Pour commencer, je pense qu'il est important de préciser que ce titre ne rentre pas du tout dans mes habitudes de lecture et que mon avis servira peut-être plus aux néophytes du genre qu'à des connaisseurs. Ce livre m'a été offert par les éditions Delcourt en échange d'une chronique. J'ai été contactée par l'équipe de Gleeph qui a sélectionné mon profil parmi ses utilisateurs et comme je trouvais l'exercice (et soyons honnête, l'opportunité d'un livre gratuit) fort intéressant j'ai dis oui !
Me voilà donc avec un exemplaire de
Chiara Rosenberg et autres Gourmandises entre les mains. Je ne connais absolument pas Baldazzini, Pes ou Canossa, je n'ai donc aucune idée de ce qui m'attend. Bon si un peu quand même, la collection s'appelle Erotix et l'illustration de couverture laisse fortement penser qu'on ne va pas parler jardinage !
Parlons d'abord de l'objet en lui-même. Objectivement, je trouve que c'est un beau livre. La couverture épaisse, la dorure, le style épuré,... ça donne une certaine classe. Moi qui suis plus habituée au petit format des mangas en noir et blanc, j'avoue que les grands volumes en couleurs ça m'aguiche pour rester dans le thème ! Et même si ce n'est pas mon style graphique préféré, ça serait mentir que de dire que le personnage en couverture n'est pas une belle invitation à la lecture ! Je pars donc avec une bonne impression sur l'édition en elle-même.
Maintenant le contenu. Il s'agit en fait d'un recueil, contenant 4 oeuvres si j'ai bien compris. Chiara Rosenberg, Comme des cerises (un flashback sur la rencontre du couple Chiara Angelo), Aura l'orpheline et 31-12-1999. Les 3 premières sont en couleur mais à titre personnel c'est la partie en noir et blanc qui m'attire le plus visuellement. On y trouve également une préface de
Bernard Joubert, ainsi qu'un portfolio d'une vingtaine de pages.
Chiara Rosenberg... Je dois avouer que je suis assez déçue de ma lecture. Sans spoiler l'histoire, je m'attendais (naïvement peut-être) à plus d'histoire et moins de scènes de sexe. Les personnages ne sont pas ou peu posés et manquent donc de profondeur à mon sens. Là où j'aurais aimé, comme peut laisser supposer la "lettre" de Chiara en début, un récit sur l'évolution de ses relations avec Michel et Angelo, de sa façon de penser et de son rapport au BDSM. Pourtant j'ai plus eu l'impression que le peu d'histoire en soi n'était qu'un prétexte à l'enchainement de scènes de sexe. J'ai littéralement commencé à compter les pages où il n'y avait pas de nudité avant d'abandonner tellement elles étaient rares. Ça a suffit à confirmer mon impression. du coup j'ai tourné les pages sans rien attendre du récit et j'ai trouvé ça très superficiel. J'ai tout juste eu un peu d'empathie pour le pauvre Isaac (le chien )...
Comme des cerises aura au moins eu le mérite de me faire un peu rire, de redonner un peu d'humanité à Chiara qui m'avait semblée assez décousue dans le récit éponyme (peut-être finalement le reflet de sa personnalité tourmentée ?) et m'aura par contre fait passer Angelo de insipide à antipathique !
Ce que je trouve le plus dommage finalement pour Chiara, c'est qu'on a un personnage féminin a priori fort et maîtresse d'elle-même contrairement à ce que sa relation avec Angelo pourrait laisser supposer (puisque ce qui est "subi" est consenti), mais elle ne reste malgré tout qu'un objet sexuel...
Aura l'Orpheline m'a semblé plus intéressant quant à la construction des personnages. Même si là encore j'aurais parfois aimé plus de contexte et de background. J'ai aussi apprécié la variété des sexualités présentées. Ne connaissant pas vraiment ce type de littérature, je ne sais pas dire si c'est courant ou non mais ça me semble presque "moderne". J'ai particulièrement apprécié le personnage de Safiria qui à mon sens vole un peu la vedette à Aura. Par contre j'ai été très déçue par la fin qui arrive comme un cheveu sur la soupe. Et alors la dernière page... Vraiment j'ai pas compris... du coup j'imagine qu'il s'agit d'un genre de fan service pour le public scatophile/urophile... Sinon je ne vois pas...
31-12-1999, par contre ça me parle beaucoup plus. Et c'est avec cette lecture que j'ai, je pense, un peu mieux cerné mon rapport à l'érotisme. Pour moi il est là en fait. C'est suggéré, pas ou peu montré. Bien que je n'ai pas de suite identifié le fait qu'il s'agissait de plusieurs histoires courtes, 7 exactement, c'est clairement la partie qui m'a le plus plu. Toutes se passent le 31 décembre 1999 d'où le titre. Certaines sont drôles, d'autres cyniques, parfois même un peu mélancoliques. le format court fait qu'il n'y a pas besoin de poser de personnages. On ne raconte pas leur vie, on ne cherche pas spécialement à les comprendre. Il est bien plus question de la situation que des personnages eux-mêmes, ils sont plus acteurs d'une anecdote. Et comme dit plus haut, ce style graphique m'a beaucoup plus plu. J'y vois un style proche du pop art qui me parle beaucoup plus. L'effet des reflets sur les cheveux, des drapés et des mouvements de tissus est bien plus tranché et je le trouve plus mis en valeur ainsi.
Pour conclure, je pense que je n'étais pas la cible de cette oeuvre ! Je préfère un érotisme suggéré que montré. J'ai apprécié malgré tout la diversité des personnages présentés tout au long de l'oeuvre. Il y a des chauves, des dégarnis, des cheveux longs, des courts, de la barbe, des formes généreuses, des filiformes, des trans, des androgynes, des hétéros, des homos, des bi, ... Ce n'est pas un sans fautes mais on trouve quand même pas mal de diversité dans les personnages mis en avant et ça c'est bien. Les fantasmes mis en scène ne m'ont pas paru plus exubérants que ça, mais quelques situations m'ont mises un peu mal à l'aise ou m'ont laissées très perplexe. Mais pour autant c'est un bel objet à l'enveloppe suggestive et au contenu plus sulfureux qui plaira sûrement aux accoutumés du genre ! Et pour ceux qui seraient curieux sans être de grands connaisseurs, je pense que c'est un livre intéressant qui propose une variété d'oeuvre permettant de se faire une idée du travail de Baldazzini tout en ayant accès à a d'autres pistes de lecture grâce à la préface qui retrace le parcours de Baldazzini, de ses collaborations et de son évolution artistique permettant ainsi de cerner l'oeuvre et l'artiste.