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Critique de cecilestmartin


Tous les ingrédients qui font qu'on aime les romans d'Olivier...ou pas. Et moi j'aime.
Comme souvent, le personnage principal est un auteur, il est marié, père de famille et vit en Bretagne.
Mais rien ne va plus pour Paul Lerner, romancier qui a connu quelques succès d'estime mais dont les derniers livres ont eu peu d'écho. Outre la page blanche, sa femme Sarah semble s'éloigner de lui ; sa fille Manon ne lui pardonne pas leur déménagement et pour couronner le tout, une femme le suit sans qu'il sache pourquoi. Heureusement, son fils Clément, d'une dizaine d'années, semble avoir trouvé ses marques entre PlayStation et surf.
Paul et Sarah se sont perdus dans un quotidien dont le sens s'est progressivement estompé. Entre la Bretagne pluvieuse et un Paris où l'on s'enivre d'une vie culturelle intense, de repas entre amis, avec qui les relations sont finalement bien plates, le couple essaie de trouver une voie qui lui permette de sauver leur relation. Après l'étape parisienne, et le retour en Bretagne pour des raisons financières, Sarah s'investit auprès de jeunes migrants à qui elle enseigne le français – on retrouve là un des autres thèmes chers à Adam.
Paul fait semblant de travailler… Il balade sa déprime entre la paillote du coin, le journal où il fait des piges et les plages bretonnes, vidées de leurs touristes. Déprime chronique, qui s'enracine profondément dans l'enfance, qui le suit, l'éreinte - lui et son entourage. Comme un double, Olivier Adam profite de ce personnage pour pratiquer un peu d'auto-dérision, pointer ce qui lui est souvent reprocher en tant que romancier : se nourrir de son histoire familiale, faire de la dépression un état vaguement romantique, de son mal-être un truc de bobo qui n'a pas vraiment de souci :
« Pour le reste, le travail n'avait jamais été son fort et il avait toujours tout fait pour l'éviter, comprenant vite que l'écriture, quand ça tournait bien, avait l'avantage de vous octroyer des mois de temps libre en échange de cinq ou six passés devant l'ordinateur, et de vous éviter d'avoir à subir des horaires, des contraintes, de vous confronter à la moindre forme d'autorité et d'en détenir sur quiconque. Et pour ce qui était du stoïcisme et de la pudeur, le contenu de ses livres parlait pour lui. de longues plaintes où il n'épargnait rien au lecteur, même en les déguisant, de ses pensées les plus intimes, des épisodes les plus personnels de sa vie et de celle de ses proches. » Quelle lucidité 😊 !
Je suis souvent en empathie avec les personnages d'Adam mais je comprends les critiques qui lui sont faites. Toutefois, cet espèce de mal-être, de complaisance avec soi-même, d'auto-centration est tellement contemporain et si bien croqué que je trouve parfois injustes ces reproches. Oui, il a des thèmes de prédilection, qui reviennent, qu'il ressasse peut-être, comme une obsession, mais il n'est pas le seul et il en renouvelle le traitement plutôt avec talent, je trouve.
Bref, j'ai bien aimé Une partie de badminton !

Challenge ABC – 2020/2021
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