Mes mots arabes étaient de plus en plus catastrophiques. L’arabe était la langue de la violence du monde dans lequel nous vivions. C’était la langue des miliciens. Celle des barbares armés, celle de la radio. L’arabe était la langue des mauvaises nouvelles. Celle de ce qu’on a envie d’oublier. Les mots en français étaient devenus un refuge
Un piano oriental... cette étrange juxtaposition de deux visions du monde que rien ne semble pouvoir lier, sa musique double, le son léger du déhanchement inattendu d'une note au milieu d'une phrase. Je les porte en moi.
Être un piano oriental, c'est ouvrir une fenêtre à Paris et s'attendre à voir la mer.
En résumé, ce piano, chers messieurs... est un piano bilingue !
Je tricote depuis l'enfance une langue faite de deux fils fragiles et précieux.
Je me suis rendu compte que le français et l'arabe sont intimement liés en moi. Inextricables, le français et l'arabe sont ma langue.
L'arabe était la langue de la violence du monde dans lequel nous vivions.
C'était la langue des miliciens, celle des barrages armés, celle de la radio.
L'arabe était la langue des mauvaises nouvelles. Celles de ce qu'on a envie d'oublier.
Les mots en français étaient devenus un refuge.
Mieux vaut mourir debout que vivre genoux
Il aurait voulu plonger dans ses livres
être traversé par leurs lettres
et nager dans un océan sans ponctuation
S'il existait un métronome pour le cœur des hommes, il aurait indiqué qu'Abdallah était tout allegro, avec de soudaines pointes presto...
Qui suis- je?
C est une question que les autres posent.
Moi, je suis ma langue.
(Mahmoud Darwich)