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4.5/5 (sur 7 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Bordeaux , 1964
Biographie :

Xavier Lhomme est un écrivain français.

Il s'est mis à écrire en 2018. Ses nouvelles sont régulièrement primées et/ou publiées dans des revues et des anthologies.

Si l'érotisme et la fantasy ne sont pas son fort, il pratique les autres genres avec plaisir : anticipation, noir, policier, fantastique, western, historique, etc.

Plus que le genre, ce sont les thèmes sous-jacents qui l'intéressent : les enjeux sociaux et écologiques, l’ambiguïté des comportements, l’individualisme et la non-communication, l’absurdité de la vie et du monde que nous avons créé. Quand c’est possible, il y mets du vin, de l’humour et du rock’n’roll.

En novembre 2022 est paru aux éditions L'oiseau Parleur son premier recueil de nouvelles, sur fond de Première Guerre mondiale: "Dans les boyaux & autres petites histoires de la Grande Guerre".

"Dans les boyaux" s'est vu remettre le Prix littéraire Antoine de Saint-Exupéry, le 15 octobre 2023, par la Société des Écrivains d'Alsace, Lorraine et territoire de Belfort.
Le recueil est est également sélectionné pour le prix international Renaissance de la nouvelle 2023 (Belgique) et le prix national Litter’Halles 2024. Il est présélectionné pour le prix national Place aux nouvelles 2024.

L'auteur, qui a vécu en Alsace de 2015 à 2023, réside aujourd'hui à Saint-Nazaire.
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Bibliographie de Xavier Lhomme   (12)Voir plus

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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Un matin de l’hiver dernier, vers huit heures, une escadrille de cinq biplans ennemis lâcha une vingtaine de grosses bombes sur notre cantonnement, n’occasionnant toutefois que de légers dégâts. Le commandement décida de riposter du tac au tac et, trois heures plus tard, huit appareils de la Douzième escadrille décollèrent. Emportant chacun quelques obus de 75, ils avaient comme objectif l'aérodrome de Laon, à une quarantaine de kilomètres vers le nord. Le lieutenant Christoval d’Hins en était.
Au retour de l’escadrille, sept appareils se posèrent, la plupart endommagés. Les pilotes, dont certains étaient blessés et avaient besoin d’aide, sortirent de leurs cockpits dans un grand silence. Mon Parasol et son pilote manquaient à l’appel. La bouteille de vin à la main, je restai quelques minute la tête vide, à regarder vers le nord. Je ne savais que faire. Les autres pilotes se rendirent au bureau du commandant, l’air abattu. Après qu’ils auraient fait leur rapport, peut-être pourraient-ils me dire ce qui s’était passé ?

(Le vol de nuit du sergent Rase-Mottes)
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Xavier Lhomme
– Bourbon, ici le commandant Delumaine, à bord du destroyer Melbourne.
– Commandant, ici Raphaël Payet, maire de Denisville, capitale et unique ville de la planète Bourbon.
– Monsieur le maire, nous sommes déjà venus vous voir il y a quelques mois...
– Je m’en souviens très bien, commandant. Que puis-je pour vous, cette fois-ci ?
– Nous venons pour les mêmes raisons : mobiliser des troupes fraîches pour mener la guerre contre ces maudits Kanamites.
– Commandant, la dernière fois, vous avez trouvé nos hommes inaptes à faire des soldats : trop maigres, trop maladifs, trop dépendants à l’alcool, pas assez formés aux techniques modernes et manquant d’agressivité. Croyez-vous qu’ils aient changé en aussi peu de temps ?
– Ce qui a changé, Monsieur le maire, c’est la Guerre elle-même. Nous sommes maintenant à court d’effectifs. Des profils qui n’étaient pas suffisants auparavant nous conviendront tout à fait aujourd’hui. Je vous demande donc de rassembler les hommes de Bourbon dans la caserne de Dyonisville.
– La quoi ?
– La caserne. Vous aviez bien une caserne, non ?
– Oui, la caserne, bien sûr, commandant. Nous vous attendons.
– Parfait. Faites diffuser l’ordre de mobilisation. Nous serons là dans trois jours pour la visite médicale et nous embarquerons les nouvelles recrues dans les vingt-quatre heures qui suivront.
– Trois jours !
– Affirmatif. Et faites dégager un terrain plat assez conséquent pour que nous puissions poser notre navire à proximité. Pas comme la dernière fois où nous avions dû rester en orbite et effectuer des navettes. Me suis-je bien fait comprendre ?
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Xavier Lhomme
J’attendis longtemps le meilleur moment pour remettre à Justine le pli officiel qui annonçait la mort de son fils lors de la bataille des Dardanelles, avant de comprendre qu’il n’y avait jamais d’instant propice pour ce genre de nouvelle. Justine s’effondra, littéralement, et je ne terminais pas ma tournée ce jour-là.
Je buvais vers onze heures une infusion en compagnie de la si triste et si maigre Madame P., qui attendait en silence des nouvelles de son grand et gros benêt de fils, Eugène. Je la quittais dès que son mari pointait le bout de son nez. Propriétaire de la manufacture de textiles, il prenait un air hautain pour faire des réflexions sur les fonctionnaires qui se la coulaient douce alors que la Nation était en danger.
Je fus là pour recueillir les larmes de soulagement de Madame F. à l’annonce du décès de son tyran. Nous ouvrîmes une bouteille de sancerre et nous dansâmes longtemps, serrées dans les bras l’une de l’autre.

Chacune de ces femmes chargeait mes épaules d’un poids autrement plus lourd que les lettres et paquets que je leur distribuais. Alors chaque jour, en fin de parcours, quand j’arrivais en haut de la colline qui surplombait le village, je posai ma bicyclette, desserrai le col de ma veste et criai.

Dans un long hurlement qui me vidait les poumons et me mettait hors d’haleine, j’expulsai mon horreur de la guerre qui tuait les jeunes gens, je crachai ma haine de ces hommes qui considéraient les femmes comme des biens domestiques, je vomissais la condition d’infériorité dans laquelle on nous maintenait.
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Xavier Lhomme
J’allais lui faire signe de s’en aller quand une vitre du véhicule se baissa et découvrit le buste d'une élégante jeune femme en robe égyptienne, coiffée à la garçonne.
– Monsieur ?
Je m’approchai et soulevai mon chapeau.
– Mademoiselle ?
– Bonsoir, Monsieur. Oh ! Mais je vous connais...
– La réciproque n'est pas vraie et vous m'en voyez désolé, Mademoiselle.
– Nous avons été présentés lors du vernissage de l'exposition de Marcel Gromaire, à la Galerie Barbazanges, en février dernier. J'ai oublié votre nom mais je me souviens de votre visage et de votre élégance. J'aurais un service à vous demander, Monsieur, mais vous allez sûrement me trouver bien cavalière.
– Dites toujours, Mademoiselle. Je ne vois pas ce que je pourrais refuser à une aussi charmante personne.
– Voilà : je me rends à une soirée masquée à laquelle j’ai été conviée. Le dîner sera fin et les divertissements originaux. L’ami qui devait m’accompagner a eu un empêchement de dernière minute. Vous voyant marcher seul et si bien habillé, je me suis dit que ce serait vraiment plaisant d’y aller au bras d’un gentleman. M’accompagneriez-vous ?
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Xavier Lhomme
Moi-1, Moi-2 et Moi-3 m’observaient tranquillement, affalés sur des fauteuils, fumant et buvant du café et de la bière. Avant de les rejoindre, je branchai les chargeurs de batterie et contrôlai visuellement l’état général
de la sphère. Elle était encore chaude, à part cela tout avait l’air normal. Je gagnai l’aire de repos en quelques pas, tout en me massant l’épaule endolorie.
– Il va falloir graisser la porte, elle offre beaucoup de résistance, lâchai-je.
– Salut, Moi-4, dit Moi-2.
– Heu, non, moi c’est Moi-5. Regarde mon badge. D’ailleurs Moi-4 est beaucoup plus gros, la confusion n’est pas possible, lui répondis-je.
J’étais le seul à explorer notre potentiel humoristique, sans écho jusqu’à présent de la part de Nous-autres que le non-sens, pourtant typiquement britannique, laissait froids.
– Il n’est pas possible que Moi-5 revienne avant Moi-4, affirma Moi-2 d’un ton péremptoire.
– Quelque chose d’imprévu a pu se passer ? suggérai-je, sentant l’inquiétude monter en moi.
– Dites, si Moi-5 est là et que Moi-4 n’est pas revenu, ne serait-on pas en présence d’un paradoxe ? s’excita Moi-3.
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Xavier Lhomme
Un goût de métal envahit mon palais, que je fais passer avec mes cornichons au vinaigre. De petits saignements se produisent parfois aux dates où j’aurais dû avoir mes règles. C’est amusant, cette inertie du corps face au changement. Je deviens étourdie, je suis moins vigilante et mon humeur vacille. Je pleure sans raison et ris de même. Les deux me ravissent, je laisse aller mes émotions. Cela me rappelle les effets de la marijuana.
Les sensations les plus fortes, à ce stade de ma grossesse, viennent du système digestif. Les brûlures d’estomac s’atténuent avec des décoctions de réglisse ou de guimauve. Pour les ballonnements, par contre, c’est plus ardu. On ne sait pas ce que sont des gaz intestinaux quand on n’a pas été enceinte ! La douleur est incroyable et elle se déplace. Le ventre, bien sûr, mais aussi le dos et ce qui est le plus douloureux, la poitrine. C’est le moment de faire jouer mon arsenal potager : livèche et coriandre, cumin et fenouil, thym et radis rose.
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Xavier Lhomme
Chaque fin de journée, quand la lumière était trop faible pour continuer à jouer du pan ou de la batea, bon nombre de chercheurs d’or y allaient manger, boire et jouer. Le menu était peu varié : chili, jambalaya, texas eggs, tamales. L’alcool n’y était pas toujours de première qualité, il fallait exiger des bouteilles scellées sinon on nous servait des mixtures allongées d’eau ou de je ne sais quoi qui rendait malade… ou fou. Une partie de la nuit se passait à jouer aux cartes, principalement au poker. Ensuite, ceux qui avaient encore un peu d’argent et n’étaient pas trop imbibés allaient voir les filles de joie de l’autre côté de la rue. Comme Sampedro, je pratiquais un peu tout cela, mais jamais au point de finir dans le caniveau, ivre comme certains ou avec un couteau dans le ventre comme d’autres. Lui et moi étions comme des adultes dans un monde d’irresponsables. Mais nous n’étions pas amis : il n’y a pas d’amitié qui tienne dans un endroit pareil.
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Xavier Lhomme
Arrivé en ville, je remerciai mon chauffeur, laissai mon vélo à la gare et me rendis avec mon panier à la librairie associative. L’établissement servait également – et de façon non officielle – de centre social / centre de soins / centre de formation / refuge pour femmes battues / épicerie solidaire, et de lieu de rencontre et d’écoute pour toute personne vulnérable, sensible ou simplement désireuse d’échanger et de partager. J’y échangeai discrètement mes fruits et légumes contre une bonne quantité de semences naturelles, dont le commerce était interdit depuis longtemps. Je passai ensuite à l’Atelier clandestin de rénovation où des personnes âgées, ou en situation de handicap, réparaient toutes sortes d’objets cassés ou touchés par l’obsolescence. J’y récupérai quelques menus outils et ustensiles remis à neuf. Mon panier était de nouveau rempli et je m’en retournai vers la gare. À ma grande surprise, plus je m’en approchais, plus mon cœur battait fort.
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Xavier Lhomme
Un dernier coup de gnôle, une dernière sèche et c’est parti pour remonter au tango. Le chemin, quand tu le fais à l’envers avec tout le barda, c’est plus le même. Ça coince de partout, les gamelles font du raffut. Pas possible de se courber, t’es obligé de plier les genoux. Et je te raconte pas, pour ramper... Autant dire que pour la discrétion, c’est macache ! Quand t’as mis une plombe pour l’aller, t’en mets trois pour le retour. Les Fritz t’entendent faire du boucan et quelques abeilles sifflent à tes oreilles. Tu te plaques au fond du boyau. Tant pis pour la gadoue et pour la bouffe : tu bouges plus pendant dix minutes. T’as le sang qui cogne dans la tête. Et puis tu repars, doucement, avec les chocottes. Ça arrive que t’y passes la nuit. Arrivé au terrier, les gars te tombent dessus à bras raccourcis pour te dépouiller. Et tout de suite, c’est la soupe à la grimace :
– Encore des patates !
– La viande est pleine de terre !
– Le café est froid !
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Xavier Lhomme
Dans cette ville, les établissements qui font du bon café ne manquent pas. La difficulté est ailleurs : quand on vit de la générosité des passants, il faut trouver un emplacement répondant à certains critères.
Le moindre déménagement, même d’une cinquantaine de mètres, implique de mener une véritable étude de marché. Il faut que j’installe mon campement dans une rue avec du passage, de la place et de la lumière, sinon les gens ne s’arrêtent pas pour discuter avec moi. Or, si le contact ne se fait pas, ils ne risquent pas de me donner une pièce ni de me payer un caoua.
Je suis désormais installée dans un recoin de la rue de Babylone, entre la caserne et le café sur lequel j’ai jeté mon dévolu. On y boit un délicieux catuai rouge de la vallée de Caconde. Je commence à être connue des habitués, ce qui est bon signe, et même des militaires, ce qui m’inquiète un peu. Les hommes en groupe sont souvent dangereux, pour une femme en situation de précarité.
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