Véronique Mure

Botaniste respectée et photographe sensible, Véronique Mure nous incite à découvrir au long de cette balade la vie des végétaux du bord des chemins.

La préface de Francis Hallé situe la démarche dans le temps et l'espace.

Concevant son activité dans l'esprit de Gilles Clément , elle a (entr'autre ) réalisé les espaces extérieurs du Mucem à Marseille et enseigne aux futurs paysagistes .



Véronique MURE propose ici un vrai beau livre à s offrir sans hésiter si l'on veut mettre un nom sur les plantes du sud ou simplement se pencher sur telle pousse ou plantule lors d' une promenade au pays des cigales .

Bien que cet opus émane d'une professionnelle accomplie, ici nul verbiage savant .

Les termes scientifiques sont expliqués via leur étymologie grecque ou latine ,les descriptions sont souvent poétiques et font un contrepoint aux photographies .

Peut être le lecteur se lancera t il vers d'autres ouvrages plus "pointus" voire se donnera le loisir d'un stage pour découvrir le plaisir d 'herboriser au pied de restanques plus que centenaires ...

Le paysage de la garrigue a évolué au cours des siècles. En effet la quasi disparition de l'agriculture sur ces terres a fait évolué le paysage. La forêt reprend le dessus et les arbres sont beaucoup plus présents au XXème siècle. Dès le Moyen-Age la garrigue fut un terrain de cultures, les petits paysans y cultivaient les céréales, la vigne et l'olivier. Jusqu'au XIXe siècle ces cultures ont perduré et les moutons y trouvaient également leur pitance, mais dès le début du XXe siècle les cultures ont été abandonnées et la nature a repris ses droits en refermant le paysage. Actuellement nous pouvons observer les arbres (chêne vert, olivier), les arbustes (genévrier, petit houx, buis) et les herbes (thym, romarin) qui ont pris possession des lieux pour le plus grand bonheur de la faune locale.

On les appelle ici des mazets. Ailleurs ce sont des cabanons. Les mazets (petits mas, c'est à dire maisonnettes en occitan) sont les petits édifices érigés au fond d'un petit terrain enclos, sur la garrigue. Ceux dont il est question dans ce livre sont les mazets sur les hauteurs de Nîmes. Décor semi naturel, semi humain, ces jardinets comprennent en général un terrain pour le jeu de pétanque, un auvent ou une treille, une petite terrasse. La pièce unique possède une cheminée, mais pas l'eau courante, il faut aller à la pompe, ou aujourd'hui actionner le moteur du forage. On y pique-niquait le dimanche, et certains jours autour de Pâques.Des rituels alimentaires étaient attachés à ces dates: le Vendredi Saint, les protestants vont y manger la saucisse! ( d'Anduze, bien sûr!) le Lundi de Pâques, on y déguste l'omelette confectionnée avec les oeufs collectés par les enfants le Samedi Saint. On l'arrose de claret, piquette produite avec le raisin de la treille, rafraîchie dans l'eau de la citerne.L'arbre de Judée a déjà fleuri, place au lilas, aux iris. On inspecte le jardin de simples, herbes à usage aromatique ou pharmaceutique,que l'on vendra au porte à porte ou au marché.

Les victuailles sont placées dans les paniers d'osier de Vallabrègue, portés à bout de bras. On fait des photos de famille.

Aujourd'hui, cet héritage est encadré par des lois et règlements très stricts. Les villas ne peuvent plus être construites en extension du mazet. Cet ouvrage érudit et charmant mêle les souvenirs de la vie mazetière, des articles savants sur la végétation de la garrigue, des précisions sur l'usage de la pierre sèche, et des photos émouvantes. Pour 10 euros, offrez-vous un coin de Paradis...