Nous allons dans notre première salle de cours. Je découvre une petite fille de neuf ou dix ans, assise sur le bureau du prof, à balancer ses jambes. Elle porte un uniforme d'écolière, des couettes et regarde tout le monde passer. Quand elle me voit, elle comprend qu'elle n'est pas invisible pour moi, et se matérialise alors devant mon bureau.
- Salut, toi!
Il s’est demandé ce qui a bien pu se passer, pour qu’elle soit dans cet état. Un agresseur invisible lui fait du mal et il ne peut rien faire. A part, la prendre dans ses bras et la serrer contre lui, la berçant comme une enfant qui a fait un mauvais rêve.
Elle s’est habituée au climat mais rêve d’un bon bain ou elle pourrait se prélasser dans des huiles parfumées.
En attendant, elle se contente de lire. Ce n’est pas ce qui manque sous cette tente, remplie d’antiquités. Entre les livres universitaires, les carnets des professeurs et archéologues, les notes prises par Kassim et celles de Vincent, Théa s’en donne à cœur joie. Cette dévoreuse de livres et de connaissances, est servie.
Fan de mystères antiques depuis son plus jeune âge, entre les contes et les livres pour enfants de son grand-père, elle a voué une petite passion pour les époques englouties. Tous ces pays de légende.
Quand il se retourne, il reste un instant bouche bée. Elle est si belle dans cette robe blanche, elle possède un côté antique. Il apprécie cette robe, qu’il a choisie d’ailleurs, qui dévoile deux jambes ravissantes terminées par ses ballerines rouges. Il songe au magicien d’Oz et à un conte d’Andersen.
Dès qu’il a quitté la pièce d’eau, Vincent a poussé un long soupir, essayant de chasser cette tension qui l’envahit sans répit. Les réactions de son corps, à proximité de Théa lui met les nerfs a vifs. Hélas, elles sont bien là, cette femme délicieusement attirante et cette envie de posée ses lèvres sur son cou pour savoir si son parfum lui monte encore la tête.
Ce désir, puissant et dévastateur, le possède dès qu’il la voit. Bien qu’il se soit ordonné de garder ses distances avec elle, c’est plus fort que lui. Il la veut, oui, mais la dernière fois qu’il a accordé son cœur à une femme, cette dernière l’a poignardé.
Ça me met toujours en rogne quand les gens prétendent tout savoir sur quelqu’un qu’ils connaissent à peine.
Moi par exemple, je suis grande, mince et j’ai de longs cheveux bruns. Je porte parfois des lunettes sur mes yeux marron presque noisette, qui d’après mon amie me font ressembler à un rat de bibliothèque. Je trimballe la plupart du temps un bouquin, toujours partante pour relire un livre qui me plaît plutôt que le dernier ‘‘Closer’’. Je ne suis pas d’humeur à prendre des risques. Je ne fume pas. Je ne bois pas. Je fais peu de sport. Je parle trois langues (quatre si vous comptez le latin).
Avec tous ces éléments, les gens pensent que je suis une pauvre intello. Que je suis asociale. Que je vis dans un monde de livres. Que je parle toute seule. Que je suis bizarre.
Masariel et Nino sont fins prêts au départ. Muni chacun d'un cheval et de provision, le jeune guerrier prend la tête de l'expédition. L'impératrice leur a donné toutes les informations nécessaires afin de trouver Abazor, avant qu'il ne s'empare d'Excelcior. Zig se joint à eux, malgré les réticences de la jeune souveraine. Les paysages sont à la fois magnifiques et effrayants dans ce monde. Et comme si le ciel s'était voulu le miroir des pensées de Nino, il se pare de nuage, aussi blanc que du coton. Le jeune guerrier et le sauveur, ne sont pas encore arrivés à mis-parcours de leur chevauchée, qu'un phénomène étrange se produit.
_ Regardez ! crie Zig. Des remous dans la terre.
Masariel remarque vite que cette traînée leur fonce droit dessus.
_ Demi-tour !!
Quelques minutes plus tard, je m'endors près du garçon que je ne supporte pas. Mais juste avant de sombrer dans les bras de Morphée, je me demande si je vais me réveiller près de ce Vadim- là, doux et aimant, ou de son alter ego arrogant.
J’ai un don. Ou plutôt une malédiction. C’est mon point de vue. Pourquoi ? C’est simple. Je vois les fantômes. Toutes sortes de fantômes.
Depuis l’âge de trois ans je parle avec eux. Ce qui m’a valu à plusieurs reprises des séances chez le psy. Mes parents ont toujours cru que je parlais toute seule ou avec mon « ami imaginaire ». Ce qu’ils ignorent c’est que les esprits se baladent parmi nous. Certains sont bons et inoffensifs. D’autres sont mauvais et vous veulent du mal. Certains veulent jouer avec vous. D’autres veulent vous posséder. Mais leur but à tous est de rejoindre la lumière. Finir leur existence en paix
Dans cet univers tout existe. La Terre n’est que le milieu du monde. Tu possèdes un don, Léna, tu le maîtrises mais tu ne le contrôles pas. On a tous un rôle à jouer. Certains sont de simples mortels et d’autres sont comme toi.
Enfant, il voulait être archéologue mais étant un cancre à l’école il a préféré aller dans une école militaire.
Bref, le monde et ses mystères magiques le fascinaient et à force de le voir le nez dans ses livres ou l’entendre me raconter des contes fabuleux, il m’a contaminé. Peu après qu’il ait fait de moi sa fille officielle, j’avais le nez dans les mêmes lubies que lui : les langues anciennes, les cultures mythologiques, les cultes magiques, les artefacts symboliques et j’en passe. Parfois, je me moquais de lui en l’appelant Indiana Jones sauf qu’il n’avait ni le chapeau ni le fouet.