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Aussi touchant que passionnant, le bleu entre le ciel et la mer nous fait plonger dans le quotidien d'un camp de réfugiés palestiniens à Gaza, tout en suivant l'épopée dramatique d'une famille dispersée et accablée par un destin féroce.
L'histoire commence avant la création de l'Etat d'Israël, dans une Palestine heureuse et peuplée de djinns : j'ai beaucoup aimé ce coté magique et oriental de la narration de Susan Abulhawa, tout en contraste avec les tragédies successives qui frappent la famille d'Oum Mamdouh.
Sont évoqués la guerre israélo-palestinienne, bien sûr, l'exil de la diaspora palestinienne, la souffrance due au déracinement et à la solitude, la séparation,l'abandon et la maltraitance, mais aussi la vie au quotidien dans un camp de réfugiés, les croyances ancestrales et magiques, la chaleur des liens familiaux et la solidarité féminine, car cette histoire est avant tout une histoire de femmes : des femmes fortes et courageuses qui défient avec humour la guerre et les hommes pour arriver à survivre malgré tout, des femmes pour qui le mot résilience est un combat quotidien.
Après Les matins de Jénine qui abordait le conflit palestinien sous un jour nouveau, voici un magnifique roman bouleversant et captivant.
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Le bleu entre le ciel et la mer pourrait être un livre de plus sur la Palestine, un livre de plus sur les luttes qui agitent les palestiniens et les Israéliens pour la survie de deux peuples. En réalité le livre de Suzan Abulhawa est singulier. Ce livre est une histoire de femmes, de femmes palestiniennes qui ont tout perdu en 1948, et qui cherchent à se reconstruire dans ces camps de réfugiés.

Chacune des femmes présentes dans cette saga raconte un parcours personnel, leurs combats forment le décor douloureux et incontournable de leur destin.

Glaçant, le début du livre revient sur l'attaque israélienne du village de Beit Daras mis à feu et à sang. C'est le début de l'exode pour rejoindre Gaza et tenter de reconstruire une famille dans l'exil. C'est Nazmiyé la fille aînée qui s'occupera de la mère vieillissante, et qui deviendra le pilier de la famille.  "Il n'y a que ma femme qui soit plus belle que l'océan.p 92 "

Émouvante est la jeune Mariam, la soeur aux magnifiques yeux vairons qui passe ses journées à écrire en compagnie d'un ami imaginaire. La mémoire de Mariam hantera la vie de la famille après sa disparition dans des circonstances dramatiques.

Poignante sera la vie de Nour la petite-fille de Mamdouh, son Jddo, Mamdouh s'est installé aux États-Unis, il va connaître la fortune, mais Nour, elle, connaitra tous les aléas de l'exil, toutes les épreuves qu'une jeune fille peut rencontrer quand on est livré à elle-même dans un environnement hostile. C'est la mort de son grand-père qui va lui donner Nzinga, une femme qui aura l'audace de l'enlever aux griffes de son beau père.

Accablante est devenue la vie de Mazen le fils révolté." Mazen avait bondi pour protéger son père, se dressant au-dessus de la mêlée, et quand un des sionistes infiltrés pointa une arme contre sa tête, Mazen se raidit avec une détermination sans faille," Mazen révéla un courage qu'il avait toujours espéré posséder au fond fond de son coeur.

Vos balles n'atteindront jamais mon humanité. P 95

Farouche apparaît la détermination de toute la famille pour reconstruire. "Nous nous mîmes à tirer profit des vestiges du jour, à édifier des maisons à partir des décombres, à nous baigner là où les poissons nageaient, à créer de l'amour à partir de rien, a chargé nos lance-pierres et à fouiller dans les ordures pour récupérer de quoi faire des cocktails Molotov".p 159

Euphoriques seront les habitants de Gaza quand Mazen fut enfin libéré, le soldat israélien capturé allait être échangé contre un millier de prisonniers politiques palestiniens.

Heureuse Nour qui n'était pas fâchée cette fois d'avoir un gros ventre. Elle vit une rivière et le petit garçon de ses rêves apparu, pour la leçon d'arabe, Khaled s'écria-t-elle ! C'était toi durant tout ce temps ? Et Nour se réveilla au son de l'appel à la prière.

"Livrés à cette solitude, nous nous rendions compte à quel point nous étions minuscules à quel point notre terre était petite et vulnérable. Mais, du fond de notre dignité outragée, nous entendîmes tel un murmure les paroles prononcées jadis par une vieille femme : cette terre un jour se relèvera." p399

Chaque matin, ma téta Nazmiyé accrochait le ciel, semblable à un drap bleu, p65, cette incantation poétique me semble plus en harmonie avec le message de Suzan Abulhawa, plus authentique que le « par la volonté d'Allah le miséricordieux nous surmonterons tout ceci ». p 205

Suzan Abulhawa a choisi de nous envoûter par la qualité de ses images par la force de ces femmes dont elle raconte l'histoire. Des femmes qui sans cesse construisent et reconstruisent sans se soucier de gagner ici car elles savent au fond d'elle-même qu'elles gagneront demain. Gagner pour une femme palestinienne c'est rassembler une famille, une grande famille autour de la grand-mère et du grand-père autour de téta Nazmiyé et mon grand-khalo de Mamdouh, leur Jddo, quand les fils et les filles sont enfin de retour.

Un très beau livre d'une énergie désarmante.
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Mais quel roman !!! J'ai tout simplement adoré ma lecture !! Une grande fresque familial dans un contexte pas évident du tout. Un roman qui se déroule dans un camp de réfugiés à Gaza où l'on suit le quotidien d'une famille, mais pas que... l'autrice nous parle également de croyances, de magie, de résilience, de fraternité, de solidarité. Elle nous raconte également la puissance des liens qui se tissent entre les membres d'une famille, unie envers et contre tout, des liens aussi, entre les femmes... Un beau roman sur la solidarité féminine. Des femmes palestiniennes dont on découvre toutes les histoires à travers ces pages merveilleusement écrites... Une très bonne et belle lecture, malgré le décor rude...
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La Palestine, c'est pour moi un conflit compliqué, des informations entre guerres, attentats, morts et quelques éléments d'histoire. Gaza, une petite bande de terre et des réfugiés, réfugiés depuis si longtemps qu'on pourrait finir par oublier qu'il y eut un avant où ils vivaient ailleurs. Ce livre a donné chair et âme à ce que je voyais que de loin.

Il est surtout question de femmes dans ce roman, ce sont elles qui, non seulement donne la vie, mais font vivre. le personnage principal, Nazmiyeh est une femme hors du commun. J'aimerais la connaître en chair et en os, une force, un appétit de vivre, une raison déraisonnable, une grande bouche et un grand coeur qui nous entraîne dans son sillage et nous dit la douleur et les souffrances de son peuple. Chef du clan familial, elle est le pilier de tous, envers et contre tout, vers lequel les autres se tournent quand ils en viennent à douter de la vie.Un roman, teinté de conte et de magie, où vivants et morts nous entrainent dans une sarabande colorée et joyeuse quand bien même la réalité est sinistre. Les atrocités de la guerre sont là et bien là, du viol au meurtre en passant par l'humiliation, mais rien de pleurnichard, cela tient sans doute à la grande dignité des femmes de ce roman.

Un très beau roman, où la vie l'emporte sur les larmes, qui m'a profondément émue et m'amène à vouloir en connaître plus sur cette guerre toujours actuelle
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Si vous recherchez un roman puissant sur les liens familiaux et la résilience face au pire, le Bleu entre le ciel et la mer est fait pour vous! Je n'avais lu que d'excellentes critiques à son sujet chez mes copines blogueuses, alors du coup, la barre était un peu haute. Pourtant, je ne peux que rejoindre l'unanimité.

Première surprise, un arbre généalogique est présenté au début du livre; j'ai vite compris pourquoi! Tout au long de la lecture, nous croisons une foule de personnages et il est parfois nécessaire de se reporter à l'arbre. le charme de ce roman a opéré sur moi dès les premières pages, dans lesquelles nous découvrons un peuple palestinien encore libre. La famille Baraka vit à Beit Daras, un petit village entouré d'oliveraies.

Puis les attaques israéliennes surviennent et les Baraka voit leur vie changer, contraints à l'exil. Direction Gaza pour les uns, le Koweït puis les Etats-Unis pour les autres. Mais loin de sombrer dans le pathos, la plume enchanteresse de Susan Abulhawa nous entraîne dans une formidable histoire de famille et de femmes.

Il y a la vie à Gaza, où l'unique Nazmiyé distille optimisme et humour, donne naissance à 12 enfants et n'a pas sa langue dans sa poche. C'est un personnage d'une force rare, que j'ai beaucoup, beaucoup aimé et admiré. Alors que les deuils et les frappes Israéliennes pourrait réduire les Baraka à néant, toujours les femmes se relèvent et vivent.

Au Etats-Unis, nous suivons Nour, qui n'aura finalement pas une vie paisible elle non plus. le bonheur ne se trouve pas forcément dans un monde "tout confort", où les blessures morales peuvent se révéler dévastatrices. Je n'en dis pas davantage, afin de vous laisser découvrir l'histoire de Nour.

C'est un roman qui nous plonge dans la culture orientale, ses coutumes, ses superstitions. On frôle parfois le conte onirique à travers les personnages de Mariam et Khaled, ou encore de Souleyman. le style fluide et pourtant plein de poésie de la romancière a su m'emporter à travers son histoire. J'ai bien sûr découvert les horreurs subies par le peuple palestinien (comment cela est-il encore possible de nos jours?),j'ai appris que tout cela avait même été planifié jusque dans les rations de nourritures destinées à priver sans les faire mourir de faim. Nazmiyé et les siens nous prouvent que le désir de vivre reste plus fort que tout et qu'un rien suffit pourtant à faire des joies, même si la vie dans des camps de réfugiés est souvent difficile. On ne se rend pas compte à quel point ces gens sont privés de toutet vivent en permanence sous la menace des bombes, juste parce que des autorités ont décidé qu'il en serait ainsi.

Outre le conflit israelo-palestinien, il y a ici le destin d'une famille, que l'on se surprend à suivre comme une vraie saga, avec ses rebondissements, ses petits bonheurs et ses peine. Une histoire de femmes fortes qui se transmettent sagesse, espoir, amour et résilience, malgré les terribles épreuves traversées depuis des décennies. On ne peut que se sentir à la fois bouleversé et happé par l'intrigue.

L'alternance de point de vue narratif et les passages "oniriques" peuvent perturber le lecteur, pour ma part je trouve qu'ils apportent une richesse au roman et une touche de magie. On s'attache tellement aux personnages que ces passages font du bien et ils allègent même un peu le récit, souvent criant de réalisme. A la fin du livre, j'avais presque oublié qu'il s'agissait d'un roman et je me suis demandé ce que devenaient Nazmiyé, Nour et les autres. C'est un roman que je recommande forcément à tous, même s'il n'est pas forcément facile à lire, en raison de la gravité du sujet. Mais ce serait dommage de passer à côté.
Lien : http://www.placedeslivres.ca..
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Un magnifique roman sur Gaza et l'histoire d'une famille palestinienne... derrière la romance du livre se cache un vécu fort et émouvant. Ce livre c'est à la fois la certitude et l'incertitude, la peur et la joie, l'amour et la mort, le possible et l'impossible... superbement écrit, avec à chaque début de chapitre le vécu (la pensée) de Kahled, celui du passé, du présent et du futur. Tout se mêle dans ce roman avec une harmonie parfaite : la souffrance, la force et le courage de Nour, l'insouciance et la peur de Ratchel au milieu de ces combats qui ne sont pas les siens... Bref j'ai adoré... j'ai été passionnée, j'ai ri, j'ai pleuré, j'ai été émue... Un véritable coup de coeur !
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« J'ai beaucoup écrit sur ma déception de découvrir - de première main, en quelque sorte - le degré de cruauté dont nous sommes encore capables… Je découvre également la très grande force et l'aptitude fondamentale qu'ont certains humains à vouloir rester humains dans les situations les plus désastreuses… Je crois que le mot qui convient est dignité. »
Rachel Corrie Lettre de Gaza. A sa mère.

Je ne suis pas une spécialiste du conflit israélo-palestinien, loin de là, et ne me permettrais en aucun cas de prendre position pour les uns ou pour les autres.
Seulement, en lisant le livre de Susan Abulhawa, je n'ai pu m'empêcher de me demander si un jour les hommes seraient capables de vivre en paix dans un monde sans violence.
Les enfants cesseront-ils d'être assassinés, les femmes violées, les hommes meurtris ?
Quand saurons-nous enfin vivre ensemble dans un esprit de communauté ? Différents ET ensemble, autres ET ensemble ? Vivrons-nous, un jour, dans le respect mutuel et la tolérance ?
Quand sera ce jour ?

Khaled est le petit-fils de Nazmiyé (oh… quand vous connaîtrez le personnage de Nazmiyé, croyez-moi, vous ne l'oublierez jamais !), il vit à Gaza et ne rêve que d'une chose… les oeufs Kinder au chocolat dans leur mince feuille aluminium colorée avec, en leur coeur, un petit jouet surprise. Il en rêve parce qu'il n'y en a plus depuis longtemps à Gaza où tout est gris, terne, malgré le bleu du ciel et de la mer.
Des tunnels ont été creusés pour ramener clandestinement de quoi survivre : nourriture, médicaments, piles, matériaux de construction mais pas d'oeufs Kinder…
Nazmiyé vient de Beit Daras. Au village, sa mère était surnommée La Folle car elle parlait avec un djinn appelé Souleyman, élevait seule ses trois enfants. Tout le monde en avait un peu peur et on lui offrait des légumes, des fruits et de l'huile d'olive pour se prémunir de ses sorts. le frère de Nazmiyé s'appelle Mamdouth : il s'occupe des ruches du village et espère surtout entrevoir la belle Yasmine, la fille cadette de son maître apiculteur.
Enfin, il y a Mariam, la petite soeur aux yeux vairons qui « voit la lumière des gens », le monde intérieur des individus, sous forme de halo coloré. Au bord de la rivière, elle parle à son ami imaginaire et trace des lettres pour apprendre à écrire.
La Nakba, « la catastrophe », arrive en mai 1948 : les « Forces de défense d'Israël » pénètrent dans le village après l'avoir copieusement bombardé, tuant, violant, brûlant tout ce qui se trouve sur leur passage et lançant sur les routes vers Gaza « une vaste procession de désespoir humain ». Scènes insoutenables.
Hagards, dépossédés, ayant perdu bon nombre des leurs, les réfugiés attendirent des semaines et des semaines des tentes où s'abriter, des carnets de rationnement délivrés par les Nations Unies. Heureusement, la vie reprit son cours : les femmes firent la lessive, roulèrent des feuilles de vigne, les maris tendirent des cordes à linge, construisirent des cuisines collectives.
Et des bébés virent le jour dans ces camps, les rires des enfants résonnèrent enfin de nouveau et les ragots reprirent comme avant. Les odeurs de cuisine flottèrent dans l'air : oignon, romarin, cardamome, coriandre, cumin, cannelle…
La vie avait repris, Nazmiyé attendait son cinquième enfant…
Le bleu entre le ciel et la mer est l'histoire d'une famille sur quatre générations (un arbre généalogique figure au début du livre) de 1945 à nos jours. On suit le destin de chacun d'eux, le combat des femmes surtout pour survivre, protéger, aimer celles et ceux qui les entourent et ce, malgré la maladie, la mort, les emprisonnements, les trahisons, allant toujours de l'avant, avec la même volonté de fer.
Je pense à Nazmiyé, un personnage extraordinaire, une femme courageuse qui dit ce qu'elle a à dire, usant de la parole comme d'une arme de défense, refusant le désespoir, toujours prête à chanter, danser, organiser des fêtes pour que la vie continue. Oh, ces scènes sublimes à la fin du livre où, diminuée par l'âge, par ses multiples grossesses et les terribles souffrances qu'elle a endurées, elle rit avec sa vieille amie, à la lueur des bougies, elle rit en regardant la mer, fumant, jurant, crachant et riant inlassablement, pliée en deux.
Un rire qui balaie tout, comme une vague de liberté, et qui crie aux hommes que la vie est là, n'en déplaise à leur bêtise, à leur étroitesse d'esprit, à leur cruauté insondable.
Magnifique portrait de femme qui a encore la volonté d'espérer que, malgré les barrières électrifiées, les navires de guerre, les snipers et les armées suréquipées, ce monde est encore fait pour que les hommes soient heureux et vivent en paix.

Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Susan Abulhawa nous conte ici l'histoire d'une grande famille palestinienne contrainte de fuir son village d'origine pour rejoindre le camp de réfugiés de Gaza en 1947. le roman débute lorsque Nazmiyeh n'est qu'une jeune fille et il se terminera lorsqu'elle sera une vieille dame. Bien qu'elle ne soit pas le personnage central, elle est le pilier de la famille, celle que tout le monde adore et qui est la figure d'autorité. Tout au long du roman, les hommes restent en retrait : ce sont les femmes qui sont les héroïnes de cette histoire.

Je n'avais jamais lu de livres sur le conflit israélo-plalestinien et, même si je l'ai étudié longtemps en cours, rien ne vaut un livre comme celui-ci pour en comprendre les enjeux principaux. On se place du côté palestinien et, à travers ces quelques 400 pages, l'auteur nous fait vivre l'horreur de la situation comme si nous y étions. Malgré les nombreuses scènes d'atrocités qui montrent la réalité des palestiniens, on découvre aussi toute une culture, remplie de traditions. C'est un livre qui fait voyager, pour le pire comme pour le meilleur. Tant de sentiments habitent ces personnages : l'incompréhension face à la violence des Israéliens, la douleur de perdre des amis dans cette guerre, et la peur, évidemment, lorsque les bombes pleuvent sur la ville. Mais, à côté, on vit aussi les petits bonheurs quotidiens et la véritable force de ces personnages, c'est l'amour qui les lie. Ils sont toujours là les uns pour les autres, comme le veut la tradition.

La famille de Nazmiyeh étant très nombreuse, on rencontre tout une panoplie de personnages, ce qui m'a un peu perdue au début. Il est difficile de s'y retrouver, malgré l'arbre généalogique présenté. Heureusement, plus on avance, plus on se rend compte que ce ne sont finalement que deux ou trois personnages qui sont réellement récurrents, les autres n'apparaissent que par-ci par-là. L'un de ces personnages principaux, c'est Nour, née en Palestine mais ayant émigré aux Etats-Unis. On la suit dès son plus jeune âge et on la voit grandir jusqu'à devenir une jeune femme. Son arrivée à Gaza va bouleverser la famille de Nazmiyeh. J'ai trouvé très intéressant d'avoir ce personnage américain intégré aux palestiniens, cela permet de mettre en contraste ces deux cultures différentes.

En conclusion : Une très belle histoire de famille avec pour fond le conflit israélo-palestinien. Un livre que j'ai trouvé touchant et très beau.
Lien : http://livresquement.blogspo..
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Jusqu'en 1947, la famille Baraka vivait paisiblement en Palestine. Oum Mandouh, étrange femme frappée de crises de démence a eu trois enfants Atiyé et Mandouh, les garçons et Miriam, la fille. Leurs vies semblent toute tracée mais la création d'Israël changea la donne à jamais. Bientôt , les Palestiniens se retrouvent dans la bande de Gaza et la vie s'organise comme elle peut. Nasmiyé épouse Atiyé et ils de nombreux enfants parmi lesquels, Mazen, héros de la lutte contre Israël. Longuement emprisonné, il réussit à retrouver les siens à la fin du livre, suite à un échange de prisonniers. Maryam, l'enfant solitaire aux yeux vairons, semble lire l'avenir. Elle meurt dans le conflit. Mandouh, lui, choisit l'exil et part en Amérique où il perdra son fils Mhammed et s'occupera brièvement de sa petite fille, Nour.

Le récit s'attache à faire le portrait de femmes fortes et intenses : Nasmiyé, la mère courageuse, Awan, l'une de ses filles, qui perd son fils Khaled et conserve Ratchel, sa fille unique et Nour, celle qui a retrouvé la Palestine après avoir reçu une éducation américaine. Et la petite Miriam, qui reste dans tous les esprits.

Ce roman est attachant à plus d'un titre. Tout d'abord, il nous introduit à Gaza et nous permet de nous attacher à plusieurs familles. C'est un roman du courage, de l'optimisme, de l'ardeur à vivre et de la solidarité. Je l'ai trouvé très bien écrit. Il dégage beaucoup d'émotions. Réalisme, religion et magie s'y mêlent avec habileté.
J'ai beaucoup aimé faire cette lecture singulière dans une période où la guerre fait de nouveau rage. Loin du discours des médias, ce roman frappe par sa tolérance et sa justesse.

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Ce roman fut une lecture éprouvante et magnifique à la fois, où il est question de familles, d'exil, de dépossession, de retrouvailles.

Véritable ode à la puissance féminine, ce roman célèbre aussi la force des liens du sang, en dépit de toutes les épreuves qui puissent exister. Car peu de choses sont épargnées à la famille Baraka dont nous suivons les membres au fil des pages.

L'histoire débute comme un conte mystique, dans cette famille vivant à Beit Daras, un village palestinien non loin de Gaza. On y découvre une mère victime de crises de démence en lien étroit avec un djinn puissant et une fratrie composée d'un frère, Mamdouh, d'une soeur ainée Nazmiyeh et de Mariam, petite fille aux yeux vairons détentrice d'un don : elle a un ami imaginaire du nom de Khaled et semble détenir une vérité qui échappe au reste du monde.

Puis vient la Nakba. La Catastrophe. Une catastrophe pour la Palestine, et une catastrophe pour beaucoup de familles comme la famille Baraka.
Les voici éprouvés, brisés, exilés, contraints de rejoindre l'actuelle bande de Gaza.

L'exil se poursuit lorsque le frère, Mamdouh part s'installer aux Etats-Unis. Des années plus tard, c'est sa petite-fille, Nour, qui retourne en Palestine occupée, tentant de gagner l'amour d'un homme.

Elle y retrouve la soeur de son grand-père, l'incroyable Nazmiyeh, le personnage coup de coeur de ce magnifique roman.

On va de bouleversements en bouleversements et on découvre dans une sorte d''effet miroir, l'histoire des corps et d'une terre confisqués, outragés et aliénés, l'histoire d'une terre et d'une enfance volées.

Chacune des femmes de ce roman renvoie à mon sens à l'une des caractéristiques du peuple palestinien que l'auteure, Susan Abulhawa a souhaité mettre en valeur.

Il y a d'abord Nazmiyeh. Mon Dieu, quel personnage ! La combative et sulfureuse Nazmiyeh m'a totalement subjugué. C'est sur elle que repose selon moi toute la charpente de ce magnifique roman. C'est une femme à l'aise avec sa féminité, à la langue acérée et qui porte en elle un amour et un attachement inconditionnel à sa terre, à sa communauté, à ses valeurs et principes, à ses enfants et à sa famille. Nazmiyeh n'est ni discrète, ni soumise. Elle porte en elle une dignité de fer même dans les moments les plus tragiques et humiliants. C'est une mère et une épouse dont l'amour s'exprime avec férocité. C'est la matriarche, c'est celle qui relie tous les personnages de par son amour infini et sa ténacité sans faille.

Il y a ensuite Alwan, enfant totem de sa mère, à la résilience discrète et deviendra elle-même mère d'un enfant supplicié. En retrait et pourtant, c'est elle qui porte sa mère, qui l'a aidé à survivre avant même d'exister.

Nour, celle qui souffre, se plie, se trompe, mais maintient le cap. Dans une forme d'analogie avec le peuple palestinien, Nour a été rejetée, dépossédée de son être, de son corps. Elle veut se retrouver, retrouver ses racines, de là dépend son salut et de là nait toute sa détermination.

Et Mariam, le point de départ et d'ancrage de cette histoire.

Les personnages masculins, tout aussi forts, combatifs et dignes gravitent autour de ces femmes. Mention spéciale pour Mazen, le personnage presque prophétique qui, s'il porte en lui le doute quant à son ascendance, devient par ironie du destin, l'arme qui terrorise l'ennemi.

Sensible à la cause du peuple palestinien, il m'était difficile de ne pas verser une larme en lisant l'histoire incroyable et tragique de cette famille. Des larmes d'émotion mais pas des larmes de pitié. Car ces personnages portent en eux une puissance admirable que je retrouve chez de nombreux palestiniens.

Un grand bravo à Susan Abulhawa, pour cette force et ces caractères si marquants, pour ce conte familial extrêmement émouvant.
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