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Symphonie atomique

Très très bonne surprise avec ce roman, passionnant et très réaliste.



On est dans un univers très proche du nôtre, même si le roman se déroule dans un monde futur avec plusieurs vagues de catastrophes. En effet, la situation géopolitique de ce monde futur est la même que la nôtre actuellement : 4 blocs majeurs, qui se regardent en chiens de faïence, jouant les équilibristes et tentant de faire face aux bouleversements climatiques.

Le roman a été écrit entre 2018 et 2020 et porte en lui un aspect assez visionnaire (notamment sur une des catastrophes évoquées).



Si ce roman peut être lu comme un post-apo climatique, j'ai trouvé néanmoins qu'il dégageait une impression de quotidien. Le background et tous les événements planétaires qui se déroulent sonnent comme une impression de déjà-vu; les personnages principaux ne sont pas des héros caricaturaux mais des personnages criblés de doutes et de faiblesses, qui même à certains moments passent au second plan; et toute la ribambelle de personnages secondaires est une copie de figures et personnalités de notre époque. J'ai apprécié également que rien de soit simple dans ce roman : ni les politiques, ni les personnes lambdas, ni les puissants ne sont manichéens, et on sent bien que chacun est englué dans sa position, ses intérêts liés à d'autres etc.

Ce faisant, Etienne Cunge dépeint surtout ici un système, avec beaucoup de lucidité. J'ai trouvé le ton et le positionnement très différents des post-apo que j'ai pu lire.



Ce que j'ai adoré dans ce roman surtout, c'est l'imbrication entre petites histoires et grande Histoire. En effet, le roman raconte comment la planète est à deux doigts d'exploser à la suite d'incidents diplomatiques en orbite, dans les vaisseaux des 4 puissances. Nous voilà avec des blocs qui ont le doigt prêt à appuyer sur le bouton, avec un récit qui se déroule en très peu de temps : c'est donc resserré, haletant, captivant et plein de rebondissements. Ca, c'est la grande Histoire, qui fonctionne comme un thriller.

Et à côté de cette grande Histoire, on a la vie de M. et Mme Tout le monde, dans chaque chapeau introductif des chapitres. Par le biais de radio collapse, des individus lambdas racontent leur quotidien. Riches en informations qui épaississent l'univers et le background, ces petites bulles donnent de la densité au roman, et créent aussi un écart assez important avec ce qui se joue : dans le fond, les petits continuent de vivre leur vie, sans savoir ce qui se joue là-haut chez les puissants, et en luttant tant bien que mal contre les aléas de la vie.

Si ces chapeaux peuvent couper parfois le rythme de la grande Histoire, je trouve cependant qu'ils sont vraiment bienvenus, parce que cela crée cette distanciation, qui est porteuse de sens, aussi. Et puis ils sont passionnants, brossant une fresque de personnages et de trajectoires captivante.



Bref, une fort bonne lecture, déconcertante. Toutefois, deux petits points d'attention : le roman contient, comme beaucoup d'autres, pas mal d'anglicismes et de tics de langage, ça en devient un peu pénible à la longue. A l'oral ça passe, à l'écrit moins et c'est un peu dommage.

D'autre part, pour les personnes éco-anxieuses ou qui éprouvent de l'angoisse quant à la situation économique et géopolitique du monde, ce n'est pas un roman que je recommanderais. D'ailleurs, celui-ci mentionne plusieurs fois cette solastalgie et son débouché plus violent encore, caractérisé par une forte dépression ; c'est même un mal très répandu dans ce futur dépeint.

Soyez donc prévenus : c'est un roman très lucide, qui n'épargne rien, et qui n'est pas toujours rigolo à lire. Forcément, puisqu'il est très réaliste…
Lien : https://zoeprendlaplume.fr/e..
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Arca

Un sacré bon bouquin de Benassaya, c'est de la SF comme on aime.

Le récit est prenant, surtout au début, on est porté par le flow. Si ça se tasse un peu par la suite, l'intrigue nous mène sans difficulté vers la fin.

Ajoutez à cela de bien bonnes idées qui m'ont séduit :

# Arca, véritable "vaisseau-monde" avec son organisation insolite (les cité-branches), l'auteur fait montre d'une imagination débordante.

# Encelade, enfin un récit qui se penche sur cette lune, très sympa et apprécié (les fameuses éruptions cryovolcaniques...)

# Mars, là aussi bien rendue. J'ai particulièrement apprécié les chapitres liés à sa terraformation.

# l'Artefact mais je n'en dirais pas plus. On pense à Clarke et son célébrissime «Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie. »

# Oudjat le modélisateur de gestion de groupe (du K.Dick ?)



Le récit est dynamique. Loin d'être linéaire il jongle avec des chapitres flashback bien gérés. C'est agréable à lire. Les personnages sont intéressants, notamment Franck Fervent ou Maud Sari.



Enfin l'auteur semble à l'aise avec la physique, pose les bonnes questions notamment sur les problèmes afférents à la vitesse de la lumière, le tout en restant clair. Il n'hésite pas à bricoler judicieusement pour cadrer avec son récit (sur la dilatation du temps).



Seules nuances que je pourrais apporter :

# Un chouilla de longueur vers la fin.

# Le personnage de Sorany Desvoeux peut s'avérer pénible sur la longueur.

# Surtout je ne suis pas loin de penser que les chapitres liés à Mars sont plus passionnants que ceux liés à l'Arca.



Un bon libre accrocheur, qui nous livre une intrigue rondement menée, qui s'aventure sur des territoires originaux (Encelade), et qui donne puissamment envie de prendre une navette pour explorer l'inconnu et au-delà.
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Grain de sable

Dans un monde imaginaire et prétechnologique, Lidia fut témoin de l’erreur et de la mort de son père, le grand mage Cobal, lors d’un tournoi de mages. Cet événement entraîne la déchéance de la famille, qui sombre dans la pauvreté. Des années plus tard, la situation s’aggrave et conduit à la mort de sa mère et de son frère.



Lidia, devenue mage, pense aux histoires d’un être mythologique qui a remonté le temps pour sauver sa femme et l’empêcher de mourir. Ce récit devient une obsession, Lidia veut remonter le temps pour revenir à l’époque du tournoi, aider et sauver son père, et par ricochet son frère et sa mère. Elle mène secrètement des recherches dans les livres et affronte de nombreux obstacles, puis part dans une longue quête pour trouver le sort qui lui permettrait de changer le passé et réécrire le destin.



Ce roman est une bonne surprise, mouvementé et dense. Chaque partie renouvelle l’intrigue et l’approfondit. Évidemment, on retrouve la thématique du danger de modifier l’histoire, car Lidia ne sait pas quels autres chemins peut prendre son entourage quand les circonstances changent. La tension est parfois intense, et les amateurs d’actions seront ravis. Ceux qui aiment les mondes imaginaires aussi : des villes animées, des montagnes isolées et des pays où seuls les esprits règnent en maître. Certains passages sont inspirés des contes, avec une conclusion différente de ce à quoi le lecteur s’attend. L’auteure sait ménager la surprise.



Très vite, Lidia comprend qu’un ennemi puissant et invisible lui met des bâtons dans les roues et l’empêche de mener à bien la mission qu’elle s’est fixée, en lui effaçant la mémoire. Je ne peux pas vous en dévoiler plus sur ce personnage car cela gâcherait le plaisir de la découverte, j’écrirais toutefois que c’est une des bonnes trouvailles de l’auteure. Lidia va être écartelée entre sa bonté et sa morale d’un côté, et le désir de sauver sa famille. L’affrontement entre les deux protagonistes sera tumultueux.



Le personnage de Lidia évolue lentement. Obstinée, elle ne croit que ce qu’elle veut croire. Aveugle aux réalités de son monde, débordant d’amour pour sa famille, elle dédaigne les signes çà et là qui démontrent que la vérité n’est pas si binaire. Quand le lecteur ne s’y attend pas, surgissent des questionnements politiques, notamment sur l’autojustification des systèmes autoritaires, la formation des tyrans, et la fin qui justifierait les moyens pour un avenir meilleur, au prix de grandes souffrances.



Je n’ai qu’un seul petit regret : la narration à la première personne du singulier, au présent. Certains paragraphes accumulent les « je fais ci, je fais ça, puis je fais ça » qui m’ont fait un peu tiquer, alors que par ailleurs la prose est travaillée.



Il n’en reste pas moins un très bon roman de fantasy, dynamique, abordant des sujets politiques et culturels avec naturel.
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