"Comment a-t-on pu penser agir pour le bien de notre enfant en la laissant souffrir ? [...] On déformait son message en lui renvoyant l'idée que sa souffrance était un caprice et on minimisait la situation pour arriver à la supporter." (p.10)
Camille a hurlé, tempêté, poussé de hauts cris. Et nous sommes restés sourds. Ses pleurs, c'est tout ce qu'elle avait pour se défendre, se révolter, appeler au secours. Et nous, sa famille, n'avons pas voulu l'entendre. C'était de son côté que quelque chose n'allait pas, Camille n'avait pas de raison de se comporter comme ça. Elle devait accepter, apprendre à se maîtriser. On déformait son message en lui renvoyant l'idée que sa souffrance était un caprice et on minimisait la situation pour arriver à la supporter.
« Je me souviens de la première fois où je suis allée la chercher. Son regard perdu, son visage rougi par les larmes. Je ne m’y attendais pas. Au moment de la laisser, Camille m’avait embrassée et s’était tout de suite tournée vers les jouets. Le changement de nounou avait l’air de se dérouler sans problème. J’étais partie l’esprit tranquille, persuadée que tout irait bien. »