Véronique Bréger

L'argent achète tout. La fierté, l'honneur. Il asphyxie la honte.

En matière de sécurité informatique vous pouvez envisager tous les pare-feu, les blindages, les parades, il restera toujours une faille, une seule, l'humain.

— Nous, les hackers, on évolue en bande ou en groupe, si tu préfères. Grâce au réseau, on parcourt la Terre entière sans bouger d'un pouce de notre fauteuil et de nos écrans. A partir du moment où l'on cible ce que l'on cherchait, on a un max de chances d'y arriver. Je monte le plan. Que dirais-tu de Pandore comme nom de code ?
— Pandore ?
— Oui, Pandore. La boîte que les kitziniaris (citrons pourris) ne devaient pas ouvrir et qui va leur péter à la gueule.
— J'aime ton humour.
— Je suis très sérieux. Tu vois, je suis originaire de Sparte, ton projet doit titiller mon gène de guerrier.
— Et c'est moi que tu traitais de vieux con passéiste.

Le hacker, le vrai, pas celui que les journalistes ont baptisé ainsi par simplification à la place de pirate informatique, ne casse pas, il envisage, il invente et il construit.

Je revis mon père m'offrant pour mon entrée en 6ème la collection complète du Club des cinq. Je dévorais les aventures de la petite bande de copains et de leur singulière meneuse, Claude, à laquelle je m'identifiais. Je me découvris un goût prononcé pour le mystère, l'aventure, et m'orientais vers des lectures mêlant réalité et imaginaire.

Cette soirée s’annonce reposante. Mes idées noires s’estompent lentement au contact de son regard. Les yeux sont toujours importants dans une rencontre.

Un poisson rouge c’est sensible. Il faut veiller à ne pas faire de gestes brusques devant le verre, lit l’eau ! La température de l’eau ! Très important. Le poisson rouge est l’animal le plus torturé au monde. Le poisson rouge a besoin d’humanité !

- Le Rat Rouge ? C'est quoi, ce bordel ?
- The International Bank of the Red Rat.
- Et en clair ?
- Une banque made in China...
- Ils ont pourtant tout ce qu'il faut chez eux en matière grise, pourquoi font-ils bosser la LogForCorp ?
- Bah, on s'en fout, non... Si on se concentrait plutôt sur ton joujou...
- OK.
J'ouvris par un double clic les deux formulaires les plus anciens sur mon ordinateur. Sans surprise, nous retrouvâmes un outil familier, la synthèse hebdomadaire de l'ensemble des travaux réalisés par le Machin team.
- T'es trop fort, Traquenard !
Zebrowski ressemblait à un petit garçon devant le sapin un matin de Noël. Il exultait.

Un flot d’idées me traverse l’esprit. Je sais trop bien ce qui se passe dans ce type de situations. On se rencontre, on s’aime. On fait connaître l’autre à ses proches et à sa famille. On décide d’une vie à deux. On se fabrique des souvenirs et un matin, il ne reste plus que les albums photos à feuilleter. Voici le raccourci de notre existence. Cette nouvelle me blesse. La tête entre les mains, je pleure. Je pleure sur notre nature humaine, si forte et si vulnérable. Je pleure sur une certaine idée de la fatalité des événements qui nous touchent, sur les décisions que nous prenons, sur les choix qu’il faut
faire.

Retrouver Fanny, c’était vivre à nouveau. Sentir son sang et son cœur battre à ses tempes. Respirer. Elle poussa le fauteuil où elle allait passer le reste de la nuit, vers la couche de sa Belle au bois dormant. L’étau qui immobilisait ses pensées se desserrait. Elle se laissa tomber sur le tissu usé du siège,épuisée. Son esprit s’emplissait d’une douce mélodie.