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Critique de loreleirocks


Comment mieux commencer une petite pause universitaire après un concours décroché de la réalité que par la lecture des aventures rocambolesques de quatre activistes-environnementalistes radicaux dans l'Utah, le long du Colorado.

Prolongement fictif de Desert Solitaire, du même auteur, et pas si fictif semble-t-il, puisque de nombreux actes vandales (ou apparemment Abbey dirait lui-même plutôt "anti-vandales") ont été testés de première main par l'auteur lui-même. Arrachage de panneaux publicitaires dans le désert, ajout d'un peu de sucre dans les réservoirs de bulldozers et autres monstres jurassiques du développement industriel (je dis pas que j'aimerais pas tester...), relooking de Smokey the Bear sur les panneaux de parcs nationaux... il parlait déjà de faire quelque chose pour "aider" le barrage de Glen Canyon qui ne faisait qu'amasser des alluvions, remplissant plutôt rapidement Lake Powell d'eaux stagnantes et stériles, sans autre utilité que fournir de l'électricité aux villes géantes implantées dans le désert (Vegas et Phoenix entre autre).
On retrouve bien le barrage de Glen Canyon comme objectif ultime de nos bras-cassés... à travers les prières hilarantes de Seldom Seen Smith le mormon. On le retrouve en fait tout le long comme représentation de développement inutile pour la grande majorité de l'humain mais surtout pour la nature, vu l'impact de sa construction et de sa présence.
Je vais arrêter avec le râlage.

Donc Seldom Seen Smith le mormon, ayant installé ses 3 femmes à distance gérable (24h de la suivante) s'occupe de diverses randonnées, descentes en raft de ce qu'il reste du Colorado, etc. C'est par ce biais qu'il embauche un ours, George Hayduke (je vois mieux la ressemblance avec Doug Peacock comme décrit par Rick Bass dans The Lost Grizzlies! Hahaha! Beaucoup mieux!), ex-personnel médical au Vietnam qui s'exprime par grognements ou jurons, réclame des "chemicals!" au p'tit déj' et deviens la référence pour le plasticage de diverses constructions. Et en avant la descente, avec pour passagers, un médecin veuf d'origine arménienne qui part des délires contrant le développement irraisonné de l'ère actuelle de l'anthropocentrisme et en fait des grands noeuds de savoirs classiques. Et le Doc est accompagné par le petit élément féminin nécessaire et perturbateur. Bon, Bonnie Abbzug n'est pas exactement la manière dont les femmes aiment voir les femmes représentées. M'enfin, le fou rire! Sous-valorisée, indisciplinée, râleuse et bien perchée, elle ajoute aux obsessions des trois autres en en rajoutant une belle couche.

Bref, des personnages cocasses, du sport grande nature, un peu d'histoire de la région, des courses poursuites avec un mormon mégalo, courses poursuites dans le désert, les canyons... aide au suicide de bulldozers, sacrifice de trains automatiques de transport de charbon, recettes d'explosifs maison... Et toujours, dans un paysage merveilleux, dans lequel transparaît l'amour d'Abbey pour celui-ci, au milieu ded délires hilarants de Hayduke lui-même imaginant les délires fantasques du fan de grosses machines industrielles de destruction massive de paysages.

Je vois bien mieux pourquoi on peut, d'une certaine manière, considérer Abbey comme héritier de Thoreau en terme de "civil desobedience"... Aaaah, que de choses à lire et à relire. C'est sans fin... Et tant mieux!

Un gros coup de coeur, que je relirai sans aucun doute, au plus bas moralement dans un milieu urbain étouffant, histoire de rendre un peu de mordant à ma vision du monde en dehors de mon jardin sauvage.
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