"C'est facile, pêcher, en apparence. On laisse traîner un filet derrière le bateau. On attend qu'il se remplisse de poissons. Attraper cinq tonnes d'un même traît n'a rien d'exceptionnel un jour de veine. C'est facile en principe, ça l'est moins sur le champ, quand ça bastonne à tout-va sur le pont, quand les câbles tendus à hurler se font cordes à piano, menaçant de vous exploser au nez, quand l'un des deux panneaux qui lestent et maintiennent ouvert le filet sous la mer accroche la batayole ou l'ancre d'un destroyer englouti, voire un banal caillou planté là par Yhavé lui-même. On peut mourir en un pareil cas. On peut assister à la mort du navire et des copains, juste avant de fermer les yeux dans un rêve où il est question d'aller boire un verre au Café des amis, le dernier."