C’était mon destin, dit-elle avant de déposer un baiser sur ses lèvres.
Elle dut lutter contre le désir d’absorber la vie qui pulsait en lui, de le dévorer entièrement. Il était temps pour elle de partir.
— Je t’aime.
« Ses jambes tremblaient sous l’effort à présent, mais la curiosité l’emportait sur la fatigue. Il poursuivit encore son chemin, et il avait parcouru une centaine de mètres quand il s’aperçut que la clarté du jour était plus forte. Ici la végétation devenait tout à coup moins dense. Il dépassa le bosquet derrière lequel la silhouette avait disparu et comprit pourquoi les végétaux avaient cédé du terrain. Au centre de la forêt s’élevait un arbre immense, beaucoup plus grand que les autres – beaucoup plus grand que n’importe quel arbre qu’il ait jamais pu voir, il en était certain. Il leva la tête pour tenter d’en distinguer le sommet et vacilla. La cime se perdait dans les nuages. Il s’approcha lentement, prenant conscience de la rumeur montant du feuillage opaque qui masquait le tronc de l’arbre vénérable. »
— Non !
Jiaan lança son bras en avant, effleurant à peine la surface de l’eau non loin de l’endroit où Matès venait de disparaître.
Non ! Remonte !
Elle se tendit encore, les yeux pleins de larmes. Elle n’y arrivait pas. Elle était trop loin.
Remonte !
Sans plus réfléchir, elle se jeta dans la rivière.
Remonte !
L’eau l’aveuglait, lui rentrait dans la bouche, le nez, elle avait du mal à respirer. Elle ne pensait qu’à une chose, sauver Matès !