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3.15/5 (sur 42 notes)

Nationalité : Allemagne
Né(e) à : Dresde , le 28/10/1968
Biographie :

Uwe Tellkamp était médecin jusqu'en 2004 avant de se consacrer à l'écriture. Cet allemand de l'est a été emprisonné deux semaines pour troubles politiques en refusant de disperser une manifestation d'opposants au régime communiste en octobre 1989.
Il participe à plusieurs revues littéraires et a publié son premier roman, "Le brochet, le rêve et le café portugais" , en 2000.
Il publie un second roman en 2008 appelé La Tour (sortie en France en 2012), pour lequel il reçoit le Prix du livre allemand. Dans ce roman, il décrit la RDA des années 80.

Source : wikipedia
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
L’histoire était-elle semblable au fruit, était-elle suspendue comme une poire fière et juteuse devant les yeux de l’humanité qui rêvait d’eau et de sucré ? On pouvait distiller une gnôle de premier ordre avec ce genre de poires … Le socialisme était-il alors la poire, et le communisme l’alcool de fruit qu’on en extrayait ? De l’alcool de fruit pour tous. Et le lendemain matin la gueule de bois … ?
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Aux mâts qui se dressaient à droite du point de contrôle, les drapeaux battaient mollement : le rouge, avec le marteau et la faucille, le noir-rou-ge-or avec le marteau, le compas et la couronne d'épis, le bleu avec le soleil qui se levait en son centre, un blanc avec les portraits stylisés de Marx, Engels et Lénine. Les sentinelles postées à côté des mâts regardaient fixement, droit devant, en présentant leur kalachnikov. Ces visages semblaient parfaitement impassibles et pourtant, il le savait, ils observaient le moindre de ses mouvements. Il sentit aussi le regard du capitaine derrière le miroir sans tain du poste de contrôle, celui qui donnait sur la place.
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Meno savait qu'il abordait une mission difficile. Schiffner n'aimait pas ces conversations avec ses auteurs et c'est lui, son lecteur, qu'il envoyait en première ligne. Meno estimait - il en avit déjà parlé une fois avec Schiffner, sans obtenir d'autre résultat qu'une crise de rage de son directeur, qui lui fit penser à un accès de mauvaise conscience - qu'il y avait quelque chose de déloyal, peut-être même d'obscène dans ces entretiens. On indiquait à l'auteur quels passages feraient selon toute vraisemblance obstacle et on le laissait ensuite décider si et dans quelle mesure il était disposé à la censure, c'est-à-dire à l'auto-censure. Certains disaient qu'il s'agissait d'un procédé honnête ; mais à l'humiliation due au fait que l'on n'imprimait pas les textes tels qu'ils étaient s'ajoutait celle née de ce qu'on laissait à l'auteur le soin de les tuer lui-même par étapes successives. Il ne restait plus alors aucune possibilité de se défendre contre certains reproches ; l'auteur n'avait-il pas donné lui-même à son texte la forme dans lequel il paraissait ? Cette pratique était monnaie courante dans toutes les maisons d'édition ; mais Meno avait des serrements de coeur lorsqu'il s'y adonnait et éprouvait alors de la compassion pour ses auteurs - et ce n'était pas seulement parce qu'il en était un lui-même.
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J’en ai encore une. Vous savez comment transformer une banane en boussole ? Vous la posez sur le Mur. Là où le bout de la banane a été mordu, c’est l’Est.
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L'attaque des sauterelles livriciles s'accomplit par vagues, l'observateur avisé repère son début imminent au fait que les yeux de l'insecte lancent de toute façon toujours des regards avides, se rétrécissent en fentes qui révèlent la faim. Cet appétit se porte avant tout sur les couleurs. L'essentiel : qu'elles soient vives. Plus la proie est criarde, mieux c'est. Et plus il y en a, mieux c'est aussi. Ce qui fascine le plus la sauterelle livricole, c'est la couverture rouge. Le soupçon dit : ça a quelque chose à voir avec nous. Si la fente de faim entre les paupières a enregistré un nom de dissident, il faut agir immédiatement. Le lecteur en éveil doit être entraî,é par la sauterelle livricole B dans une discussion stratégique tandis que la sauterelle livricole A, coeur tambourinant, pris d'accès de sueur et aveuglé par le courage, tâtonne sur l'étagère et à la vitessse de l'éclair (le geste doit s'arrêter avec un doux mouvement de ressort au-dessus de la couverture de la proie), c'est la pause qui décide de tout, la seconde de peur emplie de bonheur : je l'ai ! C'est ça, entre mes doigts, la couverture est lisse et vient de l'Ouest, à présent :
Détacher les boutons du manteau de foire,
Regarder élégamment vers le haut, humecter ses lèvres sèches avec la langue
Simuler un accès de toux
Se courbe'r
Devenir rouge, ne pas oublier ça
Amplifier la toux
Ouvrir le manteau de foire
Fermer les yeux et ...
Filer
Filer
Filer
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Le Serpentaire, les Cheveux de Bérénice, la Couronne boréale, la Baleine - Christian se rappelait l'enchantement qu'avaient produit sur lui ces mots et leurs traductions latines, lorsque Meno les avait prononcées devant l'horloge, à mi-voix, presque avec nostalgie, en désignant les gravures - la première fois, c'était lors dune soirée, il y a environ dix ans, lorsqu'ils lui furent susurrés à l'oreille comme si on lui instillait une substance indéfinissable, mais qui paraissait agréable, et lui avait donné l'intuition que dans le monde des adultes - lequel avait aussi été le monde du géant incompréhensible qui vivait dans d'autres régions, à côté de lui, celui que sa mère appelait "cher frangin" ou Mo -, que dans ce monde, donc, il existait des choses particulières et très intéressantes : des mystères ; et là, dans son esprit d'enfant, quelque chose avait dû se produire, ou bien avait grandi dissimulé pour éclore d'un seul coup : Christian n'avait plus oublié ces mots et leur sonorité singulière.Ophiuchus. Coma Berenices. Corona Borealis. Cetus.
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Dans le bureau DH - Dossiers Habitation -, traits obliques chiffre romain deux, Richard apprit que le chargé de dossier de l'Accueil central s'était trompé et que le bureau des demandes de chauffe-eau communaux se trouvait au onzième étage, couloir G, bureau AML - Administration municipale du Logement -, porte cinq en chiffre arabe. (...) En montant, en descendant, il croisa des connaissances, salua ici Mme Teerwagen, là Mme Stahl, de la maison des Mille Yeux, papota brièvement avec Clarens.
- Alors, pas en service non plus Hans ?
Clarens haussa les épaules, signe d'une impuissance silencieuse.
- Qu'est-ce que tu viens faire là ? cria-t-il d'un escalier à l'autre.
- Chauffe-eau, expertise, je rends service, dit Richard en brandissant le violon. Et toi ?
- Bureau d'autorisation des véhicules, augmentation du contingent de charbon, bureau des enterrements !
- Qui donc est mort ? fit Richard d'une voix forte.
Le psychiatre fit un signe de dénégation :
- Eh bien disons : l'espoir, mon cher, l'espoir !"
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Il devait y avoir dans les salles de ce château décrépi plus de téléphones que n'importe où ailleurs à Waldbrunn. Pourquoi avait-on alors besoin en plus d'une cabine téléphonique...? N'était-ce pas justement le piège ? Ils accompagnaient la moindre de vos réflexions : presque personne n'utilisait la cabine téléphonique du marché, et Christian, de fait, n'avait encore jamais vu personne y passer un coup de fil : chacun pensait que cette cabine était surveillée, et comme la Sécurité savait que les gens le pensaient et que même s'ils appelaient de cette cabine, ils ne diraient que des banalités parce qu'ils étaient conscients d'être sous surveillance, ils considéraient peut-être justement que cette cabine ne présentait aucun intérêt et s'abstenaient de la surveiller, alors qu'ici, on se jetait dans la gueule du loup en souriant d'avoir été si malin. A moins que la cellule située devant le château n'ait tout de même été un espace de liberté que se réservait la direction du Parti ?
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Meno était trop plongé dans ses réflexions pour ne percevoir du regard et du silence d'Altberg, une fois le téléphone raccroché, qu'une réaction à sa propre attitude. C'était l'un de ces regards investigateurs derrière lesquels tournent des pensées qui cherchent quelque chose et présentent soudain ce qu'elles ont trouvé comme une réponse possible à la question inexprimée ; c'était le silence qui se sait l'ultime barrière avant de savoir dans quelle mesure l'autre est ce qu'il semble être et si l'on ne sait pas si la première impulsion, celle consistant à laisser le mot glisser tout de suite à l'extérieur, mérite effectivement mieux d'être suivie et si le mot formé, une fois dit et par là même irrévocable, devient une pièce qui corrompt la garde du portail de l'autre silence, ou le denier de judas destiné à l'inconnu révélateur que l'on porte en soi et qui se départ, l'espace d'un bref et dangereux, de son remarquable camouflage.
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Lorsque les noms de Hongrie et Budapest prirent la couleur de la conjuration et de la liberté, Anne et Judith Schevola se chargèrent des tirages ; au lieu des brochures du parti, Judith Schevola reprographiait désormais des textes dissidents. Richard observait Anne et vit que leur appartement était devenu en peu de temps une sorte de repère de conjurés. Des cartons à chaussures pleins de textes ronéotypés s'empilaient dans les chambres ; elles étaient emportées par des types qui ne prononçaient qu'un mot de passe ; une fois, ce fut André Tischer, avec une ambulance. Des livres étranges entrèrent dans la maison, des gens tout aussi étranges firent leur apparition, on les logeait, ils ne tardaient pas à lever les bras bien haut pour parler avec exaltation de je ne sais quel modèle de société (...)
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