Vitorino Nemésio

Si l’on cherche à mieux connaitre les Açores, archipel atlantique aux neuf îles volcaniques, le nom de Vitorino Nemésio apparaitra rapidement ; natif de Terceira, il est l’un des écrivains les plus emblématiques de ces territoires portugais, alors qu’il a démarré son oeuvre par la publication d’un recueil de poésie en langue française, ou comment bien rappeler le cosmopolitisme de sa population…

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Voici son chef-d’oeuvre, symphonie dédiée à ces terres battues par les vents et le sel, sobre évocation d’espaces pétries d’héroïsme tant que de lâcheté, de beautés du large qui se dérobent à leur approche, rappelant que chaque île n’est jamais aussi belle que vue depuis celle qui lui fait face.

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Une manière de raconter se rapprochant de celle d’Henry James, évoquant souvent sans bien préciser, laissant le lecteur relier au besoin quelques points, partagé entre un classicisme certain et une belle modernité ; situant son récit à la fin de la Première Guerre Mondiale, il le partage entre ces évocations des temps historiques — telles les activités baleinières disparaissant au profil du pétrole, ou les dernières grandes épidémies de Peste Noire — alors que les moeurs évoluent, à travers son héroïne Margarida qui oscillera toute l’histoire entre le passé et l’avenir, ainsi que dans sa douloureuse mais très humaniste évocation de l’homosexualité, les affres d’Angelo et son compagnon décrits avec pudeur mais détermination.

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Destins croisés, que l’éditeur aime à rapprocher avec celui de Roméo et Juliette, pivot d’une histoire opposant deux familles, qui aurait pu se résumer à l’amour impossible de leur descendance, bien que Nemésio finalement s’en détourne, trouvant toujours plus de profondeur dans son caractère féminin s’affirmant, que dans la pâleur de son pseudo-Montaigu s’affadissant.

Orchestral au début, donnant voix à beaucoup de personnages, son récit va peu à peu devenir un concerto pour Margarida, « na porton di nos ilha », jusqu’à son épilogue autant peuplé de doutes que de certitudes.

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Une sourde ironie flotte sur ces pages, très représentative de l’esprit de l’île de Faial où elles sont centrées, là où marchands anglais, ingénieurs flamands et lointains aventuriers côtoyaient quelques terriens ré-enracinés sur ces ares fertiles arrachés aux profondeurs de l’océan, où fleurit une société partagée entre lourds moeurs continentaux et une certaine fraîcheur propre au Large…

Bon vent à nos cousins macaronésiens…

Ou le charme amer de l'insularité...........