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Denis Dumas (Traducteur)
EAN : 9782330177874
256 pages
Actes Sud (05/04/2023)
3.71/5   17 notes
Résumé :
Au printemps 1945, quelques heures avant l'arrivée de l'Armée rouge, la ville de Demmin a été le théâtre du plus important suicide de masse de l'histoire allemande.
La vieille dame qui s'apprête à partir en maison de retraite n'était alors qu'une petite fille, mais ces journées atroces l'ont marquée au fer rouge. Pour la jeune Larry qui vit en face de chez elle, en revanche, Demmin n'est synonyme que d'ennui. Un jour elle partira, loin de cette ville triste ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique


Après Ghost town, la rencontre avec les fantômes allemands de Demmin s'avère moins intense et d'un tout autre registre.
Une adolescente qui porte en elle le fantôme de son petit frère mort quelques jours avant sa naissance, s'ennuie dans une ville elle aussi hantée par les fantômes du passé. Un drame historique s'est en effet produit à Demmin.
En mai 1945, une vague massive de suicides s'est abattue sur cette petite ville abandonnée par l'armée allemande dont les habitants, surtout des femmes avec leurs enfants, sont terrorisées par les crimes commis par l'Armée rouge. Piégés dans cette ville abandonnée par les autorités et dont les ponts avaient été détruits, les habitants ne purent supporter les viols commis sur femmes et enfants . le bilan fit entre 500 et 1000 morts en quelques jours pour une population de 20 000 habitants. Beaucoup choisirent la noyade dans le fleuve qui baigne la ville, les mères emportant leurs enfants avec elles.

Larry en tant qu'adolescente ne porte pas le fardeau de ce passé, elle se promène là où ont marché les ados de son âge en 45, elle va même tomber dans la Peene où des centaines d'entre eux se sont volontairement noyés. Si elle connaît l'histoire de sa ville, elle ne se sent pas concernée. La jeune fille d'aujourd'hui cherche l'aventure, veut devenir reporter de guerre et s'entraîne à la survie en milieu hostile. Elle tente de battre ses records : la tête en bas, la tête dans l'eau. Tout est prétexte à être chronométré, même les courses au supermarché du coin. Si elle exprime la déprime d'une adolescente ordinaire, on s'aperçoit néanmoins que l'idée de la mort n'est jamais très loin.
" le dimanche à Demmin, on se sent comme dans un bain rempli d'eau tiède. Je sais pas trop pourquoi mais le dimanche, j'éprouve souvent dès mon réveil ce sentiment de grisaille qui ne me quitte pas de la journée, qui devient de plus en plus sombre et finalement, complètement noir. J'aime peut-être moins les dimanches que les lundis. "

Larry n'est pas suicidaire. Et pourtant elle côtoie souvent le tragique : la mort de son petit frère, le cancer de la mère de sa meilleure amie, ses exercices de survie, son travail dans le cimetière, la séparation de ses parents et le deuil de son enfance.
Et puis il y a l'histoire parallèle de cette voisine âgée qu'elle ne connaît pas vraiment mais qui est un repère dans son existence.

L'auteure a choisi de mêler deux voix sans jamais qu'elles se croisent , afin que chacune éclaire l'autre. Si l'une se projette dans l'avenir et l'autre se retourne vers le passé, il reste cette empreinte invisible et pourtant indélébile du passé sur nos propres vies.
Comme en contrepoint, alors que Larry combat ses fantômes, ceux de la vieille dame ressurgissent au fur et à mesure qu'elle se souvient des drames de son passé.
Mais le ton reste léger, voire humoristique en évoquant les déboires de l'adolescente. Aucun pathos, parce que finalement l'instinct de survie prédomine et qu'il faut bien continuer à vivre.


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Demmin, en Allemagne. C'est dans cette ville qu'en 1945, alors que les troupes soviétiques arrivaient, eut lieu un suicide massif de la population locale afin d'échapper ainsi aux horreurs qui les attendaient. Alors qu'elle s'apprête à partir en maison de retraite, madame Dohlberg n'a rien oublié de ces sombres heures et pense sans cesse à sa mère et ses soeurs. Dans la maison d'en face, il y a Larissa. Cette adolescente de quinze ans a le rêve de devenir correspondante de guerre afin de quitter cette ville au plus vite. Présent et futur se côtoient et cohabitent avec un passé terrible.

Je ressors conquise par ce petit roman, mais surtout terriblement bouleversée. J'ignorais tout de l'histoire de la ville de Demmin. Même si l'auteure ne place pas cet événement tragique au centre de son récit, ce drame nous est tout de même dévoilé par petites touches au travers du souvenir de madame Dolhberg, personnage qui m'a beaucoup touchée.

Le récit va davantage se centrer sur Larissa, et son ambition à devenir correspondante de guerre. Elle va ainsi se livrer à des exercices toujours plus exigeants afin de se préparer au mieux. D'emblée, je me suis attachée à ce personnage au fort caractère mais tout en sensibilité, qui doit vivre avec un drame familial.

J'ai pensé que Larissa et madame Dohlberg se côtoieraient tout au fil des pages, mais il n'en est rien. Chacune vit de son côté, avec son drame personnel. J'en ressors bouleversée, notamment par la fin.

La plume de l'auteure m'a beaucoup plu. J'ai apprécié le schéma narratif, puisqu'elle va alterner les chapitres entre le quotidien de Larissa, qui se prépare pour le futur, et le quotidien de madame Dohlberg aux prises d'un passé trop douloureux. Les passages de Larissa sont plus nombreux et narrés à la première personne, procédé qui me plaît beaucoup afin de suivre aux mieux les pensées des personnages.

Un roman bouleversant, qui fait référence à un drame historique peu abordé en littérature et narrant au travers de ses personnages féminins les drames personnels de chacune. J'en ressors très émue et c'est une lecture que je conseille sans hésiter.
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Continuant un petit tour du côté de la littérature germanophone, j'ai trouvé en bibliothèque ce roman présenté par Eva au printemps. le cadre en est la ville de Demmin, en Poméranie, entre Berlin et la mer du Nord. Une adolescente, Larissa, surnommée Larry, y vit une vie un peu morne à son goût. Elle se rêve reporter de guerre, et se prépare par des exercices de survie de son invention.
Le récit commence avec un petit côté roman pour ados avec la voix de Larissa, mais, une fois n'est pas coutume, j'ai aimé ce genre de narration. Il faut dire que Larry est une adolescente attachante, originale et déterminée, et qu'on sent vite que découvrir la ville avec elle ne va pas être un long fleuve tranquille.
Cette ville d'Allemagne est malheureusement connue pour une série de suicides qui s'y sont produits en avril 1945, lors de l'avancée des soviétiques vers la petite cité, une vague impressionnante de suicides sans commune mesure avec ce qui a pu se passer ailleurs. Cet aspect de l'histoire de sa ville n'est pas inconnu de Larry, qui occupe aussi un petit boulot bénévole au cimetière de la ville, autre originalité, assurément. La mémoire des disparus de 1945 est aussi présentée aux lecteurs plus ponctuellement par un deuxième personnage, une dame âgée pour qui les souvenirs de cette époque douloureuse remontent, alors qu'elle s'apprête à déménager en maison de retraite.
Les répercussions d'un drame dans une petite ville comme Demmin, même soixante-dix ans plus tard, même sur des jeunes qui n'étaient pas nés, sont considérables et parfaitement examinées dans ce roman. Pour autant le récit ne perd jamais un certain optimisme, grâce à la jeunesse et la foi en l'avenir de Larissa. C'est une lecture touchante à la fois par ce pan d'histoire allemande évoqué et par le choix des personnages et de la narration : un premier roman très réussi.
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1945, la petite ville de Demmin au Nord-est de l'Allemagne est envahie par les Russes, terrorrisées les habitants se jettent dans le fleuve pour échapper à l'Armée rouge, ce fut un des plus grands suicide collectif de cette guerre. Des années plus tard, une habitante très agée se souvient et n'oublie rien, elle va quitter sa maison pour un EMS. En face de chez elle vit Larry, une ado un peu déjantée qui s'ennuie et s'invente plusieurs tortures, car elle veut devenir reporter de guerre. Elle raconte d'une manière amusante ses rapports avec ses parents et ses amis. Un roman pas forcément triste malgré les horreurs de la guerre. Larry. L'adolescente qui n'a rien connu de tout cela, représente la génération d'aujourd'hui pleine de doutes et de contradictions. JB
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Larry devenue une vieille dame, obligée de quitter sa maison pour terminer ses jours en maison de retraite revient sur ses années d'adolescence, moment combien difficile , c'est la guerre et elle habite Demmin ville martyre d'Allemagne où une partie de la population se suicidera pour échapper à l'armée rouge et ses purges.
Une histoire romancée qui si elle rend compte de la situation n'a pas l'impact qu'avait pu avoir la lecture des suicidés de Demmin.
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critiques presse (1)
LeMonde
22 mai 2023
Le style sobre de Verena Kessler conjugue sans pathos le tragique de cette histoire vraie avec la fiction d’une adolescente en quête d’identité.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Elle s’assoit et retire la couverture. Un vent glacial souffle dans la chambre. Elle sentait une telle chaleur dans la maison de retraite, comme si on avait réglé le chauffage au maximum dans toutes les chambres. L’air était sec et sentait bon. Elle n’a pu s’empêcher de penser au passé, aux jours et aux semaines pendant lesquels on n’avait pas encore emmené les morts. Au-dessus de la ville flottait une cloche faite de l’odeur doucereuse des cadavres et du brûlé.
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Au réveil, elle sent sa tête lourde et ses membres raides, il fait froid dans la chambre. Elle a oublié de fermer la fenêtre qui est restée ouverte. Elle se demande un instant où elle était ce matin avec Steffan, puis lui revient l’image des couloirs jaune pâle dans la maison de retraite et elle commence à s’agiter. On ne peut presque rien y apporter. Tout est fourni dans les petites chambres : les meubles, les draps, les serviettes, les rideaux. “Tout ce qu’il faut”, a dit la jeune directrice enthousiaste et elle aurait tant voulu lui demander si elle aussi, elle vit dans dix-huit mètres carrés et dort dans les draps des autres. Mais elle a plutôt hoché gentiment la tête et fini par signer. L’idée lui semble absurde : devoir vider la maison en quelques semaines, cette maison où elle a passé sa vie entière, emballer tout ça pour le donner ou, pire, l’envoyer à la poubelle. Elle s’assoit et retire la couverture. Un vent glacial souffle dans la chambre. Elle sentait une telle chaleur dans la maison de retraite, comme si on avait réglé le chauffage au maximum dans toutes les chambres. L’air était sec et sentait bon. Elle n’a pu s’empêcher de penser au passé, aux jours et aux semaines pendant lesquels on n’avait pas encore emmené les morts. Au-dessus de la ville flottait une cloche faite de l’odeur doucereuse des cadavres et du brûlé
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