Au cinéma Actualidades, ma grand-mère avait obtenu de la guichetière que je puisse faire mes devoirs dans la salle, sur les fauteuils d'orchestre, avec d'autres enfants qui traversaient, comme moi, le plus pénible des moments. Nous n'avions ni maison, ni vêtements, et à peine de quoi manger; jour après jour nos parents se battaient pour survivre. La guichetière était si gentille qu'elle nous avait autorisés à rester dans le cinéma la nuit; les fauteuils offraient des lits bien plus confortables que ces couchettes humides, en toile de jute, que nous avions à l'auberge. p.83