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Citation de lanard


Avant d'aborder la traduction de la Bible, je voudrais faire un tour au cinéma. Le film "Lost in translation (2003) de Sofia Coppola a réactivé et propagé une nouvelle fois la cliché de l'intraduisibilité d'une langue non-européenne. A une époque où il existe des auteurs américains ou autres qui écrivent et publient des récits ou des poèmes en japonais, cette langue ne mérite même pas l'honneur d'être une langue exotique.
Le personnage féminin principal du film est, selon ses mots mêmes, dépassé par sa propre "médiocrité", et est incapable de comprendre quoi que ce soit qui ne confirme pas immédiatement sa valeur. Elle rencontre un autre non-Japonais, lui aussi est dépassé, en l’occurrence par une culture publicitaire d'une extrême brutalité, telle qu'on ne la trouve pas exclusivement au Japon. En Europe, ces deux personnages n'auraient eu aucune chance de se rapprocher l'un de l'autre. Mais dans une ville où ni l'un ni l'autre n'éprouve la nécessité de comprendre quoi que ce soit, ils se sentent soudain une proximité. Grâce à l'aide du "père de substitution", la fille apprend à s'accommoder de sa propre médiocrité. Ce film décrit une psychothérapie au de la langue exotisée, mais il ne produit aucune tentative de traduction et, par conséquent, rien on plus qui se perde par la traduction. Dommage que le roman homonyme d'Eva Hoffmann, Lost in Translation, soit moins connu que le film.
Les Jésuites au Japon portaient plus d'intérêt à la traduction que la cinéaste Sofia Coppola. Ils avaient beau être catholiques, ils voulurent non seulement dialoguer avec des païens, mais aussi traduire la Bible. Ils ont laissé un dictionnaire portugais-japonais. Sans les missionnaires portugais venus au Japon, nous n'en saurions pas tant aujourd'hui sur la langue parlée à cette époque. On écrivait beaucoup de livres à l'époque, certes, mais la culture écrite va son propre chemin et croise trop rarement celui de la langue courante.
Dans les première traductions de la Bible, on trouve juxtaposés des mots qui sont aujourd'hui catégoriquement séparés: cela tient de la nécessité où l'on était alors de traduire quelque chose de totalement étranger. Si maints passages des traductions semblent pleins de poésie, c'est que la langue écrite, devenue trop guindée, y rencontre la langue parlée.
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