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La Religieuse

Ce roman, l’un des plus célèbres de son auteur, a connu une genèse atypique. Diderot et Grimm souhaitaient faire revenir à Paris l’un de leurs amis, le marquis de Croismare. Comme ce dernier s’était beaucoup intéressé à l’histoire de Marguerite Delamarre, une jeune religieuse qui souhaitait être relevée de ses vœux, ils ont imaginé de lui écrire des lettres en provenance d’une jeune femme dans une situation proche, qui lui demandait son aide. Le fin marquis ne s’est pas laissé prendre, et les lettres se sont arrêtées. Mais Diderot a repris cette situation, et en a fait un roman. Ce dernier paraît entre 1780 et 1782 dans Les Correspondance littéraires, une sorte de revue pour quelques happy few, constitués essentiellement de souverains. C’était la seule possibilité de faire publier l’ouvrage, qui n’aurait jamais passé la censure. Le livre ne sera publié en volume qu’en 1796, après le Révolution et la mort de son auteur, et connaîtra un certain succès.



Le roman est à la première personne, Suzanne Simonin, la narratrice s’adresse à un certain marquis C… pour lui demander son aide. Pour l’intéresser à sa situation, elle lui fait le récit de sa vie. Le roman à proprement parlé est suivi d’un post-scriptum, dans lequel Suzanne met quelque peu en cause son texte, et enfin par une préface, dans laquelle l’auteur explique la supercherie originale à l’origine du roman (les lettres au marquis de Croismare).



La trame narrative du roman est connue. Suzanne est destinée par sa famille au couvent, alors que ses deux sœurs sont richement dotées pour se marier. Elle n’a aucune vocation religieuse, résiste et refuse une première fois de prononcer ses vœux. Revenue dans sa famille, elle subit de très fortes pressions, sa mère finit par lui avouer qu’elle née d’un adultère. Sa mère ne veux donc pas que la fortune de son mari lui revienne, et aimerait qu’elle puisse en quelque sorte lui permettre d’expier par la prière son péché. Suzanne finit par accepter plus ou moins son destin, prononce ses vœux dans un état second. Pendant quelques temps, la bienveillance et l’humanité de la mère supérieure de son couvent rendent son sort plus supportable, mais à la mort de sa protectrice, elle se retrouve en butte à l’hostilité de la nouvelle supérieure, et décide de demander l’annulation de ses vœux. Elle est alors persécutée de toutes les manières possibles dans le couvent. Elle perd son procès, mais obtient de changer de lieu de réclusion. A Saint-Eutrope elle devient une sorte de favorite de la mère supérieure, mais cette dernière éprouve pour elle une attirance sexuelle et la poursuit de ses assiduités. Suzanne s’y refuse, et la supérieure sombre dans la folie. Suzanne s’échappe du couvent, mais sa situation est des plus précaires et elle écrit donc au marquis, en espérant une aide dans une situation sans issue, où elle peut être reprise à n’importe quel moment.



Il s’agit d’un roman philosophique et pathétique, qui dénonce une situation inhumaine et lutte pour l’émancipation. C’est une critique des couvents, qui sont présentés comme des institutions qui coupent l’être humain de la société et prohibent la sexualité, les deux étant présentés comme contre nature. Le roman montre ce que devient une personne placée dans cette situation et joue sur le pathétique, sur l’émotion. Suzanne est traitée d’une manière très cruelle, elle subit des sévices physiques, une pression morale. Il s’agit de toucher le lecteur, en présentant des tableaux d’une suite d’horreurs sans fin.



Mais le livre comporte une indéniable composante érotique : Suzanne est vue comme séduisante, attirante, elle est souvent décrite comme telle par des tierces personnes. Certaines des scènes à Saint-Eutrope sont très suggestives, les scènes mêmes des sévices qu’elle subit peuvent avoir un aspect d’exhibitionniste. Diderot interroge d’ailleurs la nature de la confession de Suzanne : s’agit-il de toucher le destinataire de la lettre par le récit pathétique et faire appel à la vertu, la probité, ou aussi séduire, éveiller un intérêt qui ne serait pas uniquement charitable ?. De même Diderot interroge l’intérêt du lecteur : s’émeut-t-il au récit de malheurs terribles, d’une personne innocente et naïve, ou prend-t-il aussi un certain plaisir à assister à des scènes qui mettent en présentent une jolie jeune personne, dans des situations dont certaines sont pour le moins équivoques ?. Enfin la préface (placée tout à la fin du récit) met un second degré, une ironie dans le texte : il s’agissait à la base d’une supercherie, d’une tentative de mystification.



C’est donc un texte complexe, qui peut permettre des lectures et des interprétations très différentes, selon les lecteurs et l’angle privilégié.
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La Religieuse

J'avais mal saisi, lycéenne, toute la portée philosophique de cette oeuvre.

Je l'avais lue alors comme un incontournable de la littérature classique (à l'instar du film "Thérèse" qui m'avait passablement ennuyé). Je devrais un jour relire ce livre à tête reposée...
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