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Yves Bonnefoy (Traducteur)
EAN : 9782070327805
228 pages
Gallimard (05/10/1993)
3.94/5   70 notes
Résumé :
L'auteur, poète de l'indépendance de l'Irlande, est, plus essentiellement, prophète d'un désenchantement progressif du monde à mesure que croissent les formes trop pressantes de la violence.
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Nouvelle lecture d'un poète Nobelisé, après le Français Perse (non ce n'est pas une oxymore) et l'Italien Quasimodo (non ce n'est pas un pseudo de Victor Hugo), voici l'irlandais Yeats . La découverte se fait via une sélection de poèmes de différentes époques, sélection faite par le traducteur Yves Bonnefoy.
L'exercice est particulièrement intéressant quand il s'agit de découvrir Yeats parce qu'il aura beaucoup varié dans son art, autant dans la forme que dans les thèmes, partant du romantisme, passant par l'engagement envers le nationalisme irlandais et terminant sur une recherche d'épurement du style pour rapprocher la poésie de la langue réaliste. La sélection des poèmes permet de rendre ces différents moments de la vie de l'auteur, j'ai été particulièrement touché par son engagement politique, d'autant qu'il le rend notamment à travers son attachement à Maud Gonne, figure féminine du mouvement nationaliste qu'il poursuivra de son assiduité mais qui repoussera toujours ses avances. L'amour malheureux est un thème privilégié de la littérature en général et encore plus sans doute propice à la poésie. Mais quand il se mélange comme ici à la lutte politique, le mélange des genres oblige l'auteur à développer son style dans plusieurs directions.
La préface qui tourne notamment autour de la difficulté du traducteur est intéressante même si parfois ardue. Elle rend sensible le dilemme entre fidélité au style et fidélité au sens, auquel Bonnefoy tient beaucoup alors que beaucoup de ses confrères choisissent plus volontiers en poésie la fidélité afin d'essayer de retranscrire en priorité une musicalité qui leur semble être l'apanage de ce domaine en littérature.

Content d'avoir pu découvrir un homme de son siècle au travers de ses poèmes, un homme qui aura sans doute connu l'aboutissement de sa vie plus dans l'indépendance de l'Irlande effective en 1922... que dans l'attribution du prix Nobel juste une année plus tard.
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Nous retrouvons dans ce recueil les thèmes chers à Yeats. Picorer quotidiennement un poème pris au hasard procure beaucoup de bonheur, même si certains sont parfois un peu obscurs. le bémol de ce livre : l'appareil sensé nous aider. L'introduction de Bonnefoy est bien souvent absconse, et j'ai eu le sentiment désagréable d'être prise pour une imbécile lorsqu'il explique son rôle de traducteur. Je n'ai pas toujours bien compris ses choix de traduction. Et les notes en fin d'ouvrage sont parfois inexistantes ou bien minces pour certains poèmes.
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Très petite pièce de Yeats (même pas 20 pages) mais au thème et à la construction très intéressante. L'auteur imagine ce qui se dit parmi les gens qui ont suivi le Christ (hors les apôtres) entre le moment de sa mort et celui où la résurrection est annoncée.
En prenant pour personnages des archétypes (le Grec, le Juif, le Syrien), Yeats en profite pour mener une réflexion sur les religions et la relation au divin (avec également une procession dionysiaque célébrant la résurrection du dieu des libations et du vin). Plusieurs passages sont percutants, pointant les doutes face à la révélation, faisant aussi des parallèles entre résurrection et réincarnation.
Reprenant le thème de la religion et des mythes, cher à Yeats dans sa poésie, son théâtre est bien plus abordable et mène à de profondes interrogations...
Malheureusement la très grande brièveté de la pièce ne permet pas d'aller au bout des choses. Les promesses entrevues me donnent envie d'aller rechercher d'autres pièces de l'auteur irlandais.
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La critique de Rosy est parfaite, il n'y a rien à ajouter.
Cet auteur se déguste à petites doses, on en reprend toujours un peu puis encore un peu.
mais c'est bien sur en VO qu'en plus du sens il y a la musique de la langue et encore plus de magie.
J'ai découvert cet auteur à l'occasion d'un séjour à Dublin et c'est devenu un de mes auteurs favoris.
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Cette édition bilingue présente la version anglaise, et sa traduction en français en page droite. Yves Bonnefoy s'avère un excellent traducteur d'après moi.

Je cite donc ce monsieur dans sa préface :
"La pensée, chez Yeats, et c'est en quoi il est grand poète, est la collaboration de la conscience et de l'inconscient, c'est la fusion maîtrisée, fructueuse, dont notre époque est si peu capable.
Et il faut donc, cette "pensée", ce "raisonnement", les traduire, autant qu'il faut s'attacher à l'ardeur dont on les voit naître, et cela peut sembler ajouter encore aux difficultés de la tâche. Mais la réflexion yeatsienne a toujours quelque chose de si universel, de si indépendant de telle ou telle sorte de langue, ainsi ces livres près du feu dans la maison sous la neige, qu'il est presque possible de pleinement la revivre dans d'autres mots que ceux de la langue anglaise."

La poésie de Yeats est emprunte de métaphysique, de cosmologie, une méditation proche du domaine des rêves, la recherche de l'harmonie, la plénitude de l'esprit et du corps, il parle de la beauté, de la fascination pour un être.

Extrait des notes : sur le poème "l'île sur le lac, à Innisfree" :
"Le poème est de 1890. Yeats, Fleet Street, à Londres, a entendu dans une vitrine le bruit d'une petite fontaine, dans l'eau de laquelle danse une boule de bois. Ce tintement de l'eau éveille ses souvenirs, rapporte-t-il dans une lettre, et suscite ces strophes où il perçoit la première "musique" dant il se sente vraiment l'auteur. - Il avait lu "Walden", de Thoreau-
Ce poème s'inscrit dans l'arrachement à la condition présente, dans l'adhésion à une réalité qui n'est rien de plus que son propre fait de chose de la nature"

"Précisément parce que Yeats ne décrie jamais la réalité sensible que par intérêt fasciné pour elle, sa poésie a beau désespérer, elle n'en va que plus vite à cette île d'Innisfree, le rythme profond de l'univers [...]"

Ces poèmes sont des pures oeuvres d'art, que pour ma part j'ai grand plaisir à lire et à relire, en anglais, et en français.
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Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
QUAND TU SERAS BIEN VIEILLE...

Quand tu seras bien vieille et grise, dodelinant
Aux portes du sommeil près du feu : prends ce livre
Et lis sans te hâter, et rêve à la douceur
Qu'eurent tes yeux jadis, dans leurs ombres lourdes.

Combien aimaient alors ta grâce joyeuse,
Qu'ils aimaient ta beauté, de feint ou vrai amour ?
Mais un seul homme aima en toi l'âme viatrice
Et aima les chagrins du visage qui change,

Penche-toi donc sur la grille embrasée
Et dis-toi, un peu triste, à voix basse : «  Amour,
Tu as donc fui, tu a erré sans fin sur la montagne,
Tu t'es caché dans l'innombrable étoile. »
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AU BAS DES JARDINS DE SABLES

Au bas des jardins de sables je t'ai rencontrée, mon amour.
Tu passais les jardins de saules d'un pied qui est comme neige.
Tu me dis de prendre l'amour simplement, ainsi que poussent les feuilles,
Mais moi j'étais jeune et fou et n'ai pas voulu te comprendre.

Dans un champs près de la rivière nous nous sommes tenus, mon amour,
Et sur mon épaule penchée tu posas ta main qui est comme neige.
Tu me dis de prendre la vie simplement, comme l'herbe pousse sur la levée,
Mais moi j'étais jeune et fou et depuis lors je te pleure.
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L' île sur le lac, à Innisfree :


Que je me lève et je parte, que je parte pour Innisfree,

Que je me bâtisse là une hutte, faite d’argile et de joncs.

J’aurai neuf rangs de haricots, j’aurai une ruche

Et dans ma clairière je vivrai seul, devenu le bruit des abeilles.



Et là j’aurai quelque paix car goutte à goutte la paix retombe

Des brumes du matin sur l’herbe où le grillon chante,

Et là minuit n’est qu’une lueur et midi est un rayon rouge

Et d’ailes de passereaux déborde le ciel du soir.



Que je me lève et je parte, car nuit et jour

J’entends clapoter l’eau paisible contre la rive.

Vais-je sur la grand route ou le pavé incolore,

Je l’entends dans l’âme du cœur.
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Fou comme brume mêlée de neige
(Mad as the mist and snow)

Verrouille bien le volet
Puisque les vents se déchaînent.
Nous voyons vraiment clair ce soir
Et j'ai l'impression que je sais
Que tout là-dehors est fou
Comme brume mêlée de neige.

Horace ici, près d'Homère,
S'étale, et Platon dessous
Près d'un Cicéron grand ouvert.
Que de temps depuis que tous deux
Nous étions ignares, et fous
Comme brume mêlée de neige!

Vous me demandez, mon ami,
Pourquoi je soupire et frissonne ?
C'est de comprendre que même
Cicéron, et Homère qui
En savait tant, furent fous
Comme brume mêlée de neige.
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LA ROSE DU MONDE


Qui rêva que la beauté passe comme un rêve ?
Pour ces lèvres de feu, dont tout l’orgueil
Est de porter le deuil de la merveille,
Troie a passé, flamme au loin, funéraire,
Et les enfants d’Usna ont succombé.

Nous aussi, et le monde qui peine, nous passons :
Mais là, parmi les âmes qui tournoient
Avant de s’effacer comme les eaux promptes
De l’hiver incolore, là, parmi
Les étoiles qui passent, cette autre écume,
Un visage survit, une solitude.

Inclinez-vous, Archanges, dans vos pénombres !
Avant vous, avant même que cœur ne batte,
Lasse et bonne une femme s’attardait
Près du trône de Dieu ; et Lui,
Il fit de l’univers un grand chemin d’herbe
Pour ses pas vagabonds.
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Videos de William Butler Yeats (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de William Butler Yeats
Rendez-vous ce mercredi 4 octobre : deuxième épisode de notre série Dans les pages, où des écrivains se promènent dans la librairie pour nous parler de leurs livres préférés. Au programme : G. Simenon, F. Aubenas, J. Vallès, Antigone d'Anouilh (on ne peut pas oublier "Le quatrième mur" ) et le grand poète irlandais W.B. Yeats.
Merci Sorj et @editionsgrasset7893
Arthur Scanu à la réalisation au montage et à la prise de son et Antoine Daviaud au mastering
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