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EAN : 9782081382220
258 pages
Flammarion (31/08/2016)
2.6/5   20 notes
Résumé :
La Havane que vous découvrirez au fil de ces pages est celle que j'ai connue, celle de mes aventures, mais aussi celle de mes lectures, de mes écrivains de prédilection et de mes fantômes ? des fantômes que j'ai choisis, ou de ceux qui m'ont choisie. C'est La Havane de ma mère, et en l'absence de ma mère, La Havane est devenue ma mère, une mère lointaine et à jamais regrettée. C'est La Havane bagarreuse et bambollera (tapageuse) de mon père. La Havane particulièreme... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
"Je suis née à La Havane, un 2 mai 1959; je suis havanaise, ce qui implique déjà une certaine attitude face à la vie"....l'attitude est l'insouciance totale, prendre les choses comme elles viennent, résister aux circonstances et au climat.
Valdés nous raconte La Havane de son enfance insolite, vécue dans un deux pièces exiguës, plus tard, entassés sur deux étages d'une auberge, avec sa grand-mère, sa mère, une amie de celle-ci,sa tante et son cousin, sans père....Une Havane encore folklorique à l'ombre de la dictature de Castro -"Le 8 janvier 1959, Castro a pris La Havane; à partir de ce moment-là , le seul "Christ" qu'il fallait adorer, c'était lui"-.
Avec, Farolito, son allumeur de réverbères ," l'un des meilleurs connaisseurs de la Havane " / le Caballero de Paris, poète, l'homme le plus populaire de la Havane, qui a toujours avec lui tout un tas de poèmes / "La présence" de José Marti,"immense écrivain et révolutionnaire" / L'odeur du pain croustillant, des vizcondes,gâteaux, à base de pain imbibé de sirop et couvert de crème / Ses guaguas, les bus havanaises / Ses cinémas aux navets soviétiques ou nord-coréens en programmation.........Valdés se perd et nous perd dans le monde haut en couleur d'une ville mythique, à jamais disparu et nous emmène dans tous ses recoins et ses environs, y mêlant l'histoire à ses propres souvenirs.

Elle, qui vit aujourd'hui à Paris, dans le Marais, y cherche toujours sa Havane d'antan. Les rues, les habitants, les détails, tout contribue à allumer sa nostalgie de cette ville qui n'a cesser de lui manquer, "jour après jour, minute après minute".

Rêves ou souvenirs ? qu'importe. Cette Havane peuplée de fantômes et de personnages excentriques, dont elle n'a pas vu la splendeur passée mais l'imagine, où elle a appris à lire, à vivre et à résister, cette ville, le lieu de son identité, qu'elle porte tout entière en elle, elle nous La raconte dans une magnifique langue poétique, envoûtante.
Même moi, déçue par cette ville que j'ai récemment visité , je me laisse emporter par cette envolée lyrique.


"J'ai quitté La Havane , mais elle ne m'a pas quittée".
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Lire ce livre, c'est évoluer dans un rêve. On est là, le soleil brûlant la peau entre deux déluges d'averse, trimbalant notre corps accablé par cette moiteur jusqu'alors inconnue, dans les rues de la Havane. On déambule, un guide touristique à la main, parcourant les rues et les lieux saturés de bruits, d'odeurs acres et sucrées, avec auprès de soi, la voix chaude et le verbe chaloupé de Zoé Valdès, qui nous murmure à l'oreille l'histoire des lieux.

"Ce livre est une sorte d'essai sur La Havane, avec sa part de rêve et de fiction. (...) Comme une mère, comme une soeur, [La Havane] me renvoyait ma propre image, démultipliée, mon image éclatée comme une larme en mille morceaux."

L'auteure est née avec la révolution cubaine : en cette année 1959, les révolutionnaires ont été accueillis par les vivats d'une foule enthousiaste et pleine d'espoir. L'embargo des États-Unis, le ralliement à l'union soviétique et les années noires de la répression qui suivirent eurent vite raison de cette euphorie. Mais là n'est pas le propos de ce livre, mais la cause de l'expatriation qui nous vaut cette vibrante et touchante déclaration d'amour de Zoé Valdès* à sa ville de naissance et de coeur.

"L'exil est un châtiment ; ce n'est pas un cadeau. L'expérience peut être enrichissante, c'est vrai, mais je verrai toujours l'exil comme une punition."

Zoé Valdès nous conte ses souvenirs, avec beaucoup de poésie, d'émotions et d'admiration pour cette Havane qui a vécu et continue à vivre sans elle, en intercalant à son récit, de courtes descriptions qui semblent tout droit sorties d'un guide touristique, comme un ancrage nécessaire, une bouée à laquelle se raccrocher. Un peu comme une enfant qui voudrait se rassurer, en prenant l'autre à témoin : 'Regarde, je n'ai pas rêvé ! C'est bien vrai ce que je dis, puisque c'est écrit là !'

"Le plus fort, c'est quand tu éprouves cette sensation de porter en toi les rues où tu es né, celles où tu as grandi, alors même que tu marches dans d'autres rues, qui te sont étrangères."

Revisiter par l'écriture cette Havane tant aimée, c'est donner corps à ce qui vit en elle de la ville et de ces habitants : le Caballero de Paris, qui offre ses poèmes comme d'autres des fleurs, Farolito sanglotant sur la disparition de Paquita Terremoto, la mère qui rentre au lever du jour, portant "sur ses épaules le poids de la ville entière", Sibilla qui "reviendra, funambule en éveil, en équilibre sur le fil que lui tend le sommeil", la vie à Cojimar qui laisse "le corps tout salé, tout défait", la démolition de la maison rue Muralla, le Christ de la Havane, banni, ces couples qui dansent, étincelants, tout habillés de blanc et cette musique des bars et des rues...

"Je remercie une fois de plus ceux qui aiment La Havane, qui la comprennent du plus profond de leur être, qui la caressent sans la brutaliser, sans l'humilier ; car c'est aussi grâce à eux que La Havane reste debout, capable de survivre à n'importe quelle époque, à n'importe quel désordre. Je remercie les Havanais de naissance, qui se reconnaîtront au coin de chacune de ces pages. Alors, ils déambuleront de chapitre en chapitre, je les tiendrais par la main, avec leurs fantômes, qui sont aussi les miens."

Et moi de remercier Bookycooky, sans laquelle je n'aurai pu découvrir ni ce livre ni cette auteure...

*Zoé Valdès est interdite de séjour à Cuba, depuis 1995 date de la parution de Néant Quotidien.
Lien : http://page39.eklablog.com/l..
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« Quand j'ai quitté Cuba, j'ai dû laisser ma famille, mes livres, tout ce que je possédais, j'ai dû laisser ma maison, et j'ai dû laisser ma ville. »

Quel hommage rendu à La Havane ! Zoé Valdés est une écorchée vive qui manie la plume avec une force qui surprend. Elle crache son désespoir d'être partie ou plus exactement d'avoir été obligée de partir et garde cette blessure ouverte.

« L'écriture fait ressurgir ma Havane et ses fantômes. »

Ce livre permet la découverte de rues, de demeures, d'odeurs et de personnages qui ont peuplé La Havane, qu'ils soient artisans ou poètes, Zoé Valdés leur rend tous hommage et les lie à son univers suave et sensuel. « La pluie tombe sur les rêves, sur le sol, sur les statues. La pluie tombe sur toi, marbre ardent et érotique, et ton visage a la blancheur de cet astre lointain. »

Elle livre des bribes de souvenirs foisonnants, douloureux, heureux, mélancoliques. Les sentiments sont forts et trahissent des peurs qui remontent parfois à l'enfance. « Mes rêves fragiles comme le verre se fêlaient au son de sa voix, à la lisière de mes angoisses. »

C'est une constante au travers des lectures de cet auteur, la douleur de l'exil, du déracinement. « L'exil est un châtiment ; ce n'est pas un cadeau. L'expérience peut être enrichissante, c'est vrai , mais je verrai toujours l'exil comme une punition. »

Elle me touche à chaque fois. Ce livre surpasse tous les guides touristiques de la Havane car il y a de la vie, de la transpiration, de l'humain dans les rues quand Valdés nous fait déambuler avec elle d'un quartier à un autre. J'ai découvert des personnages voire des personnalités -parfois étranges- qui ont marqué l'auteur. Elle se raconte autant qu'elle nous révèle sa Havane. « Il ne pleut nulle part comme il pleut à La Havane. Ce sont des averses épaisses et odorantes, l'herbe est parfumée, les rues sont fumantes. »

Je remercie Babélio et les Éditions Arthaud pour ce magnifique cadeau. le choix de la couverture -image, toucher, couleurs- abouche à merveille avec l'ambiance très particulière qui exsude des souvenirs des « trois petites filles dans le miroir. »

J'ai une petite préférence pour les romans précédemment lus d'elle mais je suis ravie de la découverte de la Havane au travers des mots de Zoé Valdés et du partage d'émotions et de sensations qu'elle livre ici. « Oui, il faut partir de zéro ; le zéro est la clef. » Ce livre aide à comprendre la femme, l'auteur, la cubaine exilée en France.
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La Havane mon amour dit elle !
Au travers de ces pages, je ne sens pas l'amour mais la nostalgie de l'amour ressenti pour une ville qui n'existe plus.
La Havane, tout comme Paris, Moscou, Rome ne sont plus seulement les villes qu'elles ont été car le temps continue d'avancer et heureusement tout change.
Lier sa naissance à l'accession au pouvoir d'un régime honni, à la décadence de sa ville et de son pays et à la déification de ce qu'était cette ville et cette île avant ce qui est appelé la révolution, est douloureux.
Mais l'évolution du monde ne doit elle pas être considérée comme une chance, le passé est le passé et doit être utilisé pour construire l'avenir.
La prose de Zoé Valdés me gêne ... son amertume ... sa condamnation sans appel d'un régime ... sa nostalgie du passé ( le passé étant toujours montré comme des temps idylliques et meilleurs) ... me semble dévastatrice et sans intérêt ... le passé n'est pas la solution pour demain .... l'avenir est à construire en se servant du passé et de ses erreurs et pas en se morfondant de ses soi disant splendeurs d'hier.
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Une gourmandise mi - sucrée, mi  acidulée que ce livre, il a le goût de l'enfance, mais aussi des premiers émois amoureux et surtout c'est un guide initiatique à la découverte de cette cité si maltraitée par l'histoire mais tant aimée par celles et ceux qui y ont vécu et sont à présent en exil. Zoé Valdès, avec une plume inégalable, prend son lecteur par la main, par la richesse des images, des fantômes, des êtres aimés, de ses amours et d'un certaine insouciance grave pour nous faire découvrir cette cité.

A la fois guide touristique, littéraire, culturel de la Havane mais aussi celui de ses souvenirs, c'est la poésie, la richesse des images, des couleurs, l acuité dans la description de ses personnages réels ou non comme la cocasserie de ses clichés qui font de ce ivre un récit au genre à définir mais qui est un plaisir de lecteur.
Lien : http://passiondelecteur.over..
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
La rue peut se trouver tout au bout de ta vie, la rue peut commencer sur ton visage. Ce vers quoi tu regardes, là est peut-être le chemin.
Partout, la rue peut te poursuivre, et toi, tu peux refuser qu'elle t'atteigne.
Ne tourne pas le dos aux rêves, sinon à la nuit tombée, la ville t'arrachera les yeux.
À minuit, prends un miroir et compte les étoiles, comptes-les jusqu'à trois cents : tu vas voir à quoi tu ressembleras dans quelques années, et c'est alors qu'apparaîtra la rue que tu devras fatalement emprunter. Ah, les vieilles superstitions havanaises !
La rue pourrait bien se trouver tout au bout de ta vie, mais il se pourrait aussi que tu n'arrives pas à compter trois cents étoiles d'un seul coup, ou bien que tu ne parviennes jamais à te trouver dans le miroir.
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Au cinéma Actualidades, ma grand-mère avait obtenu de la guichetière que je puisse faire mes devoirs dans la salle, sur les fauteuils d'orchestre, avec d'autres enfants qui traversaient, comme moi, le plus pénible des moments. Nous n'avions ni maison, ni vêtements, et à peine de quoi manger; jour après jour nos parents se battaient pour survivre. La guichetière était si gentille qu'elle nous avait autorisés à rester dans le cinéma la nuit; les fauteuils offraient des lits bien plus confortables que ces couchettes humides, en toile de jute, que nous avions à l'auberge. p.83
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Tous les jeudis, un groupe de poètes et d'écrivains, des vieillards pour la plupart se réunissaient autour d'elle ( Dulce Maria Loynaz, poétesse et écrivaine cubaine) et prenait le thé, tout en réfléchissant et en bavardant, au sein de l'Académie.Le régime ne voyait pas ces réunions d'un œil favorable, et elle le savait bien; elle résistait, avec sa brillante intelligence pour seule et unique arme. p.208
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Et si les villes devenaient soudain une seule et même métropole bâtie avec nos souvenirs ? Et si les ruines de La Havane s'entremêlaient à celles d'Athènes ? Et si les ponts de Paris débouchaient sur les carrefours de Buenos Aires ? Et si les fontaines de Rome prenaient leur source au lac de Belgrade ? Et si les temples de Beyrouth avaient des portes qui s'ouvraient sur Jérusalem ? Et si la Tamise de Londres irriguait le Manzanares de Madrid ? Et si les putes de Barcelone allaient battre le pavé au Caire ? Et si tout n'était qu'un seul et unique baiser, dans le silence des rues vénitiennes ?
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Le Havanais aime dialoguer avec l'écran: quand il est au cinéma, il aime parler, commenter le film-si possible à voix haute-en même temps qu'il le voit.Le Havanais adore intervenir sur le scénario d'un film en hurlant des injures contre le méchant, et en essayant d'empêcher le bon de s'engager dans la rue où, forcément, il va se retrouver nez à nez avec le méchant. p.135
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Vidéo de Zoé Valdés
Reportage sur la romancière Zoé Valdés dans la chaine France 24.
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