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Critique de Analire


Adieu Gloria est un roman noir, qui a été écrit à partir d'extraits de faits divers qui se sont déroulés dans l'Amérique des années 1950. Nous faisons la connaissance d'une jeune comptable – anonyme dans le récit -, approchée par Gloria Denton, une femme fatale, admirée, qui évolue dans un milieu trouble. Cette dernière voit en notre narratrice un potentiel pour l'épauler dans son business, c'est pourquoi elle décide de l'attirer, de la charmer et d'en faire sa pouliche.

Nous sommes immergés au coeur d'un milieu sombre, violent, au sein même du monde de la nuit, dans des cercles de jeux, où les escroqueries et le blanchiment d'argent sont légions, où l'alcool et l'argent circulent en masse. Nous naviguons entre des propriétaires de bars louches, des parieurs butés, des malfrats effrayants, autant de personnages qui rappellent sans conteste les films noirs des années 1950. Parmi cette galerie de portraits se dresse Gloria et sa pouliche, deux femmes aguicheuses, aux visages innocents, qui profitent de leurs atouts pour séduire et en retirer du bénéfice. Un roman quelque peu féministe, où les rôles sont inversés : ce sont les femmes qui tiennent le premier rôle, ce sont elles qui manipulent, trichent, qui détiennent le pouvoir.

Gloria est une femme particulièrement mystérieuse, qui ne laisse absolument rien filtrer de ses émotions. Elle est tout en contrôle, en retenu, nous laissant apercevoir seulement le visage lisse d'une femme forte, puissante, sûre d'elle, qu'il est bien compliqué de duper. J'ai beaucoup aimé son personnage charismatique, qui vient contrebalancer tous les stéréotypes de la femme faible. En parallèle se trouve notre narratrice, jeune pouliche esseulée, facilement manipulable, qui fait ses premiers pas dans ce monde sans pitié. Elle est tout le contraire de sa parraine : dotée d'un coeur fragile qu'elle expose allègrement à nos yeux, elle s'éprend de Vic, un parieur malchanceux aux jeux, mais doué de belles paroles. Elle ne le sait pas encore, mais cet homme la mènera à sa perte.

J'ai été assez étonnée de cette lecture, que j'ai plus appréciée que ce que je pensais initialement. Megan Abbott incorpore à son récit noir une certaine tension, qui persiste durant l'ensemble de l'histoire et qui croît inexorablement au fur et à mesure de notre lecture. On y perçoit également une dose de sensualité, rythmée par des scènes d'actions, parfois très violentes, qui donne à l'ensemble un contraste surprenant mais qui fonctionne.

Un roman noir délectable qui nous transporte dans les milieux malfamés de l'Amérique des années 1950, aux côtés de deux femmes fatales, au machiavélisme sans bornes. Une histoire concise, mais intéressante, sur les rapports de domination, l'ascension sociale, l'argent roi et la manipulation.
Lien : https://analire.wordpress.co..
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