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EAN : 9782081382480
277 pages
Flammarion (21/08/2019)
3.33/5   513 notes
Résumé :
Après une parenthèse parisienne qui n’a pas tenu ses promesses, Paul Lerner, dont les derniers livres se sont peu vendus, revient piteusement en Bretagne où il accepte un poste de journaliste pour l’hebdomadaire local. Mais les ennuis ne tardent pas à le rattraper. Tandis que ce littoral qu’il croyait bien connaître se révèle moins paisible qu’il n’en a l’air, Paul voit sa vie conjugale et familiale brutalement mise à l’épreuve. Il était pourtant prévenu : un jour o... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (134) Voir plus Ajouter une critique
3,33

sur 513 notes
“Il avait quitté la côte bretonne pour les lumières de la capitale et les mirages du monde littéraire parisien.”......A son départ Paul Lerner était en haut de la vague, son dernier livre s'était vendu au-delà de ses espérances et de celles de son éditeur. Cinq ans plus tard le voici de retour, avec femme et enfants, dans des circonstances moins glorieuses, après l'échec de ses derniers romans.
Un retour difficile. Sa fille adolescente est malheureuse, sa femme qui se tape des heures de voitures pour aller bosser est déprimée par leur couple entré dans le moule. Seul son fils semble y rester indifférent. Quand à lui, en manque d'inspiration, il travaille pour le journal local. Après cinq années de parenthèse, il sent bien que quelque chose s'est abîmé. “Une faille. Une fissure. Entre Sarah et lui. Entre lui et Manon. Et en lui-même.......La vie s'acharnait à faire voler en éclats ses certitudes, ses fondations mêmes, celles qu'il croyait immuables, mais ça allait.”
Chez Adam la morosité, le mal-être est partie intégrante de son oeuvre et les détails autobiographiques souvent au coeur de ses livres. Ici, il ne déroge pas à la règle, dans un contexte social et politique guère réjouissant. En ajout à son mal-être intrinsèque, notre protagoniste est empêtré dans le désarroi de “l'auteur qui n'écrit plus” et de ses soucis de famille. Dans le décor envoûtant de la Bretagne, les dunes, la mer s'acharnant sur les rochers, l'horizon qui se déploie sans fin, une autopsie et autocritique d'une vie d'homme avec tout ce qu'elle a de plus humain, constellée de pépins de famille, de femmes mystérieuses, de regrets et non-regrets de la vie intellectuelle parisienne. S'y ajoute l'interrogation sur le rapport du talent de l'écrivain et de la qualité littéraire de son oeuvre à son succès commercial, une question de débat sans fond.
Bref le dernier opus d'Adam est un très beau livre sur la vie et ses revers qui nous dépassent, avec un ajout de suspens.
J'en suis une inconditionnelle, j'aime sa prose, j'aime ce qu'il raconte, j'aime ses livres tout court, même s'il semble qu'il écrit toujours la même chose !

“Exister quel sport de rue/ Sûr c'est pas du badminton/ Exister si j'avais su/ Aurais-je décliné la donne” ( Alain Chamfort )
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Si on dit Saint Malo, écrivain dépressif, histoire de famille, on pense inévitablement Olivier Adam. Fidèle au cadre où se situe la plupart de ses romans, il nous convie à nouveau au spectacle d'une famille dont l'harmonie semble menacée, par des choix stratégiques maladroits (quitter Paris), des coups de canifs dans le contrat de mariage, et des ados enclins à s‘éclipser sans prévenir.

Le scénario démarre lentement, donnant le temps au narrateur de bien développer le contexte qui conduit le personnage principal à tant de frustrations, pour finir sur une ambiance de thriller mouvementé.

Pas de surprise : même sans couverture et premières pages, on reconnait le décor et l'ambiance propres à l'auteur. C'est agréable à lire , avec tout de même une impression de déjà vu. Ni la construction du roman, ni les thèmes abordés (monde de l'édition, couple) ne viennent étonner le lecteur fidèle d'Olivier Adam. Si l'on aime, on ne sera pas déçu, avec le petit risque de se lasser cependant.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Après avoir passé plus d'une dizaine d'années en Bretagne, Paul Lerner s'est installé à Paris avec toute sa petite famille. Un changement radical mais nécessaire pour l'auteur qui semblait avoir fait le tour de cette région. Malheureusement, malgré cette ville-lumière, les projecteurs se sont peu à peu détournés de lui et de ses romans. le succès et les lecteurs ne sont plus au rendez-vous. Difficile alors de vivre au coeur de la capitale au temps des vaches maigres. C'est ainsi qu'après 5 ans, la famille est de nouveau de retour sur la côte d'Émeraude, à Saint-Lunaire. Un déménagement qui n'enchante guère Manon, la jeune lycéenne, qui tire la gueule à longueur de journée, qui indiffère Clément, âgé de 10 ans et qui pèse sur Sarah, son épouse, qui doit alors parcourir plus de 2 heures de voiture pour enseigner dans la banlieue rennaise. Paul, lui, n'écrit plus une ligne pour ses romans mais pour le journal local, 'L'Émeraude'. Il n'est pas vraiment heureux et ce ne sont pas les déconvenues et les mauvaises nouvelles qui vont embellir son quotidien déjà un brin morose...

Un succès littéraire en deçà de ses précédents romans, des revenus insuffisants pour pouvoir mener une vie parisienne... Paul Lerner, écrivain en mal d'inspiration depuis 3 romans, est obligé de retourner vivre en Bretagne. Mais, même ici, sur la côte d'Émeraude, la vie ne s'avérera pas aussi paisible que la famille l'espérait. Une lycéenne attristée et colérique, des piges pas des plus passionnantes, un métier d'enseignant un peu trop loin, un couple devenu bien trop routinier... C'est le vent des désillusions qui souffle sur la famille Lerner. Suivi bientôt par d'énormes vagues qui la secoueront. Paul Lerner, c'est en quelque sorte l'alter ego d'Olivier Adam puisque l'on reconnaîtra aisément, ici ou là, quelques éléments autobiographiques. Un personnage attachant malgré son côté bougon, son pessimisme et son détachement. L'auteur dépeint aussi bien les tourments qui secouent la famille qu'une actualité parfois lourde (attentats, migrants, protection du littoral, métier d'écrivain, violence domestique...). Un roman (un peu) moins sombre que ses précédents.
Une lecture ponctuée de passages nuageux et d'éclaircies...
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Cette partie de badminton aurait pu s'intituler La vie n'est pas un long fleuve tranquille : après quelques années à Paris, Paul, écrivain quadragénaire déserté par le succès, se résout à revenir en Bretagne Nord et à y accepter un poste de journaliste pour un hebdomadaire local. Les soucis et les difficultés de tout ordre s'accumulent bientôt, lui faisant perdre le contrôle d'une existence jusqu'alors suffisamment confortable pour en masquer les fêlures. Dans ces moments difficiles, artifices et faux-semblants se dissipent, les relations professionnelles, familiales et amicales apparaissent sous un nouveau jour, et Paul se retrouve bien seul face aux coups durs.


Avant que son récit ne s'emballe et ne prenne des allures de thriller, l'auteur prend tout son temps pour nous imprégner du mal-être de Paul, nous suggérant les lézardes personnelles cachées sous les apparences d'une vie jusqu'ici brillante et sans histoire, amplifiées par un désarroi croissant face à une société en mutation peinte en contrepoint. C'est véritablement une perte totale de repères, professionnels, familiaux, amicaux, qui vient déboussoler cet homme et le confronter à ses propres contradictions, dans un contexte sociétal morose où il peine de plus en plus à se retrouver.


Difficile de ne pas y voir quelques projections autobiographiques pleines d'autodérision, notamment quant aux interrogations soulevées sur le rapport entre le talent et le succès commercial, ou sur le microcosme intellectuel parisien. Mais nombreuses sont les questions évoquées dans ce livre, qui nous concernent et nous dépassent tous : préservation de l'environnement, migrants, emploi, perte de repères politiques, violences diverses...


Sans doute un peu exagérée pour les besoins de l'intrigue et de la dérision, comportant certes quelques longueurs et répétitions, cette chronique sociale ne manque ni de sel ni d'intérêt. Chacun sourira d'y retrouver un écho personnel, à propos de l'un ou de l'autre - espérons pas de tous - , des multiples ennuis de Paul.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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J'ai pris grand plaisir à lire ce dernier ouvrage d'Olivier Adam. Le regard ironique (parfois plaintif) sur la société, l'oeil acéré sur l'adolescence et les relations de couple, le suspense lié à certaines situations ( familiales et professionnelles), la description de la Bretagne m'ont beaucoup plu et m'ont paru très ancrés dans la réalité. J'avais un peu moins aimé ses deux derniers romans ; j'ai retrouvé ici avec bonheur l'auteur des "Lisières" et de "la renverse". Un très bon moment de lecture !
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critiques presse (3)
LeFigaro
12 septembre 2019
L’auteur des Vents contraires renoue avec son double littéraire. Un autoportrait tout en autodérision.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
10 septembre 2019
Avec « Une partie de badminton », on retrouve le rythme de la phrase et la lucidité d’Olivier Adam. Paul, alter ego de l’auteur, hypersensible et passablement misanthrope, est revenu s’installer à Saint-Malo. Il y navigue à vue, entre crises personnelles et sociales.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Culturebox
23 août 2019
Si l’on regrette des personnages parfois caricaturaux, l’histoire amène habilement plusieurs thèmes intéressants, donnant de la saveur au roman. En première ligne, l’opposition entre le microcosme intellectuel parisien et la France périphérique, la peur du déclassement social et les dangers des préjugés.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (126) Voir plus Ajouter une citation
— Oh… Qu’elle s’inquiète si ça l’amuse. Ça l’occupe. Tu sais, la vérité, c’est qu’elle s’emmerde dans la vie. Elle soupire dès qu’il se passe quelque chose mais en réalité elle n’espère que ça. Elle se plaint des ennuis que je lui crée. Mais elle fait partie des gens qui aiment ça. Se lamenter à cause du souci qu’on leur donne. Alors qu’ils en jouissent. Enfin quelque chose leur arrive. Enfin ils peuvent se plaindre d’un truc concret. Elle fait partie de ces gens, quand leur gosse se casse le bras, c’est pas lui qu’il faut plaindre, mais eux. Pareil pour moi. Le problème, c’est pas ma prétendue fragilité psychologique. C’est pas pour moi qu’il faut s’inquiéter. Non, c’est pour elle. Elle voudrait qu’on la plaigne d’avoir une sœur comme ça. Comme si c’était plus dur à vivre pour elle que pour moi. Mais c’est comme ça. Il y a des gens comme ça. Tu en connais sûrement.
Bien sûr qu’il en connaissait. Par pelletées. C’était même le cas de la majorité des gens. On pouvait observer ça dans tous les domaines et à tous les échelons. Pauvres gouvernements qui devaient dépenser un pognon de dingue pour s’occuper des plus vulnérables, des plus précaires, rognant des crédits qu’ils auraient tellement préféré réserver à l’enrichissement des premiers de cordée. Pauvres États prospères qui devaient accueillir des crève-la-faim, des gens fuyant la guerre, la misère ou la catastrophe climatique. Pauvres villes bourgeoises obligées d’abriter des ghettos pullulant de chômage et de délinquance et de s’occuper un minimum de leurs habitants qui ne rapportaient rien et coûtaient beaucoup. Pauvres établissements scolaires forcés d’abriter en leur sein des élèves défavorisés, récalcitrants, délaissés, largués, inadaptés, turbulents, malheureux. Pauvres parents affublés d’enfants fragiles, difficiles, remuants, apathiques, hyperactifs, angoissés, casse-cou, ingérables, maladifs, ingrats. Pauvres enfants accablés de parents vieillissants, diminués, séniles, isolés, mourants, chiants comme la pluie. Pauvres individus forcés de prendre soin des leurs. Que d’ennuis. Que de soucis. On ne pouvait jamais être tranquille, profiter bien égoïstement de son petit bonheur individuel, de sa petite maison de son petit jardin de sa petite auto, on ne pouvait pas produire et consommer, se planter devant son ordinateur et partir en vacances sans que quelqu’un vienne nous emmerder.
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Le sortant avait été réélu, opposé pourtant à une nouvelle recrue concourant pour le compte du parti macroniste. Paul avait souri en voyant son nom dans les journaux. C’était une commerçante du coin. Elle tenait une boutique de meubles et de décoration pour enfants. Les lits de Manon, de Clément, leurs commodes, leurs bibliothèques, leurs bureaux, tout venait de chez elle. Une femme dynamique, souriante, éminemment sympathique, qui semblait à mille lieues des vicissitudes et des coups tordus de la vie politicienne. Perdre était sans doute ce qu’on pouvait lui souhaiter de mieux. Qu’était-elle allée faire dans un merdier pareil ?
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Tous ces gens massés là n'étaient qu'une bande de petits-bourgeois égoïstes sous leurs grands airs d'éco-citoyens engagés de ses couilles (sic). Ça, pour conserver en l'état leur petit quartier de privilégiés, leur petit coin de bobos contemplatifs et de bourges à pantalons roses et bateaux amarrés au port, ils se posaient là. Mais les gens qu'on allait priver d'emploi, de salaire en empêchant la ville de se développer économiquement, ça ils s'en foutaient bien sûr. C'était typique des écolos du dimanche. Toujours à faire pleurer dans les chaumières sur le sort d'une plante sauvage ou d'un animal menacé, toujours à finasser sur les produits qu'ils avalaient, à emmerder le monde avec leurs taxes sur le diesel, mais dès qu'on parlait des gens qui crevaient la dalle, en chiaient pour seulement s'acquitter d'un plein, qui s'entassaient dans des cités insalubres ou dormaient sur le trottoir, là il n'y avait plus personne. Toujours à pleurnicher sur l'avenir de la planète mais insensibles au présent de leur prochain.
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On pouvait observer ça dans tous les domaines et à tous les échelons. Pauvres gouvernements qui devaient dépenser un pognon de dingue pour s’occuper des plus vulnérables, des plus précaires, rognant des crédits qu’ils auraient tellement préféré réserver à l’enrichissement des premiers de cordée. Pauvres États prospères qui devaient accueillir des crève-la-faim, des gens fuyant la guerre, la misère ou la catastrophe climatique. Pauvres villes bourgeoises obligées d’abriter des ghettos pullulant de chômage et de délinquance et de s’occuper un minimum de leurs habitants qui ne rapportaient rien et coûtaient beaucoup. Pauvres établissements scolaires forcés d’abriter en leur sein des élèves défavorisés, récalcitrants, délaissés, largués, inadaptés, turbulents, malheureux. Pauvres parents affublés d’enfants fragiles, difficiles, remuants, apathiques, hyperactifs, angoissés, casse-cou, ingérables, maladifs, ingrats. Pauvres enfants accablés de parents vieillissants, diminués, séniles, isolés, mourants, chiants comme la pluie. Pauvres individus forcés de prendre soin des leurs. Que d’ennuis. Que de soucis. On ne pouvait jamais être tranquille, profiter bien égoïstement de son petit bonheur individuel, de sa petite maison de son petit jardin de sa petite auto, on ne pouvait pas produire et consommer, se planter devant son ordinateur et partir en vacances sans que quelqu'un vienne nous emmerder.
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INCIPIT
En cale sèche
Son téléphone se mit à vibrer. Paul Lerner le laissa faire. Il avait depuis longtemps la réputation d’être injoignable. Avec les années, il s’était imaginé qu’on finirait par s’y habituer. Mais non. Tout le monde s’acharnait à le lui reprocher. Sarah, sa compagne. Manon et Clément, ses enfants. Sa mère. Ses amis – mais il lui en restait peu. Son éditeur à l’époque – une époque pas si lointaine en définitive, mais tout cela lui paraissait loin désormais, il y pensait comme à une autre vie, très ancienne, périmée. Et, ces temps-ci, Marion Gardel, rédactrice en chef de L’Émeraude, le journal local dont il rédigeait une bonne partie des articles.
— Ces engins sont pourvus d’une messagerie, lui répétait-il. Utilisez-la. Surtout si c’est pour me rappeler qu’on boucle demain et que j’ai du retard. Je le sais mieux que quiconque, figurez-vous, mais bordel, est-ce que je vous ai déjà plantée ? Oui ou non ? Non. Bon alors.
Paul n’y pouvait rien. Il détestait parler dans ce truc, y coller son oreille. Le sentir vibrer dans sa poche suffisait à lui serrer la gorge.
Il attendit en vain que l’appareil vibre de nouveau, indiquant que Marion Gardel lui avait laissé un message. Puis il se remit au travail. Dans son dos se mêlaient le bruissement des conversations et le vacarme du percolateur. Ils n’étaient pas nombreux, en dehors des week-ends, à s’installer en milieu d’après-midi aux tables calées dans le sable blanc de la paillote qui surplombait la grande plage. Le nouveau propriétaire, un type d’une quarantaine d’années au sourire inaltérable, semblait ne pas se résoudre à ce que la saison touristique ne dure qu’un mois, nichée entre le 14 juillet et le 15 août, et s’échinait depuis quatre ans à ouvrir son établissement dès les premiers jours d’avril pour ne le fermer qu’une fois les congés de la Toussaint consumés. En dehors des vacances, des ponts et de quelques week-ends ensoleillés, il se condamnait ainsi à demeurer seul sous la pluie, attendant qu’à la moindre éclaircie quelques locaux désœuvrés, une poignée de touristes égarés daignent lui commander un café ou un demi qu’ils consommaient à toute vitesse, sous peine de finir frigorifiés avant même d’en avoir bu la dernière goutte. Une telle abnégation frisait l’hérésie économique, personne ne comprenait comment il pouvait s’en sortir avec un si maigre chiffre d’affaires, mais cela faisait le bonheur de Paul. Il y avait établi son QG. C’était devenu une sorte d’extension de sa maison. Son jardin en quelque sorte (le petit carré d’herbe prolongeant la terrasse abritée dont bénéficiaient les Lerner, ainsi qu’on les appelait même si Paul et Sarah n’étaient pas mariés, quoique agréable, n’en méritait pas vraiment le nom). Il se sentait protégé face à ce paysage qui avait toujours eu le pouvoir (comment avait-il pu l’oublier, comment même avait-il cru pouvoir s’en passer ou vouloir autre chose, se demandait-il à présent) de dresser une muraille entre son cerveau et tout ce qui le rongeait. Dans l’ordre chronologique : la mort de son père et l’atmosphère de décomposition qui avait cerné leurs dernières années à Paris, l’insuccès de ses derniers livres et l’endurance dangereusement érodée de Sarah, son dos foutu et les deux années de douleur constante, de comprimés de codéine, de Lamaline et de capsules d’Acupan qu’il avalait comme des bonbons, les trois opérations des lombaires dans des cliniques hors de prix par de prétendus pontes de la chirurgie, l’interminable succession de convalescences, de rémissions et de rechutes, l’argent qui n’avait soudain plus suffi, même avec le salaire de Sarah, pour leur payer le luxe d’une vie parisienne, l’urgence qu’il y avait eu alors à dénicher un boulot pour assurer le quotidien, les démarches sans succès auprès des maisons d’édition (il ne suffisait pas, découvrait-il, d’avoir publié des romans dont certains avaient trouvé leurs lecteurs pour prétendre au titre d’éditeur ou de directeur de collection), du monde du cinéma (son étoile avait pâli depuis ses derniers succès en tant que scénariste) ou de la presse écrite (où sévissait une crise sans précédent), et pour finir leur retour ici, nimbé d’un tenace sentiment d’échec, à la faveur d’un emploi inespéré dans le canard local. Mais tout n’allait pas si mal. Certes, la réacclimatation de Manon s’avérait difficile : elle semblait ne pas se remettre d’avoir été arrachée à sa ville, son quartier, son lycée, ses amies. Quand bien même elle était née et avait passé ses onze premières années ici. Ses parents avaient gâché sa vie, affirmait-elle. Mais ils vivaient là de nouveau, à deux pas des plages et des falaises, à une quinzaine de kilomètres des lieux qu’ils avaient quittés cinq ans plus tôt, histoire de ne pas tout à fait accréditer la thèse d’un complet retour à la case départ. Clément, passé les premières angoisses liées à tout grand changement, s’en sortait plutôt bien, même si voir sa sœur se renfermer sur elle-même et ne plus lui porter qu’une attention négligeable, alors qu’ils avaient été si proches durant tant d’années, lui brisait le cœur.
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