La transformation géométrique peut être considérée comme une représentation « désintoxiquée » (c’est-à-dire où l’émotion douloureuse a été rendue tolérable) de cette même réalisation qui est représentée par la théorie psychanalytique intuitive (mais où l’émotion douloureuse est exprimée). Cela veut dire que tout sujet capable d’opérer une transformation de O -lorsque O est une réalité psychique- en Tβ, est capable d’opérer pour lui-même quelque chose d’analogue à une identification projective dans le bon sein, le sujet s’identifiant à lui-même et au sein.
Le psychotique aura peur d’un élément comportant un point élevé de saturation parce qu’à ses yeux, un élément possédant une capacité élevée de saturation ne se distingue pas d’un élément rempli d’avidité. Autrement dit, si je m’adresse à lui en employant des termes qui pour moi ont une signification usuelle, et s’il pense, peut-être à juste titre, que je cherche à lui soustraire des informations, il réagira comme si j’essayais de le départir, non pas de renseignements, mais de sa propre santé mentale. Sa réponse m’apparaîtra non sensée, mais elle constitue pour lui un moyen de se débarrasser de mon « baratin » ou encore d’attaquer et de cliver mon discours.
Il serait facile de dire que la chose évidente à faire avec les pensées est de les penser ; il est plus difficile de décider ce que signifie en réalité un tel énoncé.
La décharge de la psyché au moyen de l’hallucination, c’est-à-dire par une utilisation en sens contraire de l’appareil sensoriel, est renforcée par une action musculaire que l’on pourrait tenter de définir comme l’équivalent extrêmement complexe d’un froncement de sourcils ; les muscles ne font pas que changer l’expression en une expression de haine meurtrière, mais ils donnent réellement lieu à l’agression meurtrière. L’acte qui en résulte doit donc être compris comme une activité idéomotrice, et il est ressenti par le patient comme appartenant à cette catégorie de phénomènes dont j’ai dit qu’ils créent des objets bizarres.
L’activité qui, sous la domination du principe de plaisir, tend à décharger la personnalité d’un accroissement d’excitations est remplacée, dans la phase de domination du principe de réalité, par l’éjection des éléments-bêta indésirables. Un sourire ou un énoncé verbal doit alors être interprété comme un mouvement musculaire d’évacuation et non comme une communication de sentiments.
Simultanément à la pratique de votre métier d’analyste, vous devez aussi exercer l’art d’aiguiser et de rendre exact le vocabulaire que vous utilisez.
La communication verbale du patient est incapable de représenter O en raison de la signification admise du signe employé, tout comme elle est incapable de représenter O en raison de la signification qui résulte de la saturation.
En résumé, le détachement ne peut être atteint qu’au prix de sentiments douloureux de solitude et d’abandon éprouvés : 1) par l’héritage mental animal primitif dont il s’agit de se détacher, et 2) par les aspects de la personnalité qui réussissent à se détacher de l’objet examiné -objet que la personnalité vit comme indissolublement lié à la source de sa viabilité. L’objet examiné apparemment abandonné est l’esprit primitif et l’aptitude sociale primitive de l’individu en tant qu’animal politique ou groupal. La personnalité « détachée » est en quelque sorte inexpérimentée et doit se consacrer à d’autres tâches que celles pour lesquelles ses composantes sont généralement mieux adaptées, à savoir la tâche d’examiner l’environnement -à l’exclusion de soi ; une partie du prix à payer est un sentiment d’insécurité.
A partir du moment où on décide d’aider ses semblables, hommes et femmes, les ennuis commencent.
La croyance en l’existence d’un analyste qui donne des interprétations adéquates et justes fait partie de la mythologie psychanalytique.