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Dépression mon amie : La reconnaître et la comp..

Ce livre m'a été prêté par une patiente à ma demande. C'est une vision de la dépression un peu particulière. Au-delà du parti pris de l'auteur de faire dialoguer le patient et sa maladie, c'est plutôt sa définition de la dépression qui me semble sortir du cadre médical (DSM 5). Il commence par annoncer que la dépression est une rencontre entre le patient et sa manière de percevoir la société. S'il y a dépression, c'est que le patient a besoin de se réajuster avec son environnement. Un peu comme l'idéogramme chinois "crise" qui signifie plutôt une nécessité de changement. Et, de page en page, à la grande stupéfaction du patient, la maladie lui dit que tout cela vient de lui, de sa manière d'appréhender le monde. Nous entrons là, à mon sens, plus dans une réflexion liée à la spiritualité ou au développement personnel, ou même philosophique, que purement médicale. Il sera ensuite question - on y échappe jamais - à l'acceptation de la réalité telle qu'elle est et telle qu'on ne veut pas la voir. La pathologie psychiatrique est toujours quelque chose qui nous échappe, qui nous "aliène", c'est-à-dire qui nous rend étranger à nous-même et au monde.

Dans le cadre d'une névrose ou d'une dépression, la possibilité d'envisager le monde comme des faisceaux d'énergie qui nous traversent - on voit bien là l'influence orientale, comme le "qi" chinois - avec lesquels il faut essayer de rester en harmonie. Plutôt roseau que chêne. Glisser sur ce qui nous arrive, même si c'est particulièrement éprouvant. L'auteur fait parfois référence à la douleur, au deuil, à la maladie... On s'achemine là vers la philosophie stoïcienne. Pas évident pour tout le monde et je dirais même pour personne. Mais a-t-on le choix ? Et puis dans une deuxième partie, il est question de la toute-puissance de la pensée. En gros, la pensée peut tout et tout a pour origine une pensée (et une émotion liée à cette pensée). Donc, maîtrisons nos pensées d'abord, acceptons les situation auxquelles on ne peut échapper. Magique ! Les deux dernières parties, très courtes sont consacrées à la parole et à l'action. La pensée doit donner lieu à une oralité - dire qu'il y a problème - et ensuite agir pour y remédier. Dan tous les cas, il faut prendre conscience, accepter et affronter. On retrouve là les grands principes des Thérapies Cognitives et Comportementales (TCC).

Alors, que dire ? L'auteur a commencé dans le milieu du développement personnel et son livre suinte d'injonctions. Injonctions nécessaires et efficaces si l'on parvient à les concrétiser. Mais, dans la pratique ce n'est évidemment pas si facile. C'est d'ailleurs faire fi de la composante génétique, héréditaire de la pathologie, que l'on a ou pas. Donc on ne décide pas tout. Et puis, il y a problème et problème. Certains dépressifs se retrouvent dans un chaos intérieur et extérieur dont on ne peut sortir sans aide spécialisée. On pourrait également parler des personnalités spécifiques auxquelles on échappe pas non plus. Alors, oui je suis d'accord, il fait se bouger, mais faut-il encore le pouvoir. Une crise, un choix, une décision, demandent parfois du temps et de l'attention que le dépressif ne peut pas toujours fournir. C'est toujours un peu la limite du développement personnel. Il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir. Il reste que le point de vue est intéressant, et le livre est accessible à un large public.
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