QUAND TU SERAS BIEN VIEILLE...
Quand tu seras bien vieille et grise, dodelinant
Aux portes du sommeil près du feu : prends ce livre
Et lis sans te hâter, et rêve à la douceur
Qu'eurent tes yeux jadis, dans leurs ombres lourdes.
Combien aimaient alors ta grâce joyeuse,
Qu'ils aimaient ta beauté, de feint ou vrai amour ?
Mais un seul homme aima en toi l'âme viatrice
Et aima les chagrins du visage qui change,
Penche-toi donc sur la grille embrasée
Et dis-toi, un peu triste, à voix basse : « Amour,
Tu as donc fui, tu a erré sans fin sur la montagne,
Tu t'es caché dans l'innombrable étoile. »