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Critiques de William Sloane (6)
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Lutte avec la nuit

Ce roman mérite sa place dans ma catégorie personnelle des très satisfaisantes découvertes faites en arpentant le passé de la science-fiction et du fantastique. Cet auteur américain plutôt low profile a seulement deux romans à son actif, écrits dans les années 30. Ils ont été remarqués et admirés par les gens du milieu. Tous deux ont été traduits dans les années 60, mais plus réédités au-delà des années 70. Aussi, William Sloane demeure obscur pour le public français.



Je considère les premier et dernier chapitres comme des pièces d'anthologie. le premier nous plonge dans l'ambiance, alors que le narrateur s'apprête à rendre compte d'un tragique événement. Il nous transmet toute son appréhension, son angoisse. Nous devinons sa terreur, son incompréhension face à un élément inexplicable, alors que les prémices du drame sont posés et nous mettent l'eau à la bouche. C'est à la fois très atmosphérique et intrigant. Le dernier chapitre est à la hauteur de tout ce qui le précède, avec la synthèse de tous les faits et la formulation de la théorie du narrateur (qui n'est pas une surprise pour le lecteur mais cela importe peu), ceci accompagné de plusieurs détails qui m'ont parus de première force, puis ce qui arrive au terme de cette lugubre nuit. Entre les deux vient la description de la suite de faits, banals à quelques exceptions près, avec beaucoup d'emphase sur les impressions causés sur le témoin, le malaise sous-jacent. Nous sommes souvent dans le vague, le suggéré. J'ai adoré ce style.



Cependant, je crois que le roman ne plaira pas à tout le monde. Certains trouveront qu'il ne se passe rien (ce n'est pas mon opinion). Il y a aussi une sensation de daté ; la rigidité des relations entre les personnages, avec une bienséance extrême, et une certaine sécheresse de l'écriture m'ont causés un léger inconfort par moments. Il serait intéressant de voir si la traduction peut y être pour quelque chose et à quel degré.



Alors, un roman quelque part dans le registre SF/fantastique, avec un aspect scientifique, une ambiance d'épouvante palpable, une suite de mystères s'additionnant, et un relent d'horreur cosmique ; j'ai été franchement comblé pour ma part.
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La rive incertaine

« Il se peut que pour l'homme qui je raconte cette histoire soit encore en vie. Il se peut aussi qu'il soit déjà mort. Mais s'il vit, j'ignore son nom, je ne sais ni où il est, ni rien le concernant, si ce n'est que j'ai quelque chose de vital à lui dire. » Ainsi démarre « La rive incertaine ».

Dans un petit village du Maine (contrée de Stephen King) vit Julian Blair en compagnie d'une étrange femme et de sa belle-sœur. À l'écart des autres habitations, il travaille sur un projet mystérieux. Il demande l'avis d'un de ses amis new-yorkais.

William Sloane, paix à son âme, est auteur de la génération de Lovecraft. Soit il écrivit peu, soit ses titres n'ont été très peu traduit dans notre langue. Je frémis à l'idée d'avoir dans mes mains un livre rare. Édité par les éditions Marabout, (… bout de ficelle… selle de cheval…), l'illustration est franchement peu convaincante. Et on ne sait rien du roman en lui même : pas de date de publication originale.

Pourtant… il se dégage une atmosphère hypnotisant lors de lecture. L'écriture peut paraître parfois désuet par certains termes, mais le charme est bien là. J'ai ressenti une étrange sensation de bien être et l'envie de poursuivre ma lecture. Reste à savoir si le reste du livre vaut le détour.

En fait, le soufflet retombe assez vite puisqu'il ne se passe pas grand-chose durant la bonne moitié du livre. Ensuite, l'histoire évolue en sorte d'intrigue policière des temps anciens. Ici, pas de preuves scientifiques que des pourparlers. Nous avons le droit à une séance, un tribunal qui n'en n'ait pas un, mais juste pour savoir si c'est un accident ou un meurtre. Devant le coroner et un jury, défile les témoins.

Il faudra attendre la fin pour voir quelques pincés d'étranges à mi-chemin entre le fantastique et la Science-fiction, à vrai dire trois fois rien.

Mais alors qu'a voulut dire l'auteur avec ses premières phrases ? Justement, il ne s'agit là que d'un beau discours. Rien de ce qu'il fut annoncé voit le jour. Il s'agit d'une simple histoire avec un fait et une finalité, point final. On nous promet donc de l'étrange, mais au final, je reste déçu.

Cela dit, le récit n'est pas mauvais, pas génial non plus. L'écriture est vieillotte avec des tournures qui laisse sourire.

Côté personnage, la grande méchante est la femme qui se dit médium et assistante. L'auteur fait tout pour la rendre méprisante. Le rôle de Julian est top effacé. Et, une romance soft se fait entre la belle-sœur et le professeur new-yorkais.
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Lutte avec la nuit

To Walk the Night commence lentement. Le narrateur revient chez son père adoptif après le suicide de Jerry, son ami de toujours et fils de sang du père en question. Le narrateur entreprend de lui raconter tout ce qui a mené à ce suicide. Tout commence par le meurtre inexplicable d'un ami de Jerry, mathématicien et astronome. Sa veuve, magnifique et étrange, semble réagir de façon détachée. Jerry s'éprend d'elle et, allant contre toutes les normes sociales, ils ne tardent pas à se marier. Mais cette femme, on s'en doute, cache quelque chose.



Pas la peine d'aller beaucoup plus loin dans les détails du récit. L'écriture de William Sloane est tranquillement littéraire et le récit coule comme la plus élégante des rivières. Le suspense provient du mystère qui entoure la mort du mathématicien et de l'identité de sa veuve au nom éloquent : Selena. Ce n'est pas un vulgaire suspense de polar : il ne s'agit pas de trouver qui est l'assassin. Non, il ne s'agit pas d'une connaissance aussi bassement spécifique, mais de la connaissance en général. Une vérité qui chamboule les bases de l'univers rationnel et borné dans lequel les personnages ont l'habitude de vivre. Comme chez Lovecraft, cette vérité, cette connaissance, est une menace pour l'équilibre mental des personnages. L'un se suicide, un autre se noie dans la peur, un autre encore refuse l'évidence pour s'accrocher à l'explication rationnelle. Comme toujours, ces réactions sont un choix esthétique : après tout, pourquoi les personnages des histoires d'horreur cosmique ne ressentiraient-ils pas un peu d'émerveillement face à la découverte de l'inconnu et l'élargissement de leurs horizons ? Car, d'une certaine façon, c'est ce que ressent le lecteur. Mais les protagonistes subissent l'esthétique de cette littérature : ils sont les victimes sacrificielles offertes à l’appétit du lecteur. Ce sont sont eux qui souffrent sous les coup de butoir la vérité : la petitesse de l'humain dans l'univers, son insignifiance, et l'existence de choses bien plus grandes et vastes pour lesquelles le temps et l'espace, les barreaux de notre prison, ne sont rien. Ainsi le lecteur exorcise son nihilisme dépressif et peut cultiver son nihilisme positif : pour lui, comme pour Lovecraft, la position esthétique de l'horreur cosmique est une position philosophique, mais son angoisse se sublime dans l'art, et il est libre de goûter à ce qui est refusé aux personnages : la jouissance dans la découverte de l'inconnu total. Au fond, l'horreur cosmique est optimiste : elle postule qu'il y a autre chose.



William Sloane, dans To Walk the Night, va plus loin que Lovecraft dans cet « optimisme ». Ses personnages s'aiment, ils ont une vie sociale dense, et tout le récit est centré autour cette vie sociale : le problème est qu'une chose indéfinissable, chez cette femme, coince socialement. Toute la tension vient de détails de conversations, d'étrangetés du comportement. Mais, au fond, ce qui est vraiment optimisme, c'est que l'humanité aurait finalement un petit quelque chose d'unique, une essence qui mériterait qu'un étranger vienne y goûter.
Lien : http://lespagesdenomic.blogs..
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Lutte avec la nuit

De passage sur le campus de leur ancienne université, quelques années après la fin de leurs études, Bark, le narrateur, et Jerry, son meilleur ami, décident de rendre visite à leur ancien maître d'astro-physique, le Professeur le Normand, vieux scientifique vivant en ermite dans son observatoire. Mais la visite tourne au cauchemar: les deux amis sont témoins de la mort violente de Le Normand, dans des circonstances des plus déstabilisantes.

Au cours de leur interrogatoire, ils vont en outre apprendre avec stupéfaction que Le Normand, vieux garçon bourru, avait récemment épousé une jeune femme énigmatique et inconnue de tous, Séléna. Mis en sa présence, Jerry va immédiatement tomber sous son charme alors que Bark ressent, lui, une animosité qu'il s'explique mal.

Séléna est très belle, distante, maîtresse d'elle-même en toutes circonstances. Bien que manifestement dotée d'une intelligence hors normes, elle semble ignorer des pans entier de notre culture (elle n'a jamais entendu parler de Sheakspear) et peine à évoluer en société.

Qui est-elle ? D'où vient-elle ? Comment a-t-elle rencontré Le Normand ? Autant de questions que Séléna parvient toujours à éluder. Jerry la prend sous son aile, Bark tente de percer le mystère. Leur amitié y résistera-t-elle ? Séléna est-elle impliquée dans la mord de le Normand ? Jerry est-il aussi aveuglé qu'il en a l'air ?



Écrit dans les années 30, ce subtile roman reste parfaitement actuel. En fait, il est intemporel. Aucune description ne le rattache à une époque donnée, hormis que les jeunes gens de bonne famille fument la pipe. Toute la fascination qu'il induit découle des portraits psychologiques des protagonistes et de leurs interactions intellectuelles. Il aborde un sujet universel: la différence. Jusqu'à quel point l'accepte-t-on, à partir de quand nous fait-elle peur et d'où nous vient cette peur ? Et que se passe-t-il lorsque la source de nos peur se retrouve incarné dans ce qui attire les hommes de tout temps : la Femme.



Élégance de style (traduction impeccable), agencement d'un suspens prenant, construit en un long flash-back, puisqu'on apprend le suicide de Jerry dans le premier chapitre, ce roman m'avait conquis lors de ma première lecture, autour de mes vingt ans. Je l'ai relu plusieurs fois depuis et le constat et toujours le même: Séléna continue à me fasciner.



Catalogué « science-fiction », faute de mieux, ce récit se rapproche des nouvelles de Bradburry dans lesquelles la fiction sert moins à nous décrire un futur lointain et des technologies ou des sociétés à venir qu'à cerner l'esprit humain, les limites de sa perception et sa place dans l'Univers dont il ne fait qu'entrevoir l'immensité.

Ce roman est paru dans la collection « le Rayon Fantastique » puis aux Éditions Rencontres dans les années 70 et n'a plus été réédité depuis (un scandale!). On le trouve cependant chez les bouquinistes et au format ePub ou PDF sur Internet.
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Lutte avec la nuit

Parfois un ami lecteur me dit: "j'aime pas la SF, c'est trop compliqué, avec toutes ces machines bizarres, ces univers parallèles ou dans de lointaines galaxies, ce charabia pseudo-scientifique. "Je lui réponds: "Lis "Lutte avec la nuit" de William Sloane" ou "Le jeune homme, la Mort et le temps" de Richard Matheson" et tu changeras d'avis. Les deux se situent dans un environnement familier, sur notre bonne vieille terre, pas de machines, un vocabulaire compréhensible par tous.

Sloane mêle avec un rare bonheur enquête policière et fantastique.

"Lutte avec la nuit" (je ne vais pas résumer l'ouvrage, Domajeur et Nomic l'on parfaitement fait) s'impose par ses évidentes qualités littéraires. Dès le récit du drame évoqué dans les premières pages on est embarqué. L'énigme causée par la mort de Le Normand et l'enquête qui suit nous tiennent en haleine. Contrairement à beaucoup de policiers classiques où le brouillard ne se dissipe pas totalement en fin de lecture , dans le roman de Sloane, la vérité révélée, liée à la personnalité de Séréna, -et terrifiante: elle a entraîné la mort de deux personnes- donne une intensité supplémentaire à l'intrigue. Tout s'explique, et l'on relit le début en comprenant pourquoi l'auteur s'est attardé sur ce qui semblait des détails sans intérêt (la rencontre sportive.)

"La rive incertaine" autre roman de Sloane, me semble moins réussi.



Comme le suggère Domajeur, je crois qu'il faudrait aujourd'hui redéfinir ce qu'est la Science Fiction. Certains préfèrent l'expression "Littérature de l'imaginaire", plus vague encore.



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Lutte avec la nuit - L'envoûtement de l'ail..

De passage sur le campus de leur ancienne université, quelques années après la fin de leurs études, Bark, le narrateur, et Jerry, son meilleur ami, décident de rendre visite à leur ancien maître d’astro-physique, le Professeur Le Normand, vieux scientifique vivant en ermite dans son observatoire. Mais la visite tourne au cauchemar: les deux ais sont les témoins de la mort violente de Le Normand, dans des circonstances des plus déstabilisantes.

Au cours de leur interrogatoire, ils vont en outre apprendre avec stupéfaction que Le Normand, vieux garçon bourru, avait récemment épousé une jeune femme énigmatique et inconnue de tous, Séléna. Mis en sa présence, Jerry va immédiatement tomber sous son charme alors que Bark ressent, lui, une animosité qu’il s’explique mal.

Séléna est très belle, distante, maîtresse d’elle-même en toutes circonstances. Bien que manifestement dotée d’une intelligence hors normes, elle semble cependant ignorer des pans entier de notre culture (elle n’a jamais entendu parler de Sheakspear) et peine à évoluer en société.

Qui est-elle ? D’où vient-elle ? Comment a-t-elle rencontré Le Normand ? Autant de questions que Séléna parvient toujours à éluder. Jerry la prend sous son aile, Bark tente de percer le mystère. Leur amitié y résistera-t-elle ? Séléna est-elle impliquée dans la mord de Le Normand ? Jerry est-il aussi aveuglé qu’il en a l’air ?



Écrit dans les années 30, ce subtile roman reste parfaitement actuel. En fait, il est intemporel. Aucune description ne le rattache à une époque donnés, hormis que les jeunes gens de bonne famille fument la pipe. Toute la fascination qu’il induit découle des portraits psychologiques des protagonistes et de leurs interactions intellectuelles. Il aborde un sujet universel: la différence. Jusqu’a quel point l’accepte-t-on, à partir de quand nous fait-elle peur et d’où nous vient cette peur ? Et que se passe-t-il lorsque la source de nos peur se retrouve incarné dans ce qui attire les hommes de tout temps : la Femme.



Elegance de style, accessoirement traduction impeccable, agencement d’un suspens prenant, construit en un long flash-back, puisqu’on apprend le suicide de Jerry dans le premier chapitre, ce roman m’avait conquis lors de ma première lecture, autour de mes vingt ans. Je l’ai relu plusieurs fois depuis et le constat et toujours le même: Séléna continue à me fasciner.



Catalogué « science-fiction », faute de mieux, ce récit se rapproche des œuvres de Bradburry dans lesquelle la fiction ne sert pas à nous décrire un futur lointain et des technologies ou des sociétés à venir, mais à cerner l’esprit humain, les limites de sa perception et sa place dans l’Univers dont il ne fait qu’entrevoir l'immensité.

Ce roman est paru dans la collection « Le Rayon Fantastique » puis aux Éditions Rencontres dans les années 70 et n’a plus été réédité depuis (un scandale!). On le trouve cependant chez les bouquiniste et au format ePub ou PDF sur Internet.
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