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Critiques de Zygmunt Miloszewski (408)
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Te souviendras-tu de demain ?

J'ai été totalement séduite par l'écriture de Zygmunt Miloszewski. Elle est décapante, pleine d'humour, de dérision et nous fait vraiment sourire plus d'une fois.

C'est avant tout un roman sur l'amour, sur un couple mais aussi sur un pays: la Pologne et plus encore une ville : Varsovie.

D'ailleurs si on la chance comme moi de connaître cette ville, la topographie de Zygmunt Miloszewski est très touchante, notamment quand il évoque les lieux de l'ancien ghetto de Varsovie.

Un homme et une femme fêtent leurs cinquante ans de mariage et au petit matin, par on ne sait quelle alchimie, ils se retrouvent à l'âge de la trentaine lorsqu'ils se sont connus.

Cela fait déjà rêver, quitter l'âge de la vieillesse et ses affres et se retrouver jeunes. Mais le meilleur, c'est de vivre ses trente ans avec l'expérience et le passé de ces presque 80 ans.

Miloszewski est très fort dans ce procédé, les premières pages sur le lever du mari très précautionneux pour attaquer sa journée sont pleines d'humour tout en étant réalistes.

Être et avoir été, tout un programme. De très belles phrases très pertinentes sur la vie qui nous permettent peut-être de mieux appréhender ce qu'il nous reste à vivre, d'accepter sa vieillesse et d'en faire une force, recevoir chaque nouveau matin comme un cadeau supplémentaire de la vie.

Le roman nous plonge aussi dans l'histoire de la Pologne, Un pays qui a connu beaucoup de vicissitudes et étouffé par ses voisins.

Te souviendras-tu de demain me semble une belle introduction pour qui veut s'intéresser à la Pologne.

J'ai vraiment savouré beaucoup de pages de ce roman et j' ai très envie de lire aussi les romans policiers de cet auteur.
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Inavouable

L’histoire débute le 26 décembre 1944, dans la chaîne des Tatras », avec la fuite, en pleine tempête de neige, d’un résistant chargé par un officier nazi de mettre un mystérieux étui métallique à l’abri. Il s’agirait d’un grand secret de cette guerre.



Mais notre homme, alpiniste réputé, s’épuise en tournant en rond dans la tempête et l’objet est perdu, l’officier avale une capsule de cyanure pour échapper aux Alliés aussi bien qu’aux russes.



Saut à l’époque actuelle, avec un « attentat » terroriste déclenché sur les cabines du téléphérique, dans les Tatras toujours. Mais un militaire réussit à déjouer en partie la manœuvre, limitant à la casse, une seule cabine avec deux personnages à bord, faisant le grand plongeon. Le militaire en question tient à rester un héros dans l’ombre, et s’apprête à prendre sa retraite.



Soudain, un tableau de Raphaël « Le portrait d’un jeune homme », disparu des radars depuis fort longtemps réapparaît sur une photo chez un collectionneur lambda. Il s’agit d’une œuvre dérobée par les nazis à la Pologne pendant la guerre. Le premier ministre Donald Tusk charge Zofia Lorentz, une experte en art qui traque ces œuvres pour les faire revenir dans les musées polonais.



On va lui constituer une équipe (à aucun moment, on ne lui a demandé son avis dans le choix des membres) qui comprend un marchand d’art, Karol, un ex-militaire Anatole dont on a déjà fait la connaissance, et une suédoise, voleuse chevronnée, qui purge une peine de prison après s’être fait prendre la main dans le sac lors de sa dernière opération.



Dans ce thriller haletant, un pavé de 635 pages, on suit cette équipe un peu étrange dont la première intervention pour récupérer le tableau est un échec, car des mercenaires, tueurs à gage, des espions tentent à tout prix de faire capoter l’opération. Qui est à la tête de l’opération ? c’est ce que doivent tenter de découvrir le quatuor. A qui peut-on faire confiance, quand l’ennemi en face utilise l’artillerie lourde, du matériel de guerre ?



Un mot sur les personnages féminins : Zofia, c’est l’intellectuelle obsessionnelle, sans concessions, qui tient les autres de haut, se lance dans des explications dithyrambiques, qui pourraient faire l’objet d’une thèse. Toute la partie consacrée à l’histoire du tableau de Raphaël que Zofia explique à ses compagnons est passionnante.



Lisa, c’est l’extravertie, qui à un langage de charretier, qu’elle met sur le compte de son passage en prison, amoureuse de son Claude (Monet) au point d’aller voler une (voire plusieurs) de ses œuvres pour la conserver pour elle…



A noter une scène très drôle : Lisa, en tenue d’Eve, pro du piratage informatique et des dernières technologies en vogue, qui déjoue les systèmes de sécurité, pour aller s’emparer du « Jeune » …



L’auteur nous promène avec habilité dans le milieu de l’art, à tel point qu’on ne sait plus qui a existé ou pas : le collectionneur Ignace Korwin-Milewski et sa mystérieuse Catherine par exemple…



L’histoire est passionnante, le suspense au rendez-vous. En plus, on s’aperçoit que les quatre compères ont un passé compliqué, des secrets, des intérêts divergents, des amours blessées et chacun a une personnalité bien affirmée. On ne s’ennuie pas une minute, tant les rebondissements sont nombreux.



Ce thriller nous entraîne dans deux domaines qui m’intéressent particulièrement : la seconde guerre mondiale et l’histoire de l’art, les œuvres dérobées par les nazis, et même si les explications de Zofia sont parfois trop « scolaires », je me suis fait plaisir car Zygmunt Miloszewski s’est extrêmement bien documenté, donc nous livre toute une réflexion sur l’histoire des impressionnistes, le milieu des collectionneurs, des antiquaires, les opérations douteuses, en mêlant habilement l’Histoire, les magouilles des uns et des autres.



Grâce à l’auteur, j’ai découvert le peintre polonais impressionniste Aleksander Gierymski, notamment sa « vendeuse d’oranges » par exemple…



C’est le premier livre de Zygmunt Miloszewski qui atterrit entre mes mains et j’ai beaucoup aimé. D’autres m’attendent et j’ai bien l’intention de continuer à explorer son univers. Ce n’est pas une découverte de hasard, cela fait un bon moment que je vois passer des critiques enthousiastes sur Babelio, et je l’avais sélectionné pour le Challenge il y a un an déjà…
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Inavouable

J’ai lu Inavouable, d’un auteur que je vais maintenant suivre, grâce à mon amie de Babelio Yaena, qui me fait décidément découvrir de bien beaux livres. Merci Yaena !



In...avouable, donc. C’est un thriller : je ne vais pas m’étendre sur l’histoire, la quatrième de couverture en dit bien assez. Et quoi d’autre ?



In...the-mood-for-love ? Eh bien oui. C’est un thriller, mais les personnages sont vivants, ils ont des sentiments, des émotions, ils tombent amoureux, ou pas, ils se trompent, ils se rachètent, ils vivent, ils meurent (un peu, pas trop), et c’est tout cela qui fait de ce livre un thriller bien supérieur, du moins selon mes critères, à ses confrères américains dont vous connaissez tous les noms. Oui, car l'auteur est polonais, je ne vous l'avais pas dit ?



In...compatible avec la vie normale pendant le temps qu’on le lit ? Carrément. Ce n’est pas le genre de roman qu’on a envie de lâcher, et ce, même s’il est une heure du mat et qu’on doit se lever à six. Ne croyez pas google qui vous dira qu’il est long : il passe vite, très vite, in...finiment vite. Mais c’est sûr que si on décide de le commencer pour se détendre juste avant "la" réunion dont dépend notre financement des cinq prochaines années, c’est se torturer in...utilement car il y a fort à parier qu’on aura envie d’expédier cette réunion vite fait pour le retrouver.



In...compréhensible ? Pas du tout, quelle idée ! Par contre, c’est vrai que ce livre m'a posé un vrai problème : son histoire se mélange subtilement à de véritables faits historiques, et on ne sait pas où termine la réalité et où commence la fiction. Il est question d’œuvres d’art qui ont disparu pendant la seconde guerre mondiale (un tableau de Raphaël ; la "chambre d’ambre"...) : wikipédia raconte les mêmes histoires, et ajoute que ces disparitions restent des énigmes non résolues. Mais le roman est tout de même une fiction, et j’ai été régulièrement gênée de ne pas savoir où s’arrêtait la réalité. Les personnages qui gravitent autour de ces œuvres d’art sont fictifs ; mais le sont-ils tous ? Parmi ceux des années 40, quels sont ceux qui ont réellement existé ? Je n’ai pas fait d’in...nombrables recherches sur le web pour avoir l’ensemble des réponses : de toute façon, on comprend parfaitement l’histoire sans cela. Mais j’ai découvert que ne pas le savoir, ne pas avoir accès à un petit appendice par exemple où l’auteur dirait "je me suis inspiré de ceci cela", pouvait être dérangeant.



In...utile de faire des mises en garde avant la lecture ? Eh bien si, puisque vous me posez la question, juste une : j’ai lu tout le début sans faire attention aux noms, à consonances polonaises, et j’ai très vite été perdue. Mais comme je me rendais bien compte que c'était captivant, j'ai recommencé. Pour éviter cette étape, je vous recommande donc de faire ce que j'ai fait la deuxième fois, i.e. de noter tous les noms sur une feuille, un peu comme quand on lit Tolstoï ou Dostoïevski, vous voyez ? Au bout de 50 pages, vous aurez fait le tour des personnages, et au bout de 100, vous n’aurez plus besoin de votre papier. Mais il est quand même in...dispensable pour commencer.



In...téressez-vous à ce livre, lecture parfaite pour les prochaines vacances au ski, par exemple (vous voyez, je prends soin de la préparation de vos réunions) !
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Inavouable

Zygmunt Miloszewski nous a habitués aux récits à secousses.



Romance, aventure, culture, Inavouable est une extraordinaire expédition aux allures de thriller d'espionnage qui embarque le lecteur dans le monde de l'art, où politique, machinations, faussaires et secrets d'Etat se disputent une place au soleil.



Ce roman contient tout ce que nous aimons chez le journalisme/romancier/scénariste polonais : des personnages cassés mais marquants, une langue crue, un humour féroce, une colère politique sous-jacente, beaucoup de suspense et une histoire percutante et des rasades de subversion.



Le quatuor infernal absolument hétéroclite et improbable qui nous fera transpirer de frayeur plus d'une fois est très attachant et l'auteur polonais se sert d'eux pour nous infliger son humour décapant et beaucoup de ses idées sur l'Amérique mais surtout sur la Pologne, sa terre natale.



Quel rythme, quel souffle !

Des courses poursuites, des embuscades, de l'action, des rebondissements,

Inavouable est aussi efficace dans sa mécanique comme virulent dans sa manière d'épingler et de dénoncer le vol des oeuvres d'art et des trésors pillés pendant la Seconde Guerre mondiale.

Erudit tout de même, parfois il y a quelques pépites aux multiples niveaux de lecture.



Du grand art !





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Un fond de vérité

Sa liaison avec une jeune journaliste a sonné le glas du mariage de Teodore Szacki, procureur vedette du parquet de Varsovie. Déprimé par son divorce, il a choisi de quitter la capitale polonaise pour la petite ville de Sandomierz, charmante bourgade au bord de la Vistule. Mais la solitude l'écrase et l'ennui rôde. Sandomierz est trop calme. Entre deux liaisons aussi vaines qu'insatisfaisantes, le procureur ne s'occupe que de bagarres d'ivrognes et d'accidents de la route. ''Heureusement'', un cadavre va le sortir de sa pénible routine. Le corps d'Ela Budnik est découvert près de l'ancienne synagogue. Nue, vidée de son sang, la jeune épouse d'un conseiller municipal a été égorgée comme une bête, selon le rituel juif. Toute la ville est en émoi et de vieilles légendes refont surface. On a toujours accusé les juifs de fabriquer leur pain azyme avec le sang des enfants catholiques. Le fait que très peu d'entre eux soient revenus des camps et que la victime ne soit plus une enfant ne trouble personne. La presse s'empare de l'affaire, les mères n'osent plus envoyer leur progéniture à l'école et l'antisémitisme pointe son nez. Dans cette petite ville où tout le monde se connaît, Szacki est jugé le plus objectif pour mener l'enquête. Avec Barbara Sobieraj, une collègue qu'il n'apprécie guère et Leon Wilczur, un vieux flic qu'il juge aigri, le procureur se lance sur la piste du tueur alors que les crimes continuent, tous sanglants et tous semblant pointer vers un meurtrier juif.



Après avoir exploré les fantômes du communisme dans Les imliqués, Zygmunt Miloszewski remet en scène son procureur fétiche dans une enquête pleine de rebondissements qui le conduira à explorer une nouvelle facette de l'histoire de la Pologne : la difficile cohabitation entre juifs et catholiques sur fond de légendes urbaines, de jalousie, de ressentiments et d'antisémitisme. Un pan d'histoire instructif et passionnant où les pogroms, les massacres et le difficile retour des camps se justifient par le mythe du juif avide de sang chrétien qui vole et tue sans vergogne les enfants catholiques. Côté vie privée, l'inflexible procureur s'éparpille, se cherche sans se trouver. Cet éternel insatisfait doit aussi se faire à l'idée que dans une petite ville tout se sait. Ses faits et gestes sont disséqués et commentés, la discrétion est un luxe qui n'existe pas à Sandomierz.

Une enquête bien menée, une leçon d'histoire et un enquêteur finalement attachant malgré ses défauts, Un fond de vérité a tout pour plaire et en supplément la ville de Sandomierz avec son quartier historique, son château et ses églises donne des envies d'escapades polonaises malgré son passé sombre et tourmenté. Un deuxième opus encore plus réussi que le premier.
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La Rage

C'est à Olsztyn, capitale de la province polonaise de Varmie-Mazurie, que le procureur Teodore Szacki a posé ses valises. Il vit depuis un an avec Zenia, une charmante organisatrice de mariage et avec sa fille Hela que sa mère n'a pas souhaité emmené avec elle à Singapour. Arrachée à Varsovie, son lycée, ses amis, l'adolescente n'est pas facile à vivre et son père peine à établir le contact. Mais ses problèmes familiaux vont être balayés par une affaire particulièrement difficile. Sur un chantier, des ossements sont découverts, ceux d'un homme décomposé chimiquement et auxquels on a ajouté les os de différentes victimes. L'homme, marié et père de famille, menait une vie sans histoires et personne ne semblait lui en vouloir. Préoccupé par ce cas complexe, Szacki prend à la légère la visite d'une femme qui se dit effrayée par son mari. Quand il la retrouve baignant dans son sang, le procureur fait son mea culpa mais il est trop tard. Sa conduite inconsidérée a fait de lui une cible...



Clap de fin pour l'intransigeant procureur Szacki. On le retrouve dans une nouvelle vie, une nouvelle région, avec une nouvelle femme et un nouvel adjoint, encore plus rigide que lui.

Après nous avoir fait visiter la froide Varsovie, puis la jolie Sandomierz, Zymunt Miloszewsi nous emmène au Nord-Est de la Pologne, dans une région qui a longtemps été allemande. La ville d'Olsztyn se targue d'abriter pas moins de onze lacs en son centre mais l'auteur ne peut s'empêcher de noter l'urbanisme effréné qui bétonne à tout va, le modernisme à tout prix ayant pris le pas sur l'art et la beauté.

Mais là n'est pas le propos du livre qui aborde un thème plus douloureux : la violence domestique et le silence qui l'entoure. Des familles qui vivent dans la peur, des enfants effrayés, des femmes humiliées au quotidien, des épouses qui tombent sous les coups de leurs maris tout-puissants. Une prise de conscience pour le procureur parfois un peu macho qui s'interroge sur ses propres comportements. Son enquête va le mener jusqu'au bout de lui-même. On le savait soupe-au-lait, ''courroucé'' comme le décrit sa fille, on découvrir toute la rage dont il est capable pour protéger les siens, une rage qui le conduira jusqu'à l'irréparable...

Un final intense qui conclut formidablement cette trilogie polonaise qui aura su nous faire découvrir un pays méconnu, un enquêteur tout en nuances et un écrivain qui sait dénoncer les travers de ses compatriotes avec suffisamment d'humour et de cynisme pour ne pas passer pour un donneur de leçons. On tourne la dernière page avec déjà la nostalgie de tous ces moments partagés avec le procureur et la Pologne. Adieu Teodore mais à bientôt Zygmunt...
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La Rage



L'auteur Zymunt Miloszewsi situe son enquête à Olsztyn, au Nord-Est de la Pologne, une région à forte influence allemande, et qui en garde un certain état d'esprit.

Ce qui est évident, vus les peu flatteuses descriptions touristiques locales au long du roman, son embauche éventuelle au syndicat d'initiative de ladite région, si telle etait son ambition, ne restera à jamais qu'a l'état de projet... En tout cas, je n'irai pas specialement sur place pour visites d'une ville moche voire sinistre de par son développement architectural et urbain anarchique dixit l'auteur.

Le décor est planté, et l'on se doute que l'histoire sera moche voire sinistre. Et nous aurons raison pour notre plus grand plaisir de lecteur.



Le très rigoriste et légaliste procureur Teodore Szacki s'y installe en provenance de Varsovie, avec sa fille adolescente difficile par définition, dont le rôle secondaire mais essentiel est l'implacable déclencheur de l'irfeversble explosion de sa rage latente de "misanthrope sociopathe".



Le roman se déroule sur fond de question récurrente : faut-il que la loi du "talion social" en réponse aux violences sociales et familiales, et bien sûr appliquée par une élite capable de condamner, se substitue à une Justice estimée trop laxiste, formelle, lente et plus encore ?

L'ultra légaliste et néanmoins misanthrope sociopathe procureur Szacki y est bien sûr opposé mais rendra lui même sa justice personnelle en tuant un coupable présumé ; je precise que ce n'est pas divulgâcher car effectif dès les premières pages.

Le roman va démonrer le mécanisme et la machination l'amenant à ce geste, ainsi que les conséquences.



Les personnages sont épais, fouillés, intéressants, et la chute, amorale, surprenante par son aspect non conventionnel.

Le tout baigne dans une écriture nerveuse, remplie d'un humour mordant et d'un cynisme réjouissants.

L'avantage du roman est que l'auteur ne tombe pas dans les leçons de morales lourdingues, ne juge pas ses personnages, il anime un scénario bien huilé.



Je découvre évidemment à la fin que ce sympathique voyage polonais est le dernier tome d'une trilogie... qui peut se lire indépendamment des autres sans problèmes.

Une bonne découverte.



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Les impliqués

Un mélange de - Les dix petits nègres -, désolé pour l'impolitiquement correct, but I'm too old to change my ways, et - Le crime de l'Orient-Express -, sont les deux enquêtes policières ( là, j'arrondis mes angles lexicaux) auxquelles j'ai associé celle menée par le procureur Teodore Szacki... en Pologne, il semble que le travail de limier soit dévolu à la justice, les flics n'étant que d'utiles collaborateurs... homme de 35 ans, marié à une jeune femme fonctionnaire judiciaire comme son époux, et père d'une petite fille de 7 ans... qui, en ce mois de juin 2005 traverse une crise existentielle, une crise conjugale, professionnelle... une sorte de démon de midi à onze heures moins le quart.

Un héros original que cet enquêteur polonais, qui a un rapport au temps très personnel. À 35 ans, il ne cesse de geindre qu'il est vieux, il se choisit une maîtresse de 26 ans et s'imagine presque être un pervers pédophile ( je ne grossis le trait que très légèrement... ), il qualifie un concierge de 68 ans et un homme "d'affaires" de 70 ... de vieillards !!!

On s'imagine ce que pourrait donner en France un projet de réforme des retraites avec une telle approche... ( digression sans intérêt).

À sa décharge il faut dire que ce vieux gamin" ( sa passion... les jeux vidéos ) a les cheveux tout blancs ( ils ont blanchi en une nuit à l'hôpital où la vie de sa fille était en danger), qu'il vit dans un pays qui ne s'est pas encore totalement affranchi de son terrible passé : la guerre, l'occupation nazie et la tutelle de fer du grand frère soviétique, lequel s'il a dû baisser le rideau en 1989, a laissé sur place quelques "succursales" qui ont toujours pignon sur rue. Il suffit juste quelquefois de changer l'enseigne pour tromper le chalant.

Comme c'est le cas pour quelques-uns de ces pays de l'Est qui furent soviétisés, la nouvelle économie de marché profite à ceux qui cherchent à en profiter, rarement aux honnêtes gens et jamais aux fonctionnaires d'État qui ne sont considérés que comme des serviteurs asservis.

Des hommes et des femmes passionnés par leur vocation professionnelle, malléables et corvéables sans un merci.

Teodore Szacki est l'un d'entre eux. Un procureur passionné, intègre et complètement fauché... qui passe une partie de sa vie à compter ses zlotys comme il compte ses cigarettes.

Un week-end où il est d'astreinte ou de garde... il est appelé à son domicile. Un homme a été tué, embroché, dans un cloître austère de Varsovie où il participait à une thérapie de groupe appelée " constellation familiale", laquelle consiste en un jeu de rôles qui aurait ou amusé Freud ou l'aurait obligé à augmenter sa dose de cocaïne pour accepter cette défonce pseudo-psychanalytique...

Qui était la victime ? Qui sont les membres ayant participé à ce séminaire pour "doux" dingues ? Le coupable est-il l'un d'entre eux ? Telles sont les questions auxquelles notre vieux-jeune procureur va devoir apporter une réponse. Et pour pouvoir y arriver, il va devoir fouiller dans le passé des uns et des autres ( rien de très original ), passé qui est étroitement mêlé au pays dont ils sont les citoyens et dont ils furent, il y a peu, les témoins "impliqués" où pas dans le grand tourbillon que fut son Histoire.

Du point de vue narratif, la structure constituée de chapitres qui se lisent sans palpitations mais sans piquer du nez, sont séquencés par des bulletins d'infos concernant la période dans laquelle se situe l'enquête et qui systématiquement se concluent sur les conditions météorologiques du jour, sont un élément, une trouvaille tout à fait bienvenue pour stimuler l'intérêt, la curiosité, la "nostalgie" pour les vieux lecteurs, dont je suis, et pour les autres... plus jeunes.

Outre l'aspect polar, le bouquin de Miloszewski a, comme c'est de mode ces dernières années avec des Mankell, des Harvey et d'autres très nombreux, comme intention assumée de sociologiser son propos, de le contextualiser, de rappeler aux lecteurs d'où vient son pays, ce qu'il a vécu, où et comment il en est arrivé là où il en est aujourd'hui, et l'auteur, par ce biais, à son tour s'implique , en se faisant auteur citoyen... témoin engagé de son temps.

Le style est convenable, l'intrigue plus intéressante par ses ramifications que par sa nature originelle, la psychologie des personnages est crédible. Le héros enquêteur est à la fois déroutant et crispant, comme le serait un danseur de polka hésitant sans cesse entre des castagnettes et des chaussons de danse.

Ne connaissant pas Varsovie, j'avoue que j'ai éprouvé un véritable sentiment d'indigestion à la centaine de noms de rues, de places, de quartiers, de monuments référencés dans ce polar qui se transforme en Guide du Routard pour lecteurs non voyants.

Il semble que - Les impliqués - soit le premier tome d'une trilogie... je réfléchirai avant de donner suite ou pas...
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Inavouable

Ce que j’ai ressenti:…Déblaiement artistique!



J’aime à me lire des briques, et m’enfoncer dans les secrets historiques pendant mes vacances, tout cela dans la chaleur d’un plaid en grignotant des fruits secs , donc vraiment cette lecture, elle tombait à pic dans mon planning, et je tenais à vous faire partager ce petit instant Inavouable de ma vie de lectrice…En voilà, un thriller glaçant, mis en scène comme une production cinématographique avec quelques jolies pistes de recherches personnelles, pour suivre ce quatuor tout-terrain!



"Mais depuis cette époque, je considère le temps différemment. Je profite de chaque instant, je m’efforce de l’exploiter, de l’apprécier, de le goûter au cas où il serait mon dernier."



Quelle passionnante escalade au sein de la montagne des œuvres dérobées pendant la deuxième guerre mondiale! Zygmunt Miloszeski explore la part sombre de l’Art et nous sert sur un plateau d’argent en monochrome, un thriller de haute voltige à la recherche de peintures perdues dans les tréfonds de l’Histoire. Un petit pavé minutieusement orchestré, pour nous lancer à l’assaut d’incroyables beautés, dont un sourire, valant quelques milliers d’euros (au bas mot), et une multitude d’acquéreurs qui seront prêt à tous les pires stratagèmes pour mettre la main sur leur folle passion…



"-Quelle…misérable créature a accroché un Raphaël à côté d’une télé?"



J’ai adoré l’intensité de la plume de Zygmunt Miloszewski, sa façon de nous rendre vibrante toute action, qui d’un seul coup, prend des airs de cinéma, de véritables scènes à couper le souffle: dès l’incipit, on est happé au sein d’une bourrasque, et c’est presque si on ne se gèle pas sur place en tournant les pages, et l’auteur nous distille tout au long de son intrigue, des minutes de lectures vertigineuses et saisissantes qui rendent son thriller plus étourdissant et palpitant qu’il ne l’est déjà de par son thème. J’ai pris beaucoup de plaisir à me balader dans les secrets d’histoires, les filières de l’Art et les bouillonnantes années de la Seconde Guerre Mondiale. Avec beaucoup d’humour, l’auteur nous parle de la Pologne, de son passé ravagé, de ses trésors perdus, et cette lecture devient pour notre plus grand plaisir, un moment instructif et passionnant!



"Mais le savoir…le savoir, c’était le pouvoir."





Ma note Plaisir de Lecture 8/10


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Les impliqués

Je pense qu’avec la lecture du polar « Les impliqués » de Zygmunt Miloszewski j’ai dû lire pour la première fois une œuvre d’un auteur polonais.

Un voyage dépaysant donc pour ma part, car il faut reconnaitre que je ne connais pas grand-chose à ce pays si ce n’est le nom de quelques villes et hommes politiques.

Il a cependant que je m’habitue au cours de ma lecture à tous ces noms comportant des Y, des W, des Z et des K un peu partout…Bon, au bout d’un moment, on s’y habitue, il faut le reconnaitre.

Donc, plongée dans le cœur de Varsovie, avec un groupe isolé du reste du monde (ou presque) puisqu’il entame une thérapie sous la direction de Cezary Rudzki. Un des participants va être assassiné de façon assez particulière et on ne peut s’empêcher d’imaginer que le coupable ne peut être que l’un des autres participants au vu du huis-clos existant.

L’enquête va être menée par le procureur Teodore Szacki. Eh oui, en Pologne, même si les procureurs sont assistés par des policiers, ce sont bien eux qui mènent l’enquête. Cela change singulièrement des polars que j’avais l’habitude de lire.

Cette enquête, qui va se mener au rythme des disponibilités de Szacki, nous permet d’avoir une vision de la Pologne du début du vingt et unième siècle. Cependant, l’empreinte de la période communiste est encore bien présente et certaines institutions comme les administrations sont encore bien imprégnées de leurs méthodes.

J’ai eu de la peine au début à m’attacher au personnage central que je trouvais un peu trop dans ses atermoiements et ses tergiversations. En effet, Teodore est à une période charnière de sa vie puisqu’il nous fait sa crise de la quarantaine. A partir du moment où j’ai réalisé qu’il avait les cheveux bien gris, je me suis plu à me l’imaginer sous les traits de Richard Gere et tout à coup j’ai lu l’histoire avec plus d’intérêt.

J’ai bien aimé cette histoire avec une enquête bien menée et je compte bien lire les deux tomes suivant puisque nous allons y retrouver Szacki.

Une lecture fort sympathique, même si je ne parlerais pas de coup de cœur.





Lecture Commune Polar du mois de juillet 2019

Lecture Séries 2019

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Un fond de vérité

Zygmunt Miloszewski s'amuse à secouer les idées reçues, gardant tout au long du récit un humour grinçant et un grand sens de l'intrigue.

Poète des temps modernes il dépeint les polonais et leurs coutumes de manière drôle et sarcastique.

Comme dans « Les impliqués » l'auteur s'amuse de façon truculente à nous raconter l'état de la Pologne et du monde à tous les débuts de chapitres.



Cette fois-ci il raconte l'antisémitisme et les meurtrissures infligées par la haine. Avec beaucoup de talent et un grand travail de recherche, il donne force et subtilité au sujet.

Avec sa dose habituelle d'étrangeté et son ironie mordante il construit un scénario malicieux et effrayant. Pour résoudre cette affaire et trouver le fond de vérité le procureur Szacki se servira plus que jamais de son flair pour sentir le désagréable odeur du mensonge.

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Te souviendras-tu de demain ?

Bon moment de lecture, à la fois divertissant et surprenant.



Ludwik et Grażyna s’apprêtent à fêter le cinquantième anniversaire de leur amour, et de le fêter comme chaque année par une belle nuit d’amour. Zygmunt Miłoszewski nous fait sourire à cette évocation : Ludwik a 83 ans et elle 78 ans, il faudra du viagra à l’un et de la lingerie à l’autre. Ils sont vieux et de caractère différent : Ludwik a voulu une vie paisible, Grażyna aurait aimé plus de voyages.

Leur nuit d’anniversaire est fabuleuse mais lorsqu’ils se réveillent, ils se découvrent en 1953, plus jeunes et dans une Varsovie bien différente de celle qu’ils connaissaient en 1963. La seconde guerre mondiale a bien eu lieu mais la Pologne n’est pas communiste mais alliée à la France...

Décontenancés, ils essaient de trouver leurs repères : comment vit-on, quel est leur métier...

Cela leur donnera-t-il la possibilité de profiter de leur connaissance du futur ? Toute l’histoire de la Pologne ne se révèle pas si semblable à ce qu’ils ont connu à moins que ce soit, comme le suggère le titre polonais de ce roman, „comme toujours” (Jak Zawsze).



Il y a beaucoup d’humour dans ce livre,.

il peut provoquer pas mal de réflexions (Comment referais-je ma vie si je le pouvais ? , pouvons-nous influencer le destin ? Peut-on éviter de refaire les mêmes erreurs ou sera-ce « comme toujours »...)



La Pologne est évidemment également un personnage de ce roman, et Varsovie surtout.

Marié à une Polonaise, je connais bien ce pays et ce dès les années soixante-dix, j’ai souvent apprécié cette connaissance dans cette lecture, elle m’aide dans les commentaires politiques, les références à l’histoire du pays et même le plan de sa capitale.

Je ne crois pas néanmoins que cette connaissance soit indispensable pour apprécier ce livre. Elle permet cependant de déceler des références à la Pologne d’aujourd’hui.



Miłoszewski est doué pour créer une intrigue, le récit est prenant, raconté tour à tour par chaque membre du couple.



J’ai lu Te souviendras-tu de demain rapidement et avec beaucoup de sourires et du plaisir.

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Inavouable

Lire Inavouable c’est comme devenir un des membres de l’équipe de mission impossible! Notre équipe de choc est composée d’une experte en arts, d’un marchand d’art, d’un militaire des forces spéciales et d’une voleuse, et leur entrée en scène donne tout de suite le ton et il n’y a pas à dire : ils ont la classe. Leur mission? Récupérer un tableau dérobé à la Pologne pendant la seconde guerre mondiale par les Nazis du moins c’est ce qui leur est annoncé...

Certes la mise en place peut paraître un peu longue, mais elle est nécessaire à la bonne compréhension de toutes les subtilités de l’histoire. Et quel régal quand les pièces du puzzle s’assemblent au fur et à mesure que l’on avance. Pas le temps de s’ennuyer, le rythme est soutenu. Les chapitres sont courts et percutants et pourtant les descriptions des lieux et des paysages sont réalistes et détaillés, c’est comme si on y était.

Le livre a d’ailleurs une dimension cinématographique très marquée (ce qui s’explique puisque l’auteur est aussi scénariste). A certains moments j’ai même eu l’impression de visualiser l’action au ralenti: l’auteur nous décrit une scène en détaillant simultanément l’action de chaque personnage.

Côté personnages pas de personnalités fades ni de caricatures. Même les personnages secondaires ont une vraie consistance. Les personnages principaux sont bien travaillés. Ils ont chacun leur personnalité et on évite les clichés. L’auteur distille tout au long du livre des détails sur leurs vies passées et lève progressivement le voile sur leurs différents traits de caractère ce qui les a rend crédibles et humains.



Espionnage, contre-espionnage, courses poursuites, thèses conspirationnistes, tueurs à gage, mensonges d’Etat, tout y est je jubile, et là paf une histoire d’amour pointe le bout de son nez et je me dis voilà qui va tout gâcher! et bien non. Pas de niaiserie ni d’histoire à l’eau de rose rien de tout cela, au contraire ça sonne juste. Et ça reste secondaire.



Il ne s’agit pas non plus d’un livre d’action de seconde zone, l’aspect historique est travaillé de même que tout ce qui concerne le milieu de l’art. L’auteur a du se documenter très sérieusement pour arriver à ce résultat et il est toujours appréciable d’acquérir quelques connaissances en profitant d’une bonne lecture. Pas de langue de bois non plus, l’auteur ne se prive pas d’égratigner au passage la politique des Etats-Unis et de se moquer de ses compatriotes. Le ton est cynique, l’humour piquant. D’ailleurs il faut souligner la qualité de la traduction car l’ouvrage est bourré d’humour noir et de répliques ironiques et bien senties qui tombent à plat et n’ont aucun sens si la traduction est mauvaise.



Quant au dénouement je ne l’ai pas vu venir. C’est inattendu et plein de rebondissements.

Petit bémol, certains aspects sont parfois un peu tirés par les cheveux mais comme c’est bien fait et en cohérence avec l’ensemble ça passe.

Je ne connaissais pas cet auteur et je suis conquise. J’ai dévoré ce livre.

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Inestimable

Comme la chanson qu'il fait interpréter à Martin Meller l'un de ses personnages, le roman de Zygmunt Miloszewski nous parle de "l'amour, la trahison et (de) tous les gens qui (ont) un jour vécu sur cette planète."

Avec Inestimable, l'auteur montre l'étendue de ses talents d'écrivain, il nous livre une vision du monde où la fiction n'est jamais très loin de la réalité. Les méchants soucieux de leur pouvoir et de leurs gains, sont très proches des naïfs qui s'ingénient, eux, à vouloir faire le bonheur de l'humanité malgré elle.

Côté amour nous avons Zofia Lorentz, l'ex directrice du Musée national de Pologne (un des personnages du précédent roman Inavouable), remerciée sans ménagements par le nouveau pouvoir conservateur au motif d'une photo jugée indécente...Comme un malheur n'arrive jamais seul, son mari Karol Boznanski souffre de troubles de la mémoire qui laissent supposer le début d'un Alzheimer ou d'une démence sénile...

Aussi, lorsqu'elle rencontre Bogdan Smuga, un chercheur qui se présente comme le descendant de Benedykt Czerski un scientifique Polonais exilé sur la presqu'île de Sakhaline au début du XXème siècle par l'occupant russe de l'époque, elle ne peut refuser sa proposition de travail.

Benedykt aurait-il découvert le secret de la longévité hors norme des habitants de cette partie de la Sibérie ? C'est ce que laisse entendre Bogdan à demi-mots...

Côté trahison les prétendants ne manquent pas entre ceux qui veulent accaparer une découverte qui garantirait les profits juteux des groupes pharmaceutiques et les rêveurs souhaitant verser cette découverte au patrimoine de l'humanité…quoiqu'il en coûte…

« — Bronisław, je ne veux pas me disputer avec toi. Pas à ce sujet-là, pas maintenant. Je te dis seulement que Czerski peut apporter une fortune à notre cause. »



Miloszewski montre que les mécanismes de conservation du pouvoir sont les moteurs de toute idéologie au motif, j'ai raison et pour le démontrer je dois non seulement conserver le pouvoir mais aussi éliminer ceux qui ne pensent pas comme moi.

Dans un tourbillon d'aventures dont il a le secret et qu'il manie avec virtuosité Myloszewski entraine ses personnages et le lecteur avec, de la Sibérie du début du XXème siècle à la Pologne et à l'Europe du XXIème, de Paris aux Pyrénées et en Afrique.

Au delà de l'intrigue qu'il serait malséant de vouloir réduire à une simple intrigue policière, l'auteur interroge, souvent avec une dérision de bon aloi et beaucoup d'humour, notre rapport à la religion, à l'état du monde et à nos pulsions nationalistes et chauvines.



Le roman, ce qui fait tout son sel, est par ailleurs truffé de références et de clins d'oeil, Lisa Tolgfors lit sur les ossements des morts d'Olga Tokarczuk, une bibliothèque organise une rencontres avec Olivier Norek, Bogdan Smuga lit Clive Clusser…



Zygmunt Miloszewski, pour notre plus grand bonheur, joue de son rapport à la Pologne de sa vision des relations entre la France et la Pologne.



Il nous rappelle que l'on a enterré « (…) au coeur du cimetière Montparnasse (…) Henryka Pustowójtówna (…) l'insurgée polonaise »



Et que la gastronomie française révèle bien des surprises : (à propos du cassoulet) « Comme toujours lorsqu'il entamait ce plat, il était rassasié après les trois premières bouchées. Pour qui avait-on inventé ce truc, sérieux ? Pour les forçats qui pavaient des routes sur les versants des Pyrénées en plein hiver ? Qui, bon Dieu, avait besoin d'autant de calories concentrées dans une seule assiette ? »



« Elle mangea – selon les préceptes du dieu de France – un croissant avec un café crème au petit déjeuner, puis elle partit d'un pas nonchalant »



« Elle permettrait encore à un mauvais serveur de lui apporter un excellent déjeuner dans l'un des restos du 5 e  arrondissement »



« Pire, plus il habitait en France et plus les petits déjeuners polonais lui manquaient.  »



La puissance évocatrice de l'écriture, le découpage de l'histoire, la truculence des personnages, les rebondissements jamais téléphonés, les situations dramatiques dans lesquelles se retrouvent les héros donnent aux scènes une dimension cinématographique qui fait dire au lecteur j'aimerai voir un film aussi passionnant qu'un roman comme Inestimable…



On attend la suite avec impatience…
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La Rage

La Pologne, trois régions et un procureur incorruptible.



En trois livres, Zygmunt Miloszewski a gagné haut la main ses galons d'auteur de polar, et il est regrettable que ce roman mette un terme à ce qui restera une trilogie très originale.



J'avais été intriguée par le premier thriller*, un nouvel enquêteur dans un nouveau pays...

J'avais été passionnée par sa seconde enquête**, dans un magnifique petit bourg du centre de la Pologne...

J'ai retrouvé avec grand plaisir le ténébreux Teodore Szacki, même si je ressors légèrement déçue de cet ultime opus. L'immersion dans la société polonaise est toujours plaisante, car l'auteur s'y entend à la décortiquer avec ironie, humour et acidité. Mais l'histoire m'est apparue alambiquée et tortueuse et le récit parfois une peu trop bavard.



Je garderai néanmoins en mémoire un personnage de procureur fort bien construit, naviguant à vue dans des décors urbains plus que laids, sous un climat détestable et une ambiance assez désespérante sur fond de violences conjugales.



L'auteur semble être le poil à gratter de la littérature polonaise, fustigeant ses contemporains, leur passé, leurs travers, se moquant du climat et de la laideur de son pays. Il y va un peu fort, car découvrir la Pologne est un plaisir.

Mais peut-être pas y vivre?...





* Les impliqués

** Un fond de vérité
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Les impliqués

Par un dimanche matin du mois de juin 2005, le procureur Teodore Szacki est tiré de son lit pour se rendre dans un ancien monastère de Varsovie où le corps d'Henryk Telak vient d'être découvert, tué d'une broche à poulet planté dans l'oeil. L'homme, dépressif depuis le suicide de sa fille adolescente, participait à une thérapie de groupe menée par le docteur Rudzki. Celui-ci, comme les trois autres participants, seuls présents sur place, apparaît comme suspect aux yeux du procureur. Mais quel pourrait être le mobile de ces gens qui connaissait à peine le mort ? Ou serait-ce la thérapie particulière de Rudzki, basée sur la constellation familiale, qui aurait mal tourné ? Sans mobile, sans indices, sans véritables suspects, le procureur tâtonne mais semble gêner un homme très influent. Epris de justice mais soucieux de protéger sa femme et sa petite fille, Szacki cherche la vérité, secoué par la menace qui pèse sur lui et les siens.



Un polar dans les rues embouteillées de la capitale polonaise. On y fait la connaissance du procureur Teodore Szacki. Le cheveux blancs malgré ses 36 ans, élégant et plutôt séduisant, il traîne un moral en berne, coincé dans un mariage qui ne la satisfait plus et le tribunal où il traite de plus en plus d'affaires pour un salaire symbolique. Szacki connaît sa femme depuis le collège mais la quarantaine arrivant à grands pas, il rêve d'autre chose...Peut-être d'une jeune journaliste qui flirte avec lui, l'aguiche et rallume chez lui la flamme de l'aventure. Mais tandis qu'il tergiverse et se contente de prendre quelques sages cafés avec la demoiselle, il doit aussi mener une enquête pour meurtre. Car en Pologne, c'est le procureur qui mène les investigations et dirige les policiers. Le voici donc confronté à un homicide en apparence banal mais qui va réveiller les anciens services secrets polonais. La Pologne s'est libérée du rideau de fer et du totalitarisme mais ses vieux démons ne dorment que d'un œil. Le procureur, confiant, voire naïf, va se rendre compte que dans son pays, comme dans de nombreux autres, le pouvoir est resté entre les mêmes mains. Les étiquettes politiques ont changé, les mœurs aussi, amis quand leurs intérêts sont menacés, les vieilles techniques d'intimidation ont encore cours...

Le rythme est lent mais ce polar n'en est pas moins très intéressant, par son contexte, son atmosphère et son sympathique procureur. On découvre un pays qui doit supporter son lourd passé sous le joug communiste et un homme qui fait de son mieux pour faire avancer la justice malgré le manque de moyen et les pressions en tout genre. C'est le premier tome d'une trilogie, une affaire à suivre donc.
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Inestimable

Retrouver des oeuvres d'art disparues, voilà qui promettait un voyage passionnant.

L'héroïne, une directrice de musée d'art qui vient d'être licenciée sous un prétexte fallacieux, va sillonner la planète à la recherche d'une petite statue d'ours qui aurait une énorme valeur culturelle, mais pas seulement.

J'ai beaucoup aimé la première moitié du livre, qui parle de cette recherche d'objets anciens, récoltés par un ethnologue polonais ayant vécu 100 ans plus tôt.

Mais la seconde moitié du roman nous plonge dans une ambiance totalement différente, un mélange d'Indiana Jones et de James Bond, avec des méchants et des gentils qui ne sont pas forcément ceux que l'on croit, des cascades invraisemblables, des tentatives de meurtres toutes les 3 pages, des situations très improbables, des coïncidences auxquelles on ne croit pas du tout, bref, ça part dans un grand n'importe quoi qui ne m'a pas convaincu du tout.

Le tout est saupoudré avec des réflexions écologiques, la quête de la vie éternelle, des expériences innommables sur des humains, des enjeux financiers, un laboratoire pharmaceutique, sans oublier une étrange maladie qui affecte le mari de l'héroïne et une attirance sexuelle comme on n'en voit que dans les films et les livres.

Bref, trop c'est trop, j'ai été déçue par cette histoire trop invraisemblable et les rebondissements aussi nombreux que ridicules.

Je remercie NetGalley et les éditions Fleuve pour cet envoi.

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Les impliqués

Se faire tuer d'une broche à rôtir dans l’œil... Voilà qui est peu banal, déjà. Ajoutons à cela que le crime s'est passé dans dans un ancien monastère de Varsovie et que le cadavre, avant de trépasser, participait à une thérapie collective dite de la "constellation familiale"... Vous m'avouerez qu'il a l'air malin, le colonel Moutarde, dans la bibliothèque avec son chandelier !



Une autre chose qui change des polars "classiques" : pas d'inspecteur, de détective ou de flic alcoolo pour cette dénouer cette affaire. Non, c'est le procureur Teodore Szacki est chargé de l’enquête. Il n'est pas dépressif, ne boit pas comme un régiment polonais, ne se drogue pas... Il est juste un peu désabusé et las de sa vie de couple qui a viré au banal mâtiné de routine.



Ah, j'oubliais de vous dire qu'il a 35 ans, des cheveux tout blancs et qu'il est plutôt bôgosse ! Monsieur ne serait pas contre le fait d'aller tremper son biscuit dans la tasse de café de la séduisante journaliste Monika (non, pas Lewinski !). Un type comme on en connait beaucoup...



Conseil : ne lisez pas ce roman pour son côté trépidant, il n'en a pas vraiment. Malgré tout, pour moi, ce fut un page-turner car j'avais faim d'en savoir plus sur la Pologne, qui, malgré la chute du Mur, n'en a pas fini avec son système corrompu. Quand à la Justice, elle tourne sur trois pattes... Le côté politique du livre, je l'ai dévoré.



Teodore Szacki (Teo) est notre narrateur privilégié et il ne se prive pas pour nous expliquer toutes les petites subtilités d'un système où les procureurs vont sur le terrain avec les policiers, pour enquêter, qu'ils sont débordés par le boulot, noyé sous la paperasse administrative, que leur taux de résolution des crimes est plus que nul (on est loin des séries télés), que certains de leurs dossiers prennent la poussière faute d'avoir résolu l'affaire et que tous concernent quasi des affaires de meurtres par abus d'alcool ou des violences conjugales.



Et non, en Pologne, le fait d'être procureur ne donne pas droit aux pleins pouvoirs... Que nenni !! Notre charmant Teo n'a rien d'un SuperProc avec une cape et avec des pouvoirs illimités ou un détecteur de mensonges greffé dans son nez. Donc, il peut se faire mener en bateau et tourner en rond durant son enquête qui piétine.



Il faut dire qu'on ne lui facilite pas la tâche non plus... Ni sa hiérarchie, ni les suspects dont il est en train de se demander si la thérapie aurait pu faire déraper l'un d'eux au point d'embrocher Henryk Telak comme un vulgaire rôti...



Quand à ses hormones en plein travail, elles le feront aller deux fois aux toilettes afin de soulager une tension mal placée. Bref, un enquêteur qui n'en est pas vraiment un, avec ses failles, ses doutes, ses pulsions. Un personnage des plus agréable à suivre.



Comme je vous le disais, le rythme est assez lent, mais il nous permet d'entrer plus en profondeur dans la société polonaise, d'explorer ses méandres tortueux, d'apprendre des choses sur sa justice, corrompue de partout; d'explorer un peu la mentalité de la population et les rouages des institutions. Sans oublier les politiciens qui se regardent le nombril à longueur de journée.



En fait, on peut dire que l'enquête sert à juger sévèrement le système qui en est encore comme "au bon vieux temps" du communisme (ironie, bien entendu).



Autre chose de bien agréable aussi : à chaque début de chapitre, on avait droit à un morceau de l'actualité correspondant à la période de l'enquête (juin 2005). Une bonne idée qui permet, non seulement de replacer les souvenirs mais aussi d'en apprendre un peu plus sur la Pologne.



J'ai adoré "Les impliqués" pour son côté politique, plus important que l’enquête, presque... Pour ne pas dire que l'enquête et la politique (au sens large) étaient "attachés l’un à l’autre". Le meurtre et la politique sont de vieux compères qui vont bras-dessus, bras-dessous...



Bref, un vrai roman noir au contexte politique poussé ! Un délice de fin gastronome pour moi.


Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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La Rage

Troisième et dernier opus de la trilogie consacrée au procureur Teodore Szacki, qui officie désormais à Olsztyn, dans le Nord-Est de la Pologne -à son grand désarroi.



En Pologne, c'est le procureur qui dirige l'enquête, et celle qui se présente à Szacki est des plus mystérieuses : un squelette, parfaitement bien conservé, est retrouvé dans un ancien abri antiaérien du centre-ville. Après analyse, il s'avère que le squelette est un peu trop propre pour être honnête ; qu'est-ce donc que cette diablerie ?

C'est avec plaisir que j'ai retrouvé le psycho-rigide Teodore Szacki ("dont la raideur aurait pu humilier un acteur porno"), son professionnalisme rigoureux, sa maladresse avec les femmes, ses ronchonnements de perfectionniste, et ses problèmes de conscience (on est en terre slave). Dans ce troisième volume, il est aux prises avec une machination qui le dépasse, et j'ai admiré tout le talent de l'auteur pour imaginer et structurer une intrigue d'une telle complexité. Le souci est que je m'y suis parfois quelque peu égarée, tant les ramifications sont profondes et nombreuses.

J'ai également apprécié de retrouver un morceau de Pologne, revoir un peu comment les Polonais vivent, et découvrir un bout d'Histoire, à savoir celle de la Warmie-Mazurie. J'ai aussi aimé la franchise avec laquelle Zygmunt Miloszewski évoque son pays ("un territoire encombré de la pire architecture d'Europe") et ses concitoyens ("une foutue mentalité de gueux du moyen-âge") ; derrière l'acidité, on perçoit la tendresse, un peu comme la kapusta, ce plat de chou adouci par des morceaux de pommes. Toutefois, si la thématique de ce roman est universelle, elle semble résonner plus durement en Pologne -et l'actualité le démontre encore. D'où la forte impression que laisse ce livre, une fois refermé.



A l'instar des deux précédents, cet opus m'a tenue en haleine sur ses 550 pages, et confirme que Miloszewski est l'un des meilleurs auteurs de polars actuels ; ça change des Scandinaves.
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Un fond de vérité

Pauvre procureur Teodore Szacki! Sa liaison exta-conjugale le conduit, après son divorce, à trouver un poste vacant loin de la capitale. Mais force est de constater qu" au lieu de demeurer la vedette spécialisée dans les meurtres au parquet de Varsovie, il était devenu un étranger suspect dans une ville de province"....



Notre quarantenaire aux cheveux prématurément blancs s'ennuie en effet à Sandomierz, même si le centre historique de cette cité ancienne a un charme fou et qu'il fait bon se promener en ce début de printemps sur les bords de la Vistule, en admirant le château.



Mais voilà qu'une horrible découverte vient bouleverser la routine: une femme enceinte est trouvée morte, égorgée selon, semble-t-il, un rituel juif. De quoi raviver les légendes locales présentant les juifs comme des meurtriers d'enfants. De quoi agiter les nationalistes...Et d'autres meurtres adviennent...



Le démarrage de l'enquête est lent, on patauge. Puis les pistes se précisent. Mais le fond de vérité, où est-il? Jusqu'aux dernières pages, un écran de mensonges va noyer dans le brouillard le mobile du criminel.



Heureusement les neurones de Szacki vont fonctionner à plein régime, in extremis. Et peut-être que finalement, vivre à Sandormierz n'est pas si désagréable...



Je retrouve avec grand plaisir le charismatique procureur des " Impliqués " . Ici les faits historiques réels s'associent à une enquête tortueuse, au sein d'une vieille ville polonaise que l'on a envie de visiter. J'ai apprécié cette fois encore le ton sarcastique, les réflexions acerbes et justes du personnage principal sur la Pologne contemporaine. Le troisième opus" La rage" m'attend. Merci, Alexandra, de m'avoir incitée à poursuivre l'aventure avec Szacki! C'était un régal!
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