J'hésitai un court instant à m'éloigner de la réception puis, bannissant toute perplexité et écartant toute considération morale, je m'enfonçai dans le jardin pour me diriger vers mon banc habituel. L'air était doux et bleuté. Les ombres chaleureuses de la nuit tombantes me ceignirent d'une cape de quiétude et m'arrachèrent définitivement au brouhaha des festivités. Je trouvai mon banc de pierre, m'assis, posai mon verre à mes pieds, desserrai ma cravate et déboutonnai le col de ma chemise.
Ces soirées que je fuyais comme la peste faisaient naître en moi d'horribles doutes. Bien que mes positions soient claires, mon rôle l'était beaucoup moins. J'éprouvais quelque angoisse à l'idée de devoir endosser, encore et toujours, le costume de caméléon.