Le titre de cet ouvrage est assez trompeur car je ne m'attendais pas du tout à cela en entamant la lecture de cet ouvrage, réservé à la médiathèque de ma ville et n'ayant par conséquent, pas lu la quatrième de couverture avant. Toujours est-il que je ne regrette absolument pas de l'avoir lu, même si ce n'est pas du tout ce que je pensais y découvrir. le «Journal des jours tremblants» n'occupe en réalité qu'une courte place dans ce livre alors que les trois premiers quarts de ce dernier sont consacrés à des leçons de poétique (trois exactement) que l'auteure a donné à l'université de Hamburg en 2011, très peu de temps après la triple catastrophe qui s'est déroulé au Japon cette même année.
Dans sa première leçon, intitulée «Les croyants traduisent»,
Yoko Tawada s'interroge sur la complexité de la traduction des langues européennes en japonais ou encore en chinois et inversement car étant donné que chaque langue est liée à une vison du monde particulière du monde et une croyance propre au peuple qui les parlent, certains mots ou expressions sont forcément intraduisibles. Elle en profite pour nous faire un petit cous d'histoire en remontant le temps plus de six siècles en arrière avec l'arrivée des premiers européens, les portugais et les espagnols sur l'île de Tanegashima, restant ainsi confinés sur cette dernière, les japonais refusant tout échange avec ces derniers.
Dans sa deuxième leçon «Les marchands traduisent», il est toujours question du problème des langues mais la conférencière met cette fois-ci en avant le refus des japonais de s'ouvrir aux relations commerciales avec l'étranger si ce l'est avec la Chine et les Pays-Bas, de peur d'être envahis par une culture qui n'est pas la leur, et ce, jusqu'au XIXe siècle, comme nous le verrons dans la troisième et dernière leçon.
En effet, dans cette dernière, «La modernité traduit», l'on voit apparaître les premiers échanges commerciaux avec l'Amérique. Un Japon replié sur lui-même, beaucoup moins ouvert au monde que la Corée par exemple, sa voisine, et qui a mis longtemps avant d'accepter d'être «envahi» par les autres cultures.
Pour l'auteure, cette historique du Japon était nécessaire afin de pouvoir mieux comprendre le Japon d'aujourd'hui.
Enfin, dans la dernière partie de cette ouvrage, elle nous raconte comment elle a vécu ce 11 mars 2011, vivant elle-même en Allemagne mais ayant toute sa famille dans la région de Tokyo. Ces quelques pages ont, pour moi, étaient les plus émouvant à lire car l'on comprend mieux certaines choses que les médias nous ont tus.
Un livre à la fois très émouvant et très instructif également ! Une écriture soignée et relativement facile d'accès même si parfois, j'avoue m'être sentie un peu perdue lorsque l'auteure fait référence à des pièces de théâtre japonais qu'elle compare avec les mêmes adaptées par des auteurs allemands ou encore italiens mais cela n'est qu'un détail qui n'entrave en rien la compréhension globale de l'ouvrage. A découvrir !