Le mouvement révolutionnaire grandissait en Russie et avec lui s'accroissait aussi notre correspondance avec la Russie. Elle s'éleva bientôt à trois cents lettres par mois. Quel matériel pour Ilitch ! Il savait lire les lettres des ouvriers. Je me souviens encore d'une lettre d'ouvriers de la carrière de pierres d'Odessa. Une lettre collective, aux écritures primitives, sans sujet ni complément, sans points ni virgules, mais qui respirait une énergie inépuisable, la volonté de lutter jusqu'au dernier, jusqu'à la victoire, une lettre dont chaque mot naïf et convaincu, inébranlable, avait une couleur magnifique. Je ne sais plus de quoi parlait cette lettre, mais je la revois nettement telle qu'elle était, le papier, l'encre jaunie. Vladimir Ilitch lut et relut cette lettre, puis il se promena de long en large, plongé dans ses pensées. Ce n'était pas pour rien que les ouvriers de la carrière de pierres d'Odessa s'étaient donné la peine d'écrire leur lettre à Ilitch, il écrivaient au camarade à qui il leur fallait écrire parce que c'était lui qui les comprenait le mieux.
https://www.marxists.org/francais/kroupskaia/works/1926/00/06.htm
https://www.gbnews.ch/lenine-et-geneve-une-histoire-qui-surgit-du-passe/