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3/5 (sur 9 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Étampes , 1961
Biographie :

Valérie Hanotel est née en 1961 à Étampes. Après des études de lettres à la Sorbonne, elle a été grand reporter et critique littéraire au Figaro Madame. Elle est l’auteur de trois documents : Guide pratique à l’usage de celles qui n’ont jamais rien à se mettre (avec L. Cénac, Acropole, 1988), Nous, les Bourgeoises, avec M.-L. de Léotard (Le Pré aux Clercs, 1991), Les Cathos (Plon, 1995) et de trois romans : My Fair Lily (Plon, 2003, prix Cabourg), La Diva (L'Archipel, 2010), Les Coeurs impuissants (L'Archipel, 2013). Mariée à un Anglais, elle vit dans le Gloucestershire.



Source : http://www.editionsarchipel.com/auteurs/valerie-hanotel
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Valerie Hanotel - "Les coeurs impuissants" Gabrielle et François Saint-Jean se connaissent à peine lorsqu'ils se marient sur le bateau qui les ramène à Saigon. le père de François vient d'avoir un inf...

Citations et extraits (7) Ajouter une citation
Son coolie-pousse l’attendait déjà, aussi volubile
que s’il ne l’avait vue depuis des semaines. Thân avait
le même âge que François, mesurait vingt centimètres
de moins, dix de plus de circonférence, ressemblait à
un Chinois et courait pieds nus. C’était l’homme le
plus jovial qu’elle ait jamais rencontré. Pourtant il ne
possédait rien au monde, à part une femme esclave de
sa couture et quatre rejetons décevants.
— À l’hôpital, lui dit-elle.
— Ba dam malade ? s’inquiéta-t-il.
— Non : « madame »… Je cherche du travail,
reprit-elle plus bas.
Il eut l’air de trouver cela très drôle et démarra, un
large sourire aux lèvres. Depuis douze ans qu’il véhiculait des Blanches, il savait bien qu’elles étaient
toutes paresseuses.
— Monmari pas riche ?
— Non, Thân, mon mari n’est pas riche.
15La révélation le fit rire de plus belle. Avec une
maison comme la sienne, une femme comme la
sienne, un cheval comme le sien, Cap’taine François
ne pouvait être que très riche. Gabrielle se rendit
compte de l’impossibilité de lui faire comprendre leur
situation et prétendit partager son hilarité. Ils plongè-
rent dans l’incroyable méli-mélo de la rue Pellerin où
l’on risquait à tout instant de verser et de se faire
écraser. Saigon, construite quelques décennies auparavant par des amiraux-gouverneurs, était coincée
entre une rivière, à l’est, deux arroyos au nord et au
sud et la sinistre plaine des tombeaux, à l’ouest, que
l’on traversait en une heure, avant l’introduction du
tramway, pour atteindre la ville chinoise de Cholon.
Il y avait aussi un champ de course où galopaient des
chevaux à peine plus grands que des poneys. L’activité de la capitale de Cochinchine, au sud de l’Indochine, était donc concentrée sur un carré de terre
élégamment quadrillé d’avenues ombragées, mais
bourdonnant, vibrionnant, fatigant. Le contraste avec
le calme de l’hôpital Grall n’en fut que plus agréable.
Elle longea la véranda déserte du bâtiment Eiffel, puis
s’installa sur un banc, face au bureau du docteur
Adran. Une brise légère dispersait l’odeur rassurante
de désinfectant et de linge propre. Elle apercevait des
lits de fer occupés à travers les portes pare-soleil, mais
aucun son n’en parvenait. Le médecin la reçut avec un
grand retard et une gerbe d’excuses. Il se flattait d’être
encore bel homme, exerçant son charme sur de jeunes
patientes qui ne voyaient qu’une tête de vieux chien et
des manières d’un autre siècle.
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On ne se libère pas des vrais chagrins, on réaménage son âme pour vivre avec.
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Chuong lui offrit une minuscule banane verte à
moitié pelée. Elle la dégusta avec des mimiques de
singe qui le firent se tordre de rire. Il y eut ensuite les
deux tartines au beurre ranci dont il avait déjà goûté
la confiture. Elle en prit une pour lui faire plaisir et lui
laissa l’autre. Lorsqu’elle eut fini, elle s’essuya les
mains sur la serviette humide qu’il lui tendait.
— Allons monter ! quémanda-t-il.
— Pas maintenant, Chuong. J’ai un rendez-vous.
— La bête ! insista-t-il en exhibant une boîte de
cachous percée de trous.
Elle fit semblant d’avoir peur et il rempocha son
trésor, torse bombé, très satisfait de son petit effet.
Chaque matin, ils rendaient visite à la tante Maude
qui le gavait de friandises et lui confiait de menues
tâches afin de le soustraire aux ordres criaillants de ses
parents. Chuong ne manquait jamais de ravitailler en
insectes le margouillat supposé être son Époux réincarné. « Un lézard, qu’est-ce qui a pu lui donner cette
idée ? », s’était étonnée Gabrielle lorsque François
l’avait prévenue de la particularité de sa tante. La
14réponse de son mari l’avait fait rougir jusqu’à la
racine des cheveux.
— Je vais chez le docteur, expliqua-t-elle.
— Ba dam encore bo bo ?
— Non, plus bobo.
L’enfant la scruta, désorienté, puis son visage
s’éclaira.
— Chuong porter panier.
— Plus tard, soupira-t-elle.
C’était la formule capable de le faire patienter des
journées entières. Il alla s’asseoir sur la dernière
marche de l’escalier et elle s’enfuit de la maison avec
l’impression d’avoir commis une mauvaise action.
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Gabrielle Saint-Jean descendait souliers à la main
dans l’espoir d’échapper à la vigilance de Chuong,
mais le petit garçon l’attendait déjà au pied de l’escalier, les yeux brillants d’impatience.
— Bonjour monsieur Chuong, dit-elle pour le
faire rire.
— Bonjour Ba dam, hoqueta-t-il, ravi. Ba dam
veut thé ? Chuong tout préparé.
— « Madame veut-elle du thé ? », corrigea-t-elle.
« J’ai tout préparé. » Répète.
Il prit son air de chenapan et s’enfuit vers la salle à
manger. Elle fut bien obligée de traverser le salon disparate pour le rejoindre dans l’antre du buffet
Henri II. On avait laissé sa place mise afin de souligner son absence au petit déjeuner. Son thé au jasmin
refroidissait sous une soucoupe retournée. Elle s’assit
et regarda Chuong découvrir le breuvage insipide
avec un sérieux de maître de cérémonie. Elle mourait
d’envie de l’embrasser, mais cela ne se faisait pas chez
les Annamites. Il fallait respirer le visage des petits,
bouche entrouverte, comme si l’on s’apprêtait à les
dévorer. Chuong avait un minuscule menton volontaire, un teint d’abricot pâle et des baguettes d’ébène
13qui seraient bientôt ramassées en chignon. S’il n’était
pas grand pour ses dix ans, son intelligence était celle
d’un enfant plus âgé. Elle avait suggéré qu’on l’envoie
à l’école et entendait encore le gloussement inepte de
sa belle-mère, tandis que son beau-père se retranchait
derrière son journal.
— Ne bouleversons pas l’ordre des choses, avait
conseillé François.
— Tu n’es pas sérieux ! s’était-elle exclamée, horrifiée par l’apathie coloniale de son mari.
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Valérie Hanotel
à vingt-trois ans, on ne se contente pas d'un pavillon étriqué dans un pays exotique, on lève une tête pleine de foi vers des cathédrales de désir.
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"Dans un monde faux, les femmes franches sont ce qu'il y a de plus trompeur" Sainte Beuve
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Valérie Hanotel
La colonie, cette province boursouflée
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