LE PIN
Comme il est beau ce vieux pin blanc,
sur les collines de ton enfance,
que tu es revenu visiter aujourd'hui...
Son murmure, c'est tout le souvenir de tes morts,
et tu songes à quand ce sera ton tour.
Son murmure, c'est pour toi
comme si tu avais écrit ton dernier livre
et n'avais maintenant qu'à te taire et pleurer,
pour que la parole fleurisse...
Ce qu'a été ta vie? Tu as quitté connu pour inconnu.
Et ton destin? Il ne t'a souri qu'une fois et tu n'étais pas là...
********************TROP ******************
Nous vivons trop court
pour pouvoir comprendre
que le corps ne veut plus rien .
Nous vivons trop long
pour pouvoir comprendre
les éclairs de l'esprit .
Parfois nous nous hâtons .......
ET DÈS LORS SEULE LA DOULEUR
Cela fait bien longtemps que le dieu du rire et des chants
a refermé l'éternité derrière lui.
Depuis lors seul de temps à autre
résonne en nous un souvenir mourant.
Et dès lors seule la douleur
jamais n'arrive à grandeur d'homme.
Elle est toujours plus grande que lui,
et pourtant il lui faut entrer dans son cœur...
cité par Sylvie Germain dans la pleurante des rues de Prague :
"Même celui qui est complètement abandonné par les gens, les fantômes,
par l'animal et par les choses, même celui qui parle tout seul
ne parle pas pour lui-même !
UN MATIN
Un matin, en ouvrant la porte,
tu as trouvé de chaussons de danse sur le seuil.
L'envie t'as pris de les embrasser et c'est ce que tu as fait aussitôt,
et soudain, après tant d'années, tu as ressenti de la joie,
les larmes que tu avais si longtemps refoulées
ont afflué dans un sourire
puis tu as ri et chanté de toute ton âme
dans un silence jeune…
Et tu n'as pas demandé qui était la belle
qui avait déposé ces chaussons sur le seuil.
Et tu ne l'as jamais su,
bien que cet instant de bonheur
t'aide encore bien souvent à vivre…
VOUS POUVEZ
Il y a de la place en moi, plus encore: de l'espace
pour votre chagrin et pour vos blasphèmes,
et même pour votre joie... Non, rien ne vous empêche
d'entrer un jour de grand soleil
et pas seulement quand il fait de l'orage...
Ici, vous pouvez pleurer et maudire
et tout près du mystère, rire, même rire-
personne ne vous empêchera de repartir.
Moi, je suis là, et vous ne faites que passer...
Comment vivre , comment être simple et ne pas manquer de parole ?
Toujours je n'ai fait que chercher le mot
Qui n'eût été dit qu'une seule fois ,
Sinon le mot qui n'eût jamais été dit jusqu'alors .
J'aurais du chercher des mots de tous les jours .
Même au vin consacré
on ne peut plus rien ajouter .
La vie comme jeu cruel
ou serait possible
que ce soit l'ironie
plus forte que le destin .
Pâle de compassion sur la fleur vénéneuse,
la lune nage.
Voici le moment, mon Dieu,
où je m'en vais à la recherche
d'un nom qui n'a pas de nom.
Et comme l'ego
affectionne les galeries de glaces,
nous mourrons comme ceux qui
vont au-devant l'un de l'autre et, ne se reconnaissant pas,
à jamais se ratent...
France, l'infamie de quelques-uns des tiens
est aussi profonde que le déshonneur qui nous touche. Car tu es un drapeau qui s'accroche à la honte,
tu es une voix sans voix.
Tu es l'avenir qui ne sera pas,
la pointure posthume des pleutres.
Le seul fait qu'aujourd'hui le vent souffle
donne une forme à tes loques.