Véronique DUVAL. Rencontre avec des paysans remarquables.
Dans ce documentaire, Véronique DUVAL nous présente cinq familles d’agriculteurs exerçant leur profession en Charente-Maritime, dans la plaine de l’Aunis, plaine sédimentaire composée de calcaire et de marne, propice à une culture maraîchère diversifiée, céréalière, et d’élevage : une polyculture familiale. Cependant avec l’évolution et même la révolution dans le domaine agricole, cette agriculture paysanne cohabite de nos jours avec un système agro-industriel mondialisé dû à la mécanisation, la modernisation et surtout l’appât du gain….
Les cinq familles affichées à notre jugement , tiennent toutes les mêmes propos, et critiquent l’utilisation à outrance des produits phytosanitaires, des herbicides, des fongicides, des insecticides qui, non seulement touchent les cultures hors sols, mais s’infiltrent dans les sols, atteignant les cours d’eaux, les nappes phréatiques. On les retrouve ensuite dans l’air, le sol, l’eau, dans tous les éléments naturels. Ces hommes et ces femmes, au contact quotidien avec la terre, leur instrument de travail, nous rappellent à l’ordre, il faut la respecter, l’utiliser à bon escient et ne pas l’user, en abuser, en la maltraitant. C’est elle qui nous nourrit…. Cela implique de nouvelles normes, il faut se diversifier, apporter un plus, introduire des compléments de ressources, fabriquer le pain, le livrer, transformer les récoltes sur place pour éviter les intermédiaires, et ainsi diminuer les charges. Nos cinq familles ont réussi leur mutation.
A la suite de la seconde guerre mondiale, l’agriculture a subi d’énormes transformations, d’où une mutation. Il y a eu une gigantesque modernisation, une mécanisation disproportionnée sur certains terroirs, l’emploi accru des engrais, pour un soi-disant meilleur bénéfice , il faut produire davantage, au détriment de la qualité. C’est la course au profit, au rendement, au détriment de la qualité gustative et de la santé humaine et animale. N’est-ce pas l’homme qui est à l’origine de l’ESB , ou vache folle…. Mais enfin quelle idée de donner à des ruminants des produits carnés ! ! ! ! Mais ce n’est pas le sujet du jour. Je suis issue de la masse paysanne de la France profonde et je me permets de donner mon avis….
Il faut à tout prix augmenter les productions pour nourrir l’humanité et les laboratoires, Monsanto, l’américain, Bayer, l’allemand et d’autres recherchent à améliorer par tous les moyens la productivité. Mais à votre avis, quel est celui qui s’enrichit le plus…. Non ce n’est pas l’exploitant agriculteur, utilisant les engrais, les fertilisants, les herbicides qui accroît le plus son capital….. Oui ce sont ces grands consortiums qui ruinent petit à petit nos sols. Combien de temps faudra-t-il pour changer les mentalités. Les familles ayant participé à cette étude l’ont bien compris. Il faut vite réagir, et peut-être est-t-il déjà trop tard ?
La protection de l’environnement, l’utilisation d’énergies renouvelables, et moins polluantes, l’introduction ou la réintroduction de cultures moins consommatrices d’eau, les assolements, l’alternance des cultures, la mutualisation des équipements devraient nous permettre de retrouver un monde agricole plus écologique, et permettre aux sols de se régénérer. Les cultures protéiques ne nécessitent ni arrosage, ni pesticide. Cela permettrait de réduire la pollution du sol, de la terre arable, celle qui nous apporte la nourriture et donne la vie. Mais déjà les grands groupes, fournisseurs exclusifs des semences freinent cette avancée : il est quasi impossible de se procurer des graines non enrobées de néonicotinoïdes. Ces laboratoires détiennent le monopole et les agriculteurs sont soumis à des quottas de semences non traitées. Lorsque j’étais enfant, mes parents, agriculteurs conservaient un part du grain produit pour l’ensemencement de la future récolte…. C’est presque interdit, enfin limité….
Et le paysage rural change…. Les fermes familiales, à échelle humaine disparaissent les unes après les autres. Il est onéreux de reprendre une ferme, les terrains agricoles sont vendus trop chers, les bâtiments existants désuets.... Les fermes-usines apparaissent. Fin de la polyculture, les champs immenses sont aux portes des villes. Parfois lorsque je vois des fermes abandonnées et à demi-détruites, mordues par la végétation, des jachères, des ronces envahissants d’anciens champs cultivés, je deviens nostalgique. Je me souviens avec beaucoup de tendresse des petites parcelles emblavées où les bleuets, les coquelicots, la nielle et le liseron se mêlaient allègrement aux épis blonds de l’avoine, du froment ! ! ! . Mais c’était hier….., ce temps est révolu…..
Véronique Duval dresse un beau tableau de l’agriculture raisonnée. Un ouvrage à donner aux futures générations d’agriculteurs-paysans, restaurateurs, maraîchers, arboriculteurs : une belle leçon de vie. Merci à Babelio de m’avoir sélectionnée et je suis ravie de partager cette étude avec vous. Bonne journée à vous tous. Je glisse mes pas vers d’autres horizons. Je repars aux États-Unis. Oui je vais lire « Betty » de Tiffany McDaniel. Je vous promets ma critique pour la semaine prochaine.
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