre. Dépose tout ce fourbi. Epée et bouclier."
Et sous la pression des doigts et de la voix paisible qui ordonnait, elle s'exécutait. Les lourds poignards de ses défenses contre le malheur, les regrets, l'amertume et la douleur, elle les déposait un à un sur une rive au-dessous de laquelle ruisselait une eau claire.

p124
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Tu sais quoi ? Elle avait eu le mors tellement de fois qu'elle souriait. Même quand elle ne souriait pas elle souriait, et pourtant je n'ai jamais vu son vrai sourire.

p283
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Des femmes fortes et sages le voyaient, et lui disaient des choses qu’elles ne se racontaient qu’entre elles : que longtemps après le retour d’âge, le désir en elles était subitement devenu intense, avide, plus sauvage que lorsqu’elles avaient quinze ans, et que cela les embarrassait et les rendait tristes ; que secrètement, elles aspiraient à mourir — pour en être quittes ; que le sommeil leur était plus précieux que n’importe quelle journée de veille.
(10/18, p.31)
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Les spores des fougères bleues qui poussent dans les creux, au long de la berge, flottent vers l'eau en filets d'argent bleuté difficiles à voir si l'on n'est pas les pieds dessus ou tout proche, couché juste au bord de la rivière, là où les rayons du soleil sont les plus bas et affaiblis. Souvent on les méprend pour des insectes, mais ce sont des graines où sommeille toute une génération, confiante en son avenir. Et il est facile de croire un instant que chacune a un futur, qu'elle deviendra tout ce qui est contenu dans sa spore : qu'elle vivra tous ses jours de vie comme prévu. Mais cette certitude ne dure que l'espace d'un instant; peut-être même plus longtemps que la spore elle-même.

p122
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Y aurait-il un petit répit, se demandait-elle, une petite pause, un moyen de retarder la précipitation des événements, de repousser l'affairement dans les coins de la pièce, et de rester tout simplement là une minute ou deux, nue des clavicules à la taille, soulagée du poids de ses seins, à humer l'odeur du lait volé et à goûter au plaisir de boulanger du pain ?

p32
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Astucieux, mais Maître d'Ecole le fouetta quand même pour lui montrer que les définitions appartiennent aux définisseurs, et non pas aux définis.

p265
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Courbé derrière elle, le corps en arc de bonté, il tenait ses seins dans les paumes de ses mains. Il frottait sa joue contre son dos, et apprit ainsi sa peine, avec ses racines, son large tronc et ses branches ramifiées. Remontant les doigts vers les agrafes de sa robe, il sut, sans les voir ni entendre le moindre soupir, que ses larmes coulaient, pressées. Et lorsque le haut de sa robe tomba autour de ses hanches et qu'il vit la sculpture qu'était devenu son dos, pareil à l'oeuvre décorative d'un forgeron trop passionné pour l'exposer, il pensa sans l'exprimer : "Oh ! Seigneur, petite !" Et il sut qu'il n'aurait de paix avant d'en avoir suivi des lèvres chaque saillant et chaque feuille, ce dont Sethe ne sentit rien, parce que la peau de son dos était morte depuis des années. La seule chose qu'elle savait, c'était que la responsabilité de ses seins reposait, enfin, dans les mains de quelqu'un d'autre.
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Peut-être regrettaient-elles leurs propres années de mépris. Peut-être était-ce simplement de braves gens incapables d'entretenir de méchanceté les uns envers les autres plus d'un certain temps et qui, lorsque le malheur chevauchait à cru parmi eux, faisaient vite, spontanément, leur possible pour lui faire un croc-en-jambe.

p344
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Un homme mort, c’est pas un homme. Un homme mort, c’est un cadavre. C’est tout. Un cadavre. (10/18, p.120)
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Chaque histoire possède son monstre, qui les a rendues dures plutôt que courageuses, et alors elles ouvrent leurs cuisses plutôt que leur coeur, là où est blottie et cachée la petite fille du passé. (10/18, p.9)
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C’est ça, l’esclavage. Quelque part au fond de toi, il y a cette personne libre dont je te parle. Trouve-la et laisse-la faire du bien dans le monde.
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Il lui offrit alors la main qu'elle avait ardemment désirée toute sa vie, la main qui n'avait pas besoin de mensonge pour qu'on la mérite, la main de la confiance et de l'attention : alliance que certains qualifient d'amour naturel.
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Les époux qui avaient été agressés chuchotèrent entre eux ; elle, d’une voix douce, suppliante ; lui, avec insistance. Quand ils rentreront chez eux, il va la battre, se dit Franck. Et qui ne le ferait pas ? Être humilié en public, c’était une chose. Un homme pouvait s’en remettre. Ce qui était intolérable, c’était qu’une femme avait été témoin, sa femme, qui non seulement avait vu, mais avais osé tenter de lui porter secours ! Il n’avait pas pu se protéger et n’avait pas pu la protéger non plus, comme le prouvait la pierre qu’elle avait reçue au visage. Il faudrait qu’elle paye pour ce nez cassé. Encore et toujours.
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La pluie elle-même devint une chose tout à fait nouvelle : de l'eau propre sans aucune trace de suie qui tombe du ciel. Elle joignait les mains sous son menton et contemplait des arbres plus hauts qu'une cathédrale, du bois de chauffage si abondant que cela faisait rire, puis pleurer. Elle n'avait jamais vu des oiseaux pareils, ni bu de l'eau fraîche coulant sur des pierres blanches visibles.
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Difficile de quitter un terrain de souffrance pour « passer à autre chose » si cette souffrance n'est pas reconnue ni décrite.

(p.80, postface de Zadie Smith)
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Que tout Blanc avait le droit de se saisir de toute votre personne pour un oui ou pour un non. Pas seulement pour vous faire travailler, vous tuer ou vous mutiler, mais pour vous salir. Vous salir si gravement qu'il vous serait à jamais impossible de vous aimer. Vous salir si profondément que vous en oubliiez qui vous étiez et ne pouviez même plus vous en souvenir. Et qu'alors même qu'elle, Sethe, et d'autres étaient passés par là et y avaient survécu, jamais elle n'aurait pu permettre que cela arrive aux siens. Le meilleur d'elle, c'étaient ses enfants. Les Blancs pouvaient bien la salir, elle, mais pas ce qu'elle avait de meilleur, ce qu'elle avait de beau, de magique -la partie d'elle qui était propre.
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Tu dis que tu vois des esclaves plus libres que des hommes libres. L'un est un lion dans la peau d'un baudet. L'autre est un baudet dans la peau d'un lion .
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Fatigué et mal à l’aise, Frank quitta le restaurant et déambula dans les rues ; il s’arrêta brusquement en entendant un hurlement de trompette. Le son provenait du bas d’un petit escalier qui s’achevait devant une porte à moitié ouverte. Des voix approbatrices soulignaient le cri de l’instrument et si quelque chose pouvait refléter l’humeur de Frank, c’était cette note. Il entra. Il préférait le be-bop au blues et aux chansons d’amour qui rendent heureux. Après Hiroshima, les musiciens avaient compris aussi vite que quiconque que la bombe de Truman avait tout changé et que seuls le scat et le be-bop parvenaient à dire comment. A l’intérieur de la salle, petite et enfumée, une douzaine de spectateurs très attentifs faisaient face à un trio : trompette, piano et percussions. Le morceau n’en finissait pas et, hormis quelques-uns qui hochaient la tête, personne ne bougeait. La fumée flottait dans la pièce, les minutes s’écoulaient. Le visage du pianiste était luisant de sueur, comme celui du trompettiste…
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