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Critique de JIEMDE


JIEMDE
11 décembre 2022
« Un jour ou l'autre, tout homme se doit de descendre la rivière ».

Il aura traîné longtemps dans ma PAL. Et puis l'envie d'un peu de nature writing et d'écriture contemplative l'a imposé, comme une pause bienvenue dans une période un peu trop bousculée.

Dans En descendant la rivière, traduit par Jacques Mailhos, Edward Abbey fait le job, racontant successivement plusieurs de ses descentes – la Green, la Tatshenshini, la San Juan ou le Rio Dolores -, ponctuées des rituels du genre : navigation, bivouac, contemplation, randonnée, navigation…

Les amateurs adoreront ; les autres s'ennuieront ferme. Ou pas…

Car à travers ces différents textes rassemblés, Abbey se lâche davantage que dans ses romans et se révèle sociologue, politique, un peu moraliste et même… drôle ! En particulier lorsqu'il nous livre son regard sur l'oeuvre et la pensée de Thoreau, son grand ancien.

On y sent la balance constante entre admiration et critique d'un précurseur probablement trop extrémiste, là où Abbey recherche davantage l'équilibre et croit que la cohabitation de la ville et de l'industrie avec la campagne et la nature, est encore possible. Puis d'un seul coup, Abbey se lâche :

« Oh, allez Henry, ça va, arrête de nous glapir au nez. Va donc faire l'amour à un sapin (vu que la nature tout entière est ton épouse). Fiche-nous la paix. Laisse-nous tranquille ». Voilà, ça c'est fait !

Plus loin, c'est une vision politique assez traditionnelle qui s'exprime : retour à la préservation d'un espace minimum naturel pour tout homme ; promotion du modèle traditionnel de la ferme familiale ; glorification des grandes figures US :

« L'Ouest américain ne nous a, jusqu'à présent, pas donné assez d'hommes à la hauteur de nos montagnes. Pas depuis la mort de Crazy Horse, Sitting Bull, Dull Knife, Red Cloud, Chef Joseph, Little Wolf, Red Shirt, Gall, Geronimo, Cochise, Tenaya ».

Une vision qui devient plus discutable quand il oppose les progrès de la médecine face aux bienfaits de la nature ou fustige les avancées scientifiques : « Ce qui s'appelle la science de nos jours nous apporte de plus en plus d'informations, une indigeste débauche d'informations, et de moins en moins de compréhension ».

Au fil des textes, Abbey témoigne enfin de la félicité de sa vie simple : joie de planter un arbre, de naviguer avec sa fille, effroi de la rencontre avec le grizzly (Ursus horribilis) ou plaisir des heures passées à veiller un éventuel début d'incendie dans les forêts alentours.

Une lecture apaisante, qui se termine sur ce conseil de bon sens : « Lis la rivière comme tu lirais un livre. Et si tu persistes à rester dans le doute… ? Saute du bateau. Reste chez toi. Lis un livre » !
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