Elle s’assoit et retire la couverture. Un vent glacial souffle dans la chambre. Elle sentait une telle chaleur dans la maison de retraite, comme si on avait réglé le chauffage au maximum dans toutes les chambres. L’air était sec et sentait bon. Elle n’a pu s’empêcher de penser au passé, aux jours et aux semaines pendant lesquels on n’avait pas encore emmené les morts. Au-dessus de la ville flottait une cloche faite de l’odeur doucereuse des cadavres et du brûlé.
Au réveil, elle sent sa tête lourde et ses membres raides, il fait froid dans la chambre. Elle a oublié de fermer la fenêtre qui est restée ouverte. Elle se demande un instant où elle était ce matin avec Steffan, puis lui revient l’image des couloirs jaune pâle dans la maison de retraite et elle commence à s’agiter. On ne peut presque rien y apporter. Tout est fourni dans les petites chambres : les meubles, les draps, les serviettes, les rideaux. “Tout ce qu’il faut”, a dit la jeune directrice enthousiaste et elle aurait tant voulu lui demander si elle aussi, elle vit dans dix-huit mètres carrés et dort dans les draps des autres. Mais elle a plutôt hoché gentiment la tête et fini par signer. L’idée lui semble absurde : devoir vider la maison en quelques semaines, cette maison où elle a passé sa vie entière, emballer tout ça pour le donner ou, pire, l’envoyer à la poubelle. Elle s’assoit et retire la couverture. Un vent glacial souffle dans la chambre. Elle sentait une telle chaleur dans la maison de retraite, comme si on avait réglé le chauffage au maximum dans toutes les chambres. L’air était sec et sentait bon. Elle n’a pu s’empêcher de penser au passé, aux jours et aux semaines pendant lesquels on n’avait pas encore emmené les morts. Au-dessus de la ville flottait une cloche faite de l’odeur doucereuse des cadavres et du brûlé