Je découvre la littérature québécoise depuis que mon fils s’est installé au bord du fleuve St Laurent.
Et ce premier roman est une sacrée découverte.
« Les fous de Bassan » a été publié en 1982 et il a reçu le prix Femina.
L’intrigue se déroule à Griffin Creek, village imaginaire de la péninsule gaspésienne durant l’été 1936. Et dès les premières lignes, les premières pages, j’ai été interloquée et déroutée. L’auteure raconte un drame (la disparition de deux jeunes filles durant l’été 1936), au travers du point de vue de plusieurs personnages. Et là, c’est une vraie leçon de structure narrative que l’on se prend en pleine tête: on rentre dans la tête d’un personnage puis de cinq autres, avec des points de vue tranchés qui peuvent créer un malaise tandis que la tension s’accroît et que le crime survient.
L’auteur décrit une nature sauvage, inhospitalière, au sein de laquelle ces familles vivent depuis toujours et qui constitue un personnage à part entière. Les fous de Bassan, ces oiseaux de mer qui se nourrissent de poissons illustrent parfaitement cette nature sauvage.
Le style est ciselé, magnifique:
« La barre étale de la mer, blanche, à perte de vue, sur le ciel gris, la masse noire des arbres, en ligne parallèle derrière nous. Au loin, une rumeur de fête, du côté du nouveau village. En étirant le cou on pourrait voir leurs bicoques peinturlurées en rouge, vert, jaune, bleu, comme si c’était un plaisir de barbouiller des maisons et d’afficher des couleurs voyantes. »
« Il y a certainement quelqu’un qui m’a tuée. Puis s’en est allé. Sur la pointe des pieds ».
Un roman poétique, noir, violent et orignal. À découvrir absolument !
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