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Citation de Osmanthe


Je marchai vers la cascade et à mi-chemin je me mis à courir. Je courais en proie à une grande peur. J'étais persuadé que les deux personnes étaient déjà mortes.
Je repensai au rire de la femme, à ce rire qui n'était pas normal. Et pour la première fois, je compris que ce rire était creux et triste. Je marchai en écoutant le bruit de mes zôri. Et, alors que j'avais déjà parcouru à la course, sans m'en rendre compte, presque la moitié du chemin qui descendait à la cascade, je tombai sur l'homme qui remontait. Il était seul.
"Où vas-tu petit, il n'y a plus personne à la cascade maintenant", dit l'homme en s'arrêtant un instant. J'avais beau chercher des yeux, l'homme était seul. Nulle trace de la femme. Est-ce que par hasard la femme aurait été la seule à se donner la mort ? Immédiatement les paroles de l'homme, "il n'y a plus personne à la cascade maintenant", me revinrent à l'esprit et j'en fus effrayé. Prêt à pleurer, je dépassai l'homme et continuai à descendre le chemin à la course. Il me semblait descendre dans un gouffre. Il faisait de plus en plus froid et de plus en plus sombre.
Au tournant du chemin, soudain le bruit de l'eau augmenta. Puis aussitôt j'aperçus la cascade ainsi qu'une partie de la "maison de thé". Personne. J'y restai un moment saisi de crainte et de désespoir.
J'appelai : "Madame !"
"Madame ! Madame ! " fis-je de nouveau en pleurant pour de bon.
A ce moment-là, à une dizaine de mètres de moi, je vis quelqu'un se lever et se diriger vers moi. Je restai figé de stupeur. C'était la femme. Elle s'était assise sur une pierre au bord du chemin pour se reposer.
" Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle en venant vers moi. Elle approcha son visage.
- Je pensais que vous étiez morte ", répondis-je. De soulagement mes larmes s'étaient mises à couler le long de mes joues.
La femme posa une main sur ma tête et m'essuya les yeux avec le mouchoir qu'elle tenait dans l'autre main. Le mouchoir était trempé et froid.
" Tu es sûr que tu n'as pas rêvé ?" demanda-t-elle, pensant sans doute que j'avais eu un accès de somnambulisme. Pour me faire sortir de mon rêve elle fit pivoter ma tête deux ou trois fois, ce qui me donna une impression de vertige, puis elle me donna une petite tape dans le dos. Et elle rit de ce rire que j'avais entendu lorsque j'étais caché sous la tribune.

Extrait de "Le chemin qui descend à la cascade"
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