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Citations de Vincent Jauvert (48)


À part l’ancien ministre de l’Intérieur de François Mitterrand, Pierre Joxe, devenu avocat pour mineurs, il ne s’agit pas, pour ces énarques, de défendre la veuve et l’orphelin. Mais d’entrer dans le monde des affaires. En monnayant leur connaissance intime de l’État.
Pourtant, certains rechignent à franchir le pas. À la même époque que ses amis Hollande et Royal, Michel Sapin, lui aussi « voltairien », se pose des questions sur son avenir. « En 1993, j’avais 41 ans, j’étais ministre de l’Économie de François Mitterrand, raconte-t-il. Quand la droite a gagné les élections, je me suis dit : pourquoi pas le privé ? Comme je suis magistrat, je pourrais devenir avocat. »
L’ancien patron de Bercy prend contact avec un grand cabinet français. Les associés l’invitent dans un restaurant ultrachic. « À la fin du repas, se souvient Michel Sapin, je leur demande naïvement : ‘‘Que ferais-je chez vous ?’’ »
La suite du dialogue est savoureuse. Et ô combien révélatrice :
« Vous venez de faire adopter une loi sur la prévention de la corruption. Vous pourriez aider nos clients à ce sujet.
— Comment ? En leur montrant les failles de cette loi que j’ai imaginée ?
— Ben oui.
— Non, ça je ne peux pas. Ce ne serait pas déontologique.
— Mais alors, à quoi d’autre pourriez-vous bien nous servir ? »

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Emmanuel Macron déteste les privilèges des grands commis de la République. Leur entre-soi mortifère aussi. C’est ce qu’il dit, en tout cas. Dans son livre de campagne, Révolution, il fulmine contre « les hauts fonctionnaires [qui] se sont constitués en caste ». « Il n’est plus acceptable, ajoute-t-il, qu’ils continuent à jouir de protections hors du temps. » Fort bien.
Seulement voilà : son univers – la Macronie – est peuplé de ces intouchables d’État.

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L'inspecteur des Finances Jean-Pierre Lieb a fait toute sa carrière à la DGFiP dont il a dirigé la branche "fiscalité des entreprises". A 52 ans, il décide de changer de vie. Et d'employeur. En 2014, il se retrouve chez EY Société d'avocats. Où ? Dans le département "Business tax services", pardi !
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... il s’est retrouvé, du jour au lendemain, administrateur d’Atos, avec une rémunération d’environ 40 000 euros par an, ce qui lui permet d’agrémenter son train de vie de maire et de président de l’agglomération du Havre pour lesquels il est rémunéré 8 400 euros bruts par mois. Et ainsi d’amoindrir sa perte de revenu, puisqu’en tant que Premier ministre il percevait 15 000 euros bruts par mois.
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Un jour, je demandais au financier Alain Minc s’il connaissait le montant des revenus du maire de Toulouse – quelques jours auparavant, il avait affirmé que l’édile de la ville rose n’était pas assez rétribué. « Dans l’atmosphère populiste, démagogique ambiante, avait dit-il lancé, on n’ose pas dire : le métier politique n’est pas rémunéré. Combien gagne un maire ? Un maire gagne quelques milliers d’euros, le maire d’une ville comme Toulouse. Tout cela n’a pas de sens. » En fait, il ignorait le vrai chiffre. Je lui indique donc : 10 000 euros net par mois tout compris. Il répond que cela est trop peu et qu’il faut éprouver une « jalousie de journaliste » pour penser le contraire. Au passage, je rappelle à Alain Minc que 10 000 euros par mois, c’est exactement le montant de ses émoluments comme président du conseil d’administration de la Sanef, une société d’autoroutes. « Vous savez, ces jetons de présence sont à peine quelques pourcents de mes revenus totaux », s’empresse-t-il de rétorquer, de peur sans doute d’être assimilé à un tel gagne-petit.
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Ah, un conseil d'administration ! Pour un haut fonctionnaire c'est fromage, dessert et pousse-café. Prenez Jean-Claude Trichet, ancien gouverneur de la Banque de France et de la BCE (banque centrale européenne). Cet inspecteur des Finances de 75 ans (qui) début 2013 a été désigné administrateur d'Airbus, comme représentant de l'Etat qui détient 11% du capital. En 2016, le conseil d'administration s'est réuni six fois. A chaque reprise il était présent. Il a donc encaissé le maximum de jetons de présence: 160 000 euros. Depuis 4 ans, 585 000 euros, de quoi arrondir sa pension. Mais au fait, pourquoi se retrouve-t-il là, lui qui a fait sa carrière dans la banque, pas dans l'aéronautique ? "Détrompez-vous, lance-t-il en fronçant ses épais sourcils, j'ai été conseillé aéronautique d'un président français." Lequel ? "Giscard." C'était en 1974, il y a plus de quarante ans. Oui, immuable France.
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Prenez Alain Juppé. Oui, même Alain Juppé, aujourd’hui statue du commandeur de la politique française. En novembre 2002, il est élu président du nouveau parti chiraquien, l’UMP, juste après Renaud Dutreil… Il a 57 ans et demi. Il décide de liquider ses droits à la retraite d’inspecteur des Finance. Cela fait 38 ans qu’il cotise, alors que, de fait, il n’en a travaillé que quatre à l’inspection, de 1972 à 1976.
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En épluchant les dossiers confidentiels de la CIA et du département d’État, il m’est apparu que Jean de La Grandville, dont les premiers quartiers de noblesse remontent au XVIe siècle, avait, de juin 1964 à fin 1966, informé secrètement les Américains sur tous les projets de De Gaulle concernant l’OTAN. Il a trahi en toute conscience.
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Du jour au lendemain les français vont pouvoir connaître les rémunérations actuelles et passées des ministres, des maires de métropole, des présidents de département, des conseillers régionaux mais aussi des hauts fonctionnaires: les directeurs d’administration centrale, les ambassadeurs, les préfets, les trésoriers, payeurs généraux, les recteurs d’académie… Pour la démocratie, c’est une grande avancée. Pour la noblesse d’Etat, un affront insupportable. Elle va manoeuvrer en catimini.
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C'est un ambassadeur réputé, brillant et affable. Seulement voilà : sa femme est un tyran domestique. Elle harcèle le petit personnel. Dans les pays où il est nommé, la presse locale en parle. Début 2016, un employé de leur résidence décide de porter plainte pour harcèlement contre cette maîtresse de maison insupportable. Mais l'ambassadeur est une importante personnalité. Le ministère des Affaires étrangères ne veut pas qu'il soit contraint de quitter son poste, à cause de cette affaire. Alors, le Quai décide de passer un accord confidentiel avec le plaignant qui sera signé le 1er avril 2016. En échange de son silence sur les méfaits de la dame, l'Etat français lui verse près de 40 000 euros. Avec l'argent du contribuable, évidemment.
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Prenez aussi Muriel Pénicaud, désormais ministre du Travail. C'est une admirable négociatrice. Surtout lorsqu'elle défend son propre beefsteak. Début 2015, Laurent Fabius et Emmanuel Macron décident de la nommer à la tête de Business France, l'agence chargée de promouvoir les PME françaises à l'étranger. A quel salaire ? Le poste est nouveau, il faut palabrer. Après des aller et retours, l'impétrante, auteur d'un rapport opportunément intitulé Bien-être et efficacité au travail..., obtient 225 000 euros bruts par an. Près de 19 000 euros par mois. Chapeau l'artiste !
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Des ministres d'Edouard Philippe qui ont accumulé des fortunes dans des allers-retours entre le public et le privé et qui ont bénéficié personnellement de la suppression de l'impôt de solidarité sur la fortune ( ISF ) décidée par le gouvernement auquel ils appartiennent .
Des femmes et des hommes politiques qu'Emmanuel Macron récompense , en coulisse , pour avoir changé de camp , avec des jobs rémunérés parfois plus de 200 000 euros par an .
Des anciens ministres de droite comme de gauche , et non des moindres , qui vendent leur carnet d'adresses au plus offrant et deviennent , à prix d'or , de vulgaires lobbyistes .
D'autres qui rentabilisent leurs réseaux en montant des fonds d'investissements , parfois aux limites de la loi .......
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Un membre du Conseil D’état, ça nous est très utile, explique un associé de l'une de ces firmes juridiques (...) pour défendre des clients face aux autorités de régulation, on ne peut pas trouver mieux qu'un conseiller d’État.
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Bientôt donc arriveront en masse à l’ENA des élèves dont les deux parents, voire les grands-parents, seront énarques. La haute administration risque alors d’être confisquée par ces familles d’État toutes-puissantes.
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Dorothée Pineau est une femme du centre, donc de droite, diront certains. Dans sa jeunesse, elle a milité pour Raymond Barre. En 2007, elle a dirigé la campagne de François Bayrou. « Mais je l’ai quitté quand il a refusé de soutenir Nicolas Sarkozy », raconte-t-elle. Après la défaite de son poulain, elle retourne au Conseil d’État le temps de souffler. Puis elle prend la direction des chambres de commerce.
En 2013, des chefs d’entreprise lui proposent de s’occuper d’un autre poulain : l’industriel Pierre Gattaz, qui brigue la succession de Laurence Parisot à la présidence du patronat. Avec lui, « cela a été le coup de foudre », lance-t-elle, toute chose. Enthousiasmée par son programme ultralibéral, elle accepte. Mais elle aimerait bien mêler l’aventure du privé et le confort de l’État. « J’ai demandé au vice-président du Conseil d’État de me mettre en détachement au Medef, et non en disponibilité, afin que mon ancienneté et mes droits à la retraite continuent à s’accumuler, dit-elle en toute franchise. C’est ce que l’on fait quand on va dans un établissement public. » Elle ajoute, le plus sérieusement du monde : « Je lui ai expliqué que c’était un peu pareil, qu’au Medef j’allais travailler pour l’intérêt général » ! Un peu comme à la Fondation de France, quoi. Elle ne comprend toujours pas bien pourquoi cela lui a été refusé.
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Que va-t-il faire ? [Michel Sapin] « Je travaillerai avec des gouvernements étrangers pour la mise en place de dispositifs anticorruption, en Afrique notamment, et cela dans le cadre d’appels d’offres mondiaux », assure-t-il. L’argent ? « Ce n’est pas pour ça que j’ai accepté. Comme senior advisor, je serai payé 500 euros de l’heure, ce n’est pas cela qui va changer mon niveau de vie, surtout qu’après charges et impôts il ne m’en restera que 30%... ».
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C'est l'affligeante histoire d'un ambassadeur de renom - et de gauche - soupçonné d'avoir confondu la caisse du Quai d'Orsay avec la sienne... et de l'inavouable mansuétude dont il a bénéficié de la part de François Hollande.
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"Je connais bien cette institution (la Cour des comptes). Je l’ai choisie après l’ENA pour pouvoir trouver le temps de faire parallèlement de la politique. D’ailleurs, les membres sont deux par bureau, pour que chaque personne puisse vérifier que l’autre n’est pas en train de dormir."
F. Hollande 2017.
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Et puis il y a Sciences Po... Certes les temps ont changé... Jusqu'à son décès en 2012, son président Richard Descoings, dit "Richie" gagnait la modique somme de 537 000 euros par an ! Aujourd'hui, son successeur, Frédéric Mion, dit "le Roi Mion", émarge à 200 000 euros bruts par an. Ce montant qui est le double du salaire moyen d'un président d'université, paraît déraisonnable à la Cour des Comptes (qui) ne peut pas dire toute la vérité. Que Sciences Po est un établissement public à part : tous les pontes des grands corps de l'Etat en sont administrateurs.
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"Emmanuel, nous l'avons soutenu dès le début, en coulisses. Mais il ne fallait pas que ça se sache. On aurait dénoncé l'entre-soi." Aujourd'hui, elle peut le confier. Le savourer même. Sylvie Hubac est membre fondatrice des Gracques, ce club de hauts fonctionnaires bobo et très influents qui ont discrètement aidé le candidat Macron. Cette conseillère d'Etat préside l'établissement qui gère le Grand Palais. Elle gagne 192 000 euros bruts par an. Soit plus que le président de la République lui-même. "C'est vrai, mais je ne suis pas la seule à être payée autant", précise-t-elle, un peu gênée.
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