Métis, né d'une mère han et d'un père tibétain, il fait des études secondaires et s'exprime en langue chinoise ; il vient à l'écriture en 1979 avec sa nouvelle le Silence d'un sage, de facture réaliste et d'inspiration régionaliste, qui le fait d'abord rattacher à la littérature de recherche des racines. Il évolue ensuite rapidement vers ce qu'il est convenu d'appeler « le réalisme magique » : mysticisme et superstitions, spiritualité bouddhiste et pratiques magiques caractérisent sa vision de l'homme tibétain d'aujourd'hui, ancré dans l'immémorial et l'immense, non colonisable (Tibet, les années cachées). On fait de lui le chef de file des écrivains tibétains de langue chinoise.
Mélancoliquement, Sangye regardait le cerf-volant, un fil scié par mille tiraillements, s’enfuir en chaloupant au-delà des sommets. Le terme de sa dérive était aussi imprévisible que le destin. Peut-être qu’un gardien le ramasserait dans la solitude d’une lointaine montagne ; ou bien il tomberait dans une rivière et une jeune paysanne, venue chercher de l’eau, le repêcherait avec sa louche de cuivre…
Qu’une affaire éclatât en ville et le camp devenait le lieu de perquisitions obligé. La police faisait souvent des descentes en pleine nuit. Les hommes et les femmes, enlacés nus, étaient chassés des tentes par les sifflements stridents des sirènes et les crissements des freins. Les policiers restaient souvent bouche bée devant ce que recelaient, au milieu des détritus, les tentes du campement...