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Dominique Grandmont (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070411528
350 pages
Gallimard (21/01/2000)
4.36/5   14 notes
Résumé :
Il est des hommes de stature sombre, massifs dans le clair-obscur, farouches, meurtris. Des hommes qui ne jouent pas le jeu commun. Ils ont tiré de lourds rideaux sur le ciel. Ils n'acceptent plus que la lumière des lampes, et des murs de livres et d'ombres. Vladimír Holan aura été l'un de ceux-là. Retranché dans sa maison de Prague, il fut cependant le témoin immobile, sorte de Commandeur caché, de ce siècle terrible en Bohème. Il est aujourd'hui le poète emblémati... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un auteur tchèque découvert totalement par hasard, en piochant ses poèmes dans une boîte à livres près de chez moi.

La préface est salutaire pour qui ne connait pas Vladimir Holan (c'était mon cas !), et pour mieux comprendre ce poète qui vit son pays et sa ville offerts par les Alliés aux Allemands ; pays libéré par les Soviétiques qui le mirent ensuite sous une chape de plomb...A tel point que Vladimir se résolut à une totale autarcie sur l'île de Kampa, écrivant ses poèmes en solitaire.

Certains de ses poèmes m'ont plus touchée que d'autres, notamment la réponse à la France, et Septembre 1938, ainsi que les Soldats de l'armée rouge ; la voix d'un homme désabusé et accusatrice se fait entendre derrière ses poèmes qui mêlent lyrisme et cynisme, beauté et obscène. Des avertissements et colères qui sont d'une troublante actualité, et qui décentrent notre vision par trop bipolaire de la Seconde Guerre mondiale et de la Guerre froide qui suivit.

Je suis sous le charme !
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Une nuit avec Hamlet de Vladimir Holan
On n'est pas avec un poète du dimanche. (emprunt à Umberto Eco, à propos de Dante…)
L'art a commencé
Avec la chute des anges
Pour survivre il a été nécessaire de
chercher les mots qui n'ont été prononcé qu' une seule fois -
Voire même qui n'ont jamais été prononcé.
Parce qu'il en avait besoin de ces mots pour résister aux oppressions, lutter contre la barbarie du modèle obligé,
Assez, monde immonde, assez, l'éventail des valeurs en bourse !
durant toutes ces nuits qui n'étaient pas les siennes, partagées avec Paul de Tarse et Keats, et Hamlet, des nuits éveillées pour la poésie, pour l'exigence parce que dans la poésie on est jamais dispensé de rien…

Vladimir Holan, ne nous quittera plus, mais - et que c'est dérangeant! - est-ce que nous saurons prendre le temps, saurons nous nous le dépouiller de toutes les pensées miasmiques, pour être des lecteurs qui sauront rendre aux mots le sens qu'il leur a donnés.

On l'aura avec soi en pleine mémoire quand on ira voir Hamlet dans la mise en scène de Matthias Langhoff, on écoutera les chansons des cabarets de Berlin des années trente recréés par Christopher Isherwood ou Ingmar Bergman chantées par Liza Minelli là où notre compagnon de beuverie sera un Mozart ivrogne, qui aurait renversé les Alpes pour placer en équilibre une bouteille sur la marche grinçante de la peur de la mort.
Afin que tombent nos dernières illusions , réactualisées….
certaines de ces traces de pas enfantines
sont comme un tampon additif et un sceau
sur l'accusation qui vous concerne, vous, comme complice.


Les Signes, Comment, Réponse à la France, Une Nuit avec Hamlet, Quand la Mort vient pour le Poète, Au pape Pie XII (21 janvier 1946)….

Si je puis étaler mon intimité, c' est - indirectement - grâce à lui que j'ai aimé à nouveau Aragon qui a écrit une belle préface à La nuit avec Hamlet.


Les citations sont des traductions de Dominique Grandmont
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Difficile de parler de poésie et j'aurais du mal à exprimer autre chose que mon sentiment. D'une parce que je suis peu doué pour commenter la technique littéraire d'un poète et de deux parce que la poésie parle d'elle-même à mon sens.
Je suis habituellement peu fan de poésie car je trouve souvent que la poésie fait du beau avec de jolis mots au détriment des idées. Mais là c'est le style tchèque qui transpire au travers de l'ouvre d'Holan : c'est simple, fluide et riche. Nombre d'idées éblouiraient le meilleur des philosophes s'il en est. Pas de langage alambiqué juste le plaisir d'exprimer des émotions et l'on est transporté par la sensibilité de cet auteur à fleur de peau.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Même si Dieu n’existait pas…

Même si Dieu n’existait pas, si l’âme n’existait pas
et si l’âme existait et était mortelle,
et s’il n’y avait pas de résurrection,
s’il n’y avait plus rien après, vraiment rien,
alors la part que toi et moi aurons prise à une telle comédie
n’aura été que de pitié, pitié pour cette vie
qui n’est qu’un souffle, et soif, et faim,
accouplement, maladie et douleur…

Un jour que je marchais au milieu des bruyères en fleur,
j’entendis la question que posait un enfant : Pourquoi ?
et je n’ai pas su lui répondre. Et je ne pourrais, après tant d’années
pas davantage lui répondre même aujourd’hui
que la lune est en son milieu,
car à l’enfant jamais ne suffit la réponse, non plus qu’à l’homme la question.

Quand mon enfance resurgit et me prend doucement la main
je me mets à chanter.
Quand je pense à la couronne d’épines du Christ,
l’épouvante me fait me taire.
Quand mon regard se pose entre les ronces et que j’y vois un nid d’oiseau
je reste là, pour écouter.
Mais dès que je reconnais l’homme,
je me mets à sangloter…

***
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À nouveau, nuit…

À nouveau, nuit, confabulée avec la nature
tu me poses cette question ?
Eh bien, oui, j’ai aimé la vie
c’est pourquoi j’ai si souvent chanté la mort
La vie sans elle est impalpable,
la vie ne peut être imaginée qu’avec elle
et c’est pour cela qu’elle est absurde…
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UN MATIN

Un matin, en ouvrant la porte,
tu as trouvé de chaussons de danse sur le seuil.
L'envie t'as pris de les embrasser et c'est ce que tu as fait aussitôt,
et soudain, après tant d'années, tu as ressenti de la joie,
les larmes que tu avais si longtemps refoulées
ont afflué dans un sourire
puis tu as ri et chanté de toute ton âme
dans un silence jeune…
Et tu n'as pas demandé qui était la belle
qui avait déposé ces chaussons sur le seuil.
Et tu ne l'as jamais su,
bien que cet instant de bonheur
t'aide encore bien souvent à vivre…
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VOUS POUVEZ

Il y a de la place en moi, plus encore: de l'espace
pour votre chagrin et pour vos blasphèmes,
et même pour votre joie... Non, rien ne vous empêche
d'entrer un jour de grand soleil
et pas seulement quand il fait de l'orage...
Ici, vous pouvez pleurer et maudire
et tout près du mystère, rire, même rire-
personne ne vous empêchera de repartir.
Moi, je suis là, et vous ne faites que passer...
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La joie

La joie ! Elle existe. Elle existe réellement. Elle existe vraiment !
Mais si pour nous, les "grands", elle n'est plus qu'une tentation
incompréhensible comme les derniers mots des agonisants,
elle demeure chez les enfants comme un trop-plein de la vie qui vient de naître,
comme une profusion qui voudrait bien un tout petit peu vieillir
et qui n'y arrivant pas chante, ou simplement s'avoue ...
C'est ainsi que tu rencontres une petite fille et c'est elle qui va commencer, avec une sorte
de sauvagerie dans la voix, car elle ne sait pas comment elle-même va pouvoir supporter
la vue de l'espace adulte futur.
"Moi, dit-elle, je suis de trois centimètres plus grande que mon âge.
Tous ceux qui ont soixante centimètres vont apprendre à nager
et comme moi, j'ai trois centimètres en plus,
alors ils m'ont acceptée ..."
Elle avait à peu près sept ans et elle était mince et ne cessait de répéter :
"Je suis tellement heureuse, je suis tellement heureuse !"
et de fait, elle respirait une réalité en quelque sorte oubliée
et le but refoulé de notre existence.
Là-dessus elle courrait vers les autres fillettes et leur racontait la même histoire.
Pourtant quand elle revint, son visage s'était un peu assombri
et elle s'écria : "Elles me disent que pour être admise, il faut une carte d'identité, pourtant moi, je le sais bien,
et la maîtresse, elle, me croit ..."
Puis elle se remit à rayonner, même si la jalousie de ses petites camarades
avait versé dans sa lumière une goutte d'amertume.
"Quand je suis née, je ne le sais pas, mais je vais le demander",
finit-elle par murmurer pensivement.
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